En mai 1993, Franz Eppe, conseiller à la Commission des Communautés européennes, pointait déjà les difficultés d'intégration de l'ancienne RDA dans la Communauté européenne et dans l'Allemagne tout court. Dans cet article ( qui date de 15 ans , je le rapelle ) on retrouve certains points soulevés par Rapentat :
Citation:
une grande partie de la population de l'ex-RDA n'accepte pas aujourd'hui :
— liquidation de l'économie planifiée moribonde au profit de l'économie de marché, d'où inévitablement une vague de licenciements collectifs ; la peur de perdre son emploi et la crainte des augmentations de prix de loyer hantent à présent une large couche de la population, d'autant plus que le défunt régime de la SED avait su mettre la population à l'abri de tels tourments.
— Imposition de l'ordre juridique de la République fédérale, perçu comme quelque chose d'étranger et de tout à fait inhabituel ; les nouvelles réglementations concernant les demandes de permis de bâtir, les retraites, les allocations de chômage et les prestations sociales sont jugées souvent excessivement tatillonnes. Aussi n'est-il pas rare d'entendre cette réflexion : « Sous le régime socialiste, les procédures étaient plus simples et moins bureaucratiques ».
— La remise en cause, après l'unification, de droits de propriété qu'on croyait définitifs, à la suite de demandes de restitution de biens, en vertu du traité d'unification, présentées par leurs anciens propriétaires qui s'étaient depuis longtemps installés en Allemagne de l'Ouest et avaient été expropriés par le régime communiste.
À la campagne, le processus d'adaptation est particulièrement douloureux et dramatique. Bon nombre d'agriculteurs qui ont subi, il y a 35 ans, la collectivisation forcée de leurs terres, sont aujourd'hui trop vieux pour se « réinstaller » sur les terres qui leur sont restituées, après la dissolution de leur LPG (coopérative de production agricole) et sa transformation en une coopérative ou en une société anonyme. Dans les villages, la plupart des anciens bâtiments d'exploitation avaient dû être abandonnés et sont tombés en ruines. Aussi les agriculteurs sont-ils dans la plupart des cas obligés de relouer leurs terres aux coopératives ou sociétés qui sont les successeurs en droit des anciennes LPG, et d'accepter les indemnités que celles-ci doivent leur verser conformément aux dispositions de la loi d'adaptation agraire de Bonn pour l'ex-RDA, et qui ne constituent qu'une compensation bien modeste au regard du travail fourni à la LPG pendant 35 à 40 ans. Leur amertume est d'autant plus grande que les directeurs des nouvelles coopératives ou sociétés agricoles qui ont pris la succession de leur ancienne LPG, sont généralement identiques avec les anciens dirigeants des LPG. De toute façon, lors des pourparlers visant à déterminer le montant de l'indemnité, ces directeurs se montrent plus enclins à défendre les intérêts financiers de leur entreprise agricole que ceux des anciens membres de la LPG en cause.
Le véritable problème de fond auquel est confrontée l’Allemagne de l'Est, est la perte de sa propre identité, conséquence de l'unification, et la recherche infructueuse jusqu'à présent d'une identité commune aux deux Allemagnes. En renonçant volontairement à leur souveraineté nationale, les Allemands de l'Est ont, il est vrai, bénéficié de l'arrivée du Deutschmark ; mais ils ont maintenant le sentiment d'avoir été floués dans presque tous les domaines de la vie quotidienne par suite de l'introduction de l'ensemble des règles politiques et économiques de la République fédérale. Étant encore loin de les maîtriser et se sentant tout simplement dépassés par les événements, ils auraient souhaité que leur introduction se fasse de façon plus sélective et certainement pas aussi brutale. L'usure rapide des hommes politiques indigènes en Allemagne de l'Est, ainsi que le manque général d'esprit d'initiative, indispensable à quiconque souhaite s'affirmer dans une économie de marché, en témoignent.
Je voulais revenir sur les quelques points que j'ai soulignés dans ce texte :
-même c'est anecdotique , j'ai du mal à imaginer l'administration de L'Allemagne réunie plus tatillone que celle de l'ex-RDA , mais je veux bien lire un avis contraire.
-L'auteur fait état de grandes difficultés d'adaptation à la campagne , donc dans l'agriculture : il semble qu'aujourd'hui on constate un exode rural dans les nouveaux länder .
-Sur l'usure rapide du personnel politique de l'Est : c'était peut être vrai en 1993 , mais aujourd'hui , qu'en est-il ? Et puisqu'on évoque le personnel politique : Angela Merkel , qui a passé sa jeunesse et fait ses études en RDA , est-elle perçue comme une ossi(e) qui a réussi ?