Paul Ryckier a écrit:
Curieux documentaire...
1. La musique et le commentateur sinistres : j'ai l'impression que le commentateur ne comprend
RIEN à ce que racontent les personnes interrogées. Il confond le surendettement des Etats avec les fraudes financières et les montages financiers fantasques. Le pire est quand il semble regretter l'URSS, pourtant qualifiée de
"totalitarisme", comme moyen de pression et de rétorsion contre les dérives financières privées...
2. Je n'ai pas le niveau suffisant pour comprendre tout ce qui s'est dit mais il me semble avoir compris la même chose qu'avant, à savoir que les gens suffisamment intelligents pour placer leurs capitaux et leur production (30 glorieuses en France) dans des secteurs fiables prospèrent statistiquement plus que les autres et que quelques chanceux ou malhonnêtes jouent à la loterie avec les sous des autres, que les gains ou faillites retentissants sanctionnent les prises de risques élevés.
3. Malhonnêteté ou ignorance du documentaire qui omet de mentionner la banque centrale américaine comme cause première de la spéculation de 1929 : en produisant inconsidérément des dollars, elle permettait et alimentait les spéculations. Comme aujourd'hui.
4. Beaucoup plus intéressant, l'opposition entre capitalisme allemand et anglo-saxon. Les Anglo-Saxons (et leurs dupes françaises) ne sont pas dogmatiques et alternent libéralisme et interventionnisme en fonction de leurs intérêts nationaux ou personnels ; ce sont leurs interventions étatiques (rentes sociales, émissions bancaires...) qui nourrit les crises économiques. En somme, un vibrant hommage au libéralisme germanique, en désaccord total avec les commentaires "off".
Paul Ryckier a écrit:
que Angela Merkel avait raison quand elle pointe vers les hedgefunds (fonds de levier?) et tous ses produits dérivés et similaires, vers les paradis fiscaux, vers une gestion et controle plus rigoureuse des bancs...c'est ça qui peut entre autre soutenir une Europe financière...qui au bout du temps ne peut que être salutaire pour l'Union Européenne et le monde?
Un libéral culotté a dit que c'était l'argent qui échappait aux Etats qui avait sauvé la planète en 2008. Il devait entendre d'une part que si les Etats avaient accès à tous les capitaux privés cachés, ils les spolieraient pour mal les employer (rentes sociales indues, gaspillages administratifs, investissements imbéciles...) et, peut-être aussi, que c'était une chance, pour un système économique presque fermé comme celui de la planète, de trouver des prêteurs inattendus pour emprunter de quoi réamorcer son économie sans tomber dans les impasses du début du XXe siècle.
Paul Ryckier a écrit:
Mais on a le centre monetaire de Londres qui oppose ces mesures? Les Américains? Il nous faut un dirigisme mondial comme dans la Chine actuelle?
C'est mettre tous ses œufs dans un même panier, comme aux USA en 1929 ou la France depuis 1981.
Paul Ryckier a écrit:
Les fraudeurs, on les connait des exemples en Belgique aussi, devant le peleton d'exécution?
La réciprocité est la clé de voûte du libéralisme. Le libéralisme ne doit tolérer aucune attaque antilibérale, parmi lesquelles le vol, la fraude, le meurtre de libéraux, et en supprimer toute aspiration. La protection
absolue du commerce fonde la prospérité des libéraux, dans les souks protégés par la charia comme dans les premières foire de Champagne au début du second millénaire de notre ère.
Paul Ryckier a écrit:
Ou est-ce que ça aboutit comme dans le temps des dictatures (Fascisme, Communisme) à une élite, qui ne doit pas frauder parce qu'elle a toutes les privileges?
Ces dirigeants-là sont nécessairement corrompus par l'impunité conférée par leurs pouvoirs. C'est vrai pour Robespierre comme pour Pol Pot.
Il se pourrait que ce contrat social que sont les Droits de l'Homme ne puisse être garanti que par une répression terrible de ceux qui le transgressent et, ce faisant, s'en soustraient. Par exemple, un fraudeur délibéré des rentes sociales en serait privé. Un meurtrier illégal perdrait son droit à la vie, un voleur, son droit de propriété, etc., et chacun pourrait empiéter sur le droit perdu sans aucun recours pénal. Chacun pourrait capter les biens et propriétés d'un Toni Musulin sans qu'il puisse y redire et, s'il emploie la violence pour s'y soustraire, il perdrait son
habeas corpus, sa vie s'il tue, etc. (De toute manière, c'est une description presque exacte de sa situation actuelle, vu qu'il ne doit pas pouvoir se déplacer sans une cohorte d'escortes extrêmement malveillantes).
Seuls resteraient garantis les droits de ceux qui ne les transgressent pas et seul le viol des droits valides serait sanctionné et réprimé par l'Etat.
Il y aurait alors une société mêlant des sans-droits (suite à leurs transgressions) à des ayant-droits (qui ne les transgressent pas).
Ce serait une dictature du libéralisme et, considérant les prodigieux moyens dispensés par la performance économique, ses ennemis seraient broyés. (C'est d'ailleurs ce qui se passe et se répand depuis les premières révoltes des Flandres, si l'on considère que les démocraties libérales actuelles sont les héritières des marchands d'alors.)