carlo68 a écrit:
Sans l'apport djihadiste la rebellion syrienne serait enterrée depuis longtemps.
Comme en 1982, dix fois moins de morts. Ou pas : la poursuite de la rébellion est une catastrophe pour les Arabes sunnites, écrasés à domicile. Les plus malins ont rallié Damas, préférant une paix soumise à une révolte armée. Cette révolte consacre de la politique iranienne.
Pour le reste du monde, la concentration de djihadistes dans un réduit sans échappatoire est une chance.
carlo68 a écrit:
Le reproche de la "non-intervention" en Syrie n'est bien sûr pas un reproche de "l'internationale djihadiste", ceux-ci s'imaginent parfaitement indépendants de l'occident.
Ce n'est pas ce qu'on lisait chez leurs lecteurs, il est vrai versatiles, de la rue arabe francophone, qui les accusaient de soutenir Damas en n'intervenant pas contre le régime.
carlo68 a écrit:
Ce sont les puissances sunnites, la rébellion officielle [...]
"Officielle" ? Officialisée par qui ? Les minorités syriennes se considèrent volontiers en rébellion officielle contre les Arabes sunnites, tout comme les Israéliens et leur indépendance.
Je ne vois que des factions, toutes en rébellion les unes contre les autres : le régime, les Kurdes et trois factions arabes sunnites.
carlo68 a écrit:
Reproche injuste s'il en ait puisque notre aide et notre soutien sans faille aux acteurs anti-"régime" (Al Qaeda fait du bon boulot en Syrie) ont pérennisé un soulèvement manqué en guerre civile.
C'est ce que Onfray nous reproche encore.
carlo68 a écrit:
On aimerait comprendre en quoi des automoteurs de 155 (GCT) ou des mirages F-1 sont des armements défensifs?
Les canons et les chasseurs sont considérés comme des armements peu offensifs et plutôt défensifs. Les premiers, par leur manque de mobilité (trop fragiles au front), les seconds, dirigés contre les avions (les Iraniens n'en avaient plus). Hussein attendait des armes offensives que lui ont livrées les Soviétiques : chars lourds (pour enfoncer les fronts et créer le "choc" tactique et stratégique) et bombardiers (pour projeter de lourdes munitions depuis le ciel), hélicoptères de combat (appui lourd rapidement projetable).
Donc, les Mirage F1 ont connu des missions certes hasardeuses contre les vieux chasseurs américains de l'Iran, pour appuyer ses centaines de Sukhoï arrosant les enfants iraniens armés dans les marais frontaliers. Les 80 AUF1 ont accompagné les milliers de canons, lance-missiles, lance-roquettes multiples et blindés fournis par l'Union soviétique. Ils ont également dû être décortiqués, testés et analysés par les conseillers militaires soviétiques encadrant l'armée irakienne. L'Iran, l'Arabie