Caesar Scipio a écrit:
J'aimerais partager votre point de vue sur le caractère plus efficace du communisme mais je n'y parviens pas.
J'entends qu'il est plus séduisant (plus généreux) et plus compatible avec des accomplissements scientifiques et technologiques (il ne s'encombre pas de superstitions mystiques).
Caesar Scipio a écrit:
L'Islam radical me paraît puiser à des racines beaucoup plus profondes et mobiliser des ressorts beaucoup plus forts et habiles : la transcendance et la promesse d'une récompense dans l'au delà.
Si c'était évident, l'humanité serait toute musulmane. Il faut croire à une possible divinité, croire qu'elle est Jéhovah (et seulement lui), croire qu'elle a contacté Mahomet, que sa volonté et ses énoncés furent compris et transmis sans corruption... Les religions reposent sur tant d'hypothèses qu'elles ne parviennent jamais à faire d'unanimité.
Caesar Scipio a écrit:
C'est le phénomène générationnel qui est très inquiétant. Les femmes que l'on voit voilées en noir de la tête aux pieds dans les centres commerciaux ou dans les transports en commun ce sont des jeunes qui ont au maximum un début de trentaine, bref des personnes qui pour la plupart sont nées et ont grandi en France, dites de la 2ème ou de la 3ème génération. On a vraisemblablement là le résultat de cette valorisation dramatique des origines différentes qui pousse non pas à un apartheid mais à un véritable séparatisme volontaire et à un rejet de greffes qui avaient autrefois pris.
Comme les protestants, qui se vêtaient différemment des catholiques. Les protestants étaient en France, comparativement aux musulmans d'aujourd'hui, bien plus puissants : proportionnellement plus nombreux, unis et recrutant parmi les élites sociales et économiques.
Si les intégristes musulmans semblent en essor :
1. les musulmans en France sont proportionnellement moins nombreux que les protestants à leur zénith, et encore leurs effectifs ne sont-ils souvent estimés que sur des hypothèses bancales (patronymes ou prénoms), de nombreux supposés musulmans étant en fait déistes, convertis à d'autres fois ou même athées, en tout cas leur conviction religieuse tiédit en décalage avec celle des autres croyants ;
2. davantage représentés dans les couches socio-économiques les moins puissantes (et quand ils comptent parmi les couches sociales dominantes, ils réprouvent l'intégrisme), sinon les plus asociales, quelles que soient leurs généalogie ;
3. les musulmans de France sont divisés en chapelles ethniques et culturelles incompatibles, même si leur extrême droite parvient à surmonter ces préjugés, ce qui constitue un de ses rares crédits ;
4. la pérennité de la mode djihadiste n'est pas acquise, ses réalisations contribuant d'entre autres raisons à écœurer les musulmans, même intégristes.
Artigas a écrit:
Qu'est-ce que vous entendez par "neutralisation" politique et démographique de la minorité religieuse?
Je répète encore : l'Histoire enregistre trois issues à la coexistence de communautés rivales sur un territoire, extermination, exil, assimilation.
Artigas a écrit:
Vos propos sont assez graves là tout de même.
Je parle de géopolitique, section polémologie.
Artigas a écrit:
Certaines personnes semblent fantasmer sur une improbable " guerre des religions" en Europe occidentale entre musulmans et non musulmans. Ce qui signifie qu'à cause d'une minorité d'intégristes musulmans, tous les autres musulmans seraient condamnés à subir cette "guerre des religions".
J'ai lu vers 2000-2004 des contributeurs d'ouma/meljiss.com la souhaiter et s'y préparer, conformément aux projets des officines extrémistes orientales.
Il n'est pas certain que les provocations extrémistes sunnites y parviennent. Malgré 20 ans d'attentats anti-occidentaux revendiqués par les djihadistes, les Occidentaux réagissent avec un flegme rare alors que, dans la même situation, les Chinois répriment ethniquement leurs minorités musulmanes, les Indiens non musulmans et les Asiatiques du Sud-Est réagissent par des lynchages xénophobes et que les habitants du Moyen Orient pratiquent des massacres anti-communautaires.
Il me semble que c'est leur libéralisme qui tempère les Occidentaux. Ils distinguent les activistes qui les assassinent de leurs coreligionnaires libéraux, devançant en cela les incantations politiques libérales ("pas d'amalgame").
Néanmoins, il n'est pas certain que le libéralisme reste ancré dans le projet politique global des populations occidentales. Des tabous pacifistes légués par les deux guerres mondiales s'estompent. Pour moi, la question est de savoir si la réaction occidentale se limitera à ses ressortissants extrémistes sunnites (avec une participation active des musulmans anti-extrémistes, comme en Orient) ou si la mode djihadiste s'essoufflera avant de susciter cette réaction.
Je parierais que le djihadisme s'essoufflera, la tendance s'accélérant avec la réaction anti-djihadiste mondiale (et pas seulement occidentale), si j'en crois la célérité avec laquelle les intégristes en France écrasent leurs revendications dès qu'un projet de texte de loi est évoqué contre eux.
Avec plus de recul, la question djihadiste sunnite reste pour moi, toute originale qu'elle est, intégrée dans l'accomplissement de la révolution libérale en Orient (avec les deux bastions antilibéraux saoudien et pakistanais) et la restructuration frontalière, étatique, politique et sociale du monde musulman.
Une question plus importante, et historiquement inédite, est la gestion de la criminalité dans les démocraties libérales, accessoirement en Occident puisque j'y vis.
En cela aussi, le djihadisme sunnite est moins efficace que le communisme, qui menaçait autant l'existence des démocraties libérales (guerre froide) que la vie humaine sur Terre (arsenal nucléaire).
Artigas a écrit:
Pourtant il y'a des musulmans intégrés, qui font leur vie sans déranger personne: en somme dès que vous êtes musulman, vous êtes forcément devenu un ennemi à abattre.
Je pense, à votre instar peut-être, qu'une immense majorité d'Occidentaux refusent l'amalgame "étranger = danger", aussi méritent-ils d'éviter cet autre lieu commun "Occidental = xénophobe".
Je pense que les courants politiques rivaux d'Occident devraient, au lieu d'opposer - par amalgames donc - les étrangers aux xénophobes, surmonter leurs incohérences en dénonçant les criminels, que leurs intentions soient psychiatriques ou crapuleuses, car ils sont les véritables et derniers prédateurs des démocraties libérales.