Geopolis a écrit:
Caesar Scipio a écrit:
Le problème est que la base sociologique de Daech est trop large.
Asociaux de tous les pays, unissez-vous.
Caesar Scipio a écrit:
C'est inextricable, sauf à entreprendre des massacres à grande échelle qui sont contraires à nos valeurs.
Nous renierons des valeurs consistant à croire qu'on peut éviter d'être tué en évitant de tuer. C'était la réanimation d'une imposture morale catholico-protestante, remisée dans un pacifisme gauchisant, par une agit-prop soviétique visant à démobiliser moralement l'Occident et dont les effets s'estompent avec les générations nées en 1940-1960 : les "Charlie" ne tendront d'autres joues qu'en pure perte numérique et effective.
Je pense qu’il y a d’autres manières tout aussi efficaces et qui ne remettraient pas en cause nos propres valeurs, celles qui font que nous sommes légitimes et qui assurent l’unité et la cohésion de notre société.
A quoi bon éliminer l’ennemi si c’est pour devenir nous-mêmes le miroir de l’ennemi. Si on s’abaisse au même niveau d’abjection que cet ennemi-là, alors nous n’aurions plus pour motif de le combattre que notre altérité et leur altérité. C’est certes évidemment un des motifs de les combattre : nous sommes une nation, une civilisation, et nous nous défendons comme telle. Mais je pense qu’il faut aussi combattre l’ennemi en restant autant que possible fidèle à ce que nous sommes, tout ce que nous sommes. Cela aura l’avantage contre le risque de division au sein même de la communauté nationale.
Ces méthodes, c’est un ensemble gradué de moyens qui sert le même objectif sans renier nos valeurs. Isoler l’ennemi, le couper de ses sources de financement, frapper à la tête. Le problème, c’est clairement le sunnisme fondamentaliste. Il faut défaire, dans le sens de mettre à bas, l’internationale sunniste fondamentaliste/salafiste.
Cela implique, comme le dessinait Zbigniew Brzezinski, de faire en sorte que les zones pétrolières d’Arabie saoudite, peuplées de chiites, se séparent du royaume saoudien qui est le cœur du mal salafiste.
Geopolis a écrit:
Caesar Scipio a écrit:
On peut même s'interroger sur l'efficacité de telles méthodes. La Russie de Poutine n'y est pas allée "à l'occidentale" contre les tchétchènes. Et pourtant, le foyer islamo-terroriste tchétchène est toujours bien là.
Il s'agit d'un mouvement de libération nationale réprimé et qui ne demande qu'à renaître tant que la population tchétchène durera sous souveraineté étrangère.
Son adhésion au djihadisme sunnite international est aussi factice et opportuniste que ceux d'anciens indépendantismes au marxisme-léninisme. Souvenez-vous de l'OLP et de la Somalie, des Algériens et des Libyens... Hier pseudosocialistes, aujourd'hui pseudodjihadistes, selon la mode et les sources de financements.
Je serais plutôt d’accord avec vous sur le fait que les mouvements nationalistes peuvent recourir par opportunisme à une idéologie si cela peut servir leur cause.
Mais concernant le cas plus particulier de la religion musulmane, je ne suis pas d’accord avec vous. C’est une vision très occidentale et surtout très française que de voir la religion comme une opinion comme une autre. L’Islam ne se compare pas au marxisme, au libéralisme. L’Islam ne se compare même pas au Christianisme.
L’Islam est totalisant comme aucune autre idéologie ne l’a été. C’est le produit des circonstances historiques particulières de sa formation. L’Islam est à la fois une religion transcendante, une législation, un code de vie individuelle et collective, ainsi qu’un projet politique, culturel et moral. L’Islam est une identité, et il n’est pas dissoluble sauf à l’aposthasier.
C’est difficile à comprendre pour nous occidentaux de culture chrétienne, et d’autant plus difficile que nous sommes d’une culture chrétienne sécularisée. Mais la différence fondamentale entre le Christianisme et l’Islam, c’est que lors de sa formation le Christianisme a intégré et accepté le principe même de séparation du politique et du religieux. Quelque ambition qu’ils aient nourrie et professée, quelles que soient les falsifications auxquelles ils ont recouru, jamais les papes n’ont été de fait et de droit les chefs politiques de la Chrétienté.
Même dans l’empire romain puis byzantin du césaropapiste, c’était le politique qui avait le dessus et qui s’immisçait dans les affaires religieuses pour des raisons politiques. La notion de séparation n’était pas répudiée sur le plan des principes.
