L'avis de Fawzia Zouari (écrivaine et journaliste tunisienne) sur la question. Article sur le site de
Libération du 28 février...
http://www.liberation.fr/debats/2016/02 ... ud_1436364Extraits :
Citation:
Kamel Daoud a eu le tort de pointer sans détours les travers des siens. Plus précisément, il a expliqué que les harcèlements sexuels perpétrés à Cologne par des personnes d’origine arabo-musulmane découlent d’une tradition qui n’a eu de cesse de contrôler la sexualité et de condamner à la frustration ses jeunes.
Branle-bas dans les rangs des bien-pensants et avocats d’office des musulmans ! Et pourtant, qui douterait des affirmations de Daoud ? Qui, des signataires du Monde, pourrait démentir que la plupart des sociétés arabes vivent dans un puritanisme outrancier et une grande misère sexuelle ? Les femmes y sont obligées d’arriver vierges au mariage, et les garçons célibataires sont rendus fous par la frustration. La loi religieuse, appuyée souvent par la loi civile, ne permet pas à un homme ni à une femme d’avoir une relation physique avant le mariage. Encore faut-il que celui-ci soit possible en ces temps de crise et de chômage… Ce sont là des réalités concrètes, et non des idées. Et ce n’est pas mentir ni insulter que de dire, oui, le musulman réfléchit souvent de la même façon et agit avec le même réflexe.
(...)
Il existe, en France, une élite de gauche qui entend fixer les critères de la bonne analyse et qui veut faire de nous les otages d’un contexte français traumatisé par la peur de l’accusation d’islamophobie. Une peur qui pétrifie nombre d’élus, d’écrivains, de journalistes et de féministes, quand elle ne les amène pas à défendre les niqabs et les prières de rues, à excuser les violences dans les cités et les propos de gamins qui clament, avec fierté, «Je ne suis pas Charlie». La même élite qui s’essaie à l’exégèse coranique et cherche la bénédiction de religieux devenus ses principaux interlocuteurs, aux dépens des musulmans laïques réfractaires au rôle de victime.
Cette tendance à dicter aux intellectuels arabes ce qu’ils doivent dire ou ne pas dire sur leurs sociétés confine au néocolonialisme. Elle relève d’un tropisme qui rend incapable de nous voir autrement que comme des «protégés». Elle refuse l’idée qu’il puisse exister des Arabes souverains dans leur tête, des musulmans qui contestent leurs traditions, désobéissent aux consignes de bien-pensance, fissurent les échafaudages spéculatifs autour d’un Orient fantasmé.