Dans l’Islam, c’est le prophète/réformateur religieux qui se fait chef politique. Et lui et ses successeurs fondent un Etat dont le projet principal est l’expansion de la foi nouvelle.
Et le problème est particulièrement aïgu dans ce qu’on appelle aujourd’hui le monde arabe où le rapport entre Islam et identité n’est pas le même que dans les autres ères culturelles du monde dit « musulman. »
L’Iran est un vieux pays de grande civilisation. Son identité est persane et préexistait à l’Islam, même si elle a été profondément modifiée par l’Islam.
On pourrait faire un constat similaire pour les pays majoritairement musulmans d’Asie du sud-est.
Le problème particulier du monde arabe, c’est qu’il n’y avait pas de conscience collective de l’arabisme avant l’Islam. C’est l’Islam qui fonde la conscience arabe et qui lui donne son unité. Et en même temps, c’est la conquête arabo-musulmane des 7ème/8ème siècles qui va organiser une diaspora et des mélanges de populations qui vont complètement destructurer les sociétés musulmanes. C’est, à mon avis, ce processus particulier-là qui fait que toutes les autres d’identité que l’Islam, dans ces pays arabo-musulmans, sont fragiles et que seul l’Islam est le seul facteur évident et incontestable de l’identité, quand bien même il y a en effet de fortes différences culturelles de l’un à l’autre de ces pays arabo-musulmans.
Ajoutez-y le fait qu’ils ont commencé par connaître l’empire et la splendeur, suivi de siècles de dépossession du pouvoir et de siècles d’un inexorable déclin par rapport à ce référent originel.
Geopolis a écrit:
Caesar Scipio a écrit:
La source de Daech, c'est la colère et le ressentiment de la minorité arabe sunnite d'Irak : celle qui tenait le pouvoir sous le régime de Saddam Hussein alors qu'elle représentait moins du quart de la population irakienne.
Non, Daech unit une armée apatride d'asociaux, à prétention sunnite extrémiste, non arabes ou à tout le moins non bédouins, de l'Algérie aux Philippines.
Il se trouve seulement que les tribus sunnites d'Irak ou de Syrie emploie parfois des djihadistes d'Al-Qaeda puis, depuis les années 2010, Daech.
Daech est loin de n’être qu’une armée apatride venue des 4 coins de la planète.
Le noyau de Daech, qui lui apporte ses compétences et sa structuration, ce sont des irakiens sunnites, souvent anciens cadres de l’armée de Saddam Hussein. C’est aussi une partie des tribus sunnites d’Irak qui sont les perdantes de la chute du régime baasiste d’Irak. Et depuis l’éclatement de la guerre civilo-religieuse en Syrie, ce sont aussi des sunnites syriens.
Le calife autoproclamé de Daech est un irakien sunnite. Le fait que des djihadistes proviennent en partie des 4 coins de la planète ne doit pas faire oublier que ces espèces de brigades internationales du djuhadisme ne sont qu’une minorité des effectifs de Daech. Le cœur de Daech, c’est bien les sunnites extrémistes d’Irak et de Syrie.
Caesar Scipio a écrit:
Sauf que cela, c'est le passé. Le virus a muté et s'est répandu à d'autres sources qui n'ont rien d'irakien. C'est un pôle d'attraction, de stimulation, d'un système en partie décentralisé.
Toute cette excitation était planifiée depuis des officines extrémistes sunnites de Syrie et d’Égypte, ça finit par se retourner contre leurs intérêts, avec leur répression civile, politique et militaire en Égypte et leur débâcle géopolitique en Syrie. Leur malveillance finira par écœurer de nombreux musulmans du sunnisme, et le libéralisme résultera en de nombreuses abjurations et conversions à d'autres fois rivales et concurrentes en Orient. Personne n’œuvre davantage que les extrémistes sunnites à déshonorer le sunnisme. Dans cent ans, nos petits-enfants en riront.[/quote]
J’en doute fortement. La parade est toute trouvée : « ce ne sont pas des vrais musulmans » comme on disait « ils ont trahi le vrai communisme ». C’est le fameux « Pas d’amalgame. Pas de stigmatisation. » de nos politiciens qui refusent de reconnaître que le djihadisme n’est rien d’autre que le Fondamentalisme musulman recourant à l’action violente pour réaliser le même projet.
On ne renonce pas aisément à son identité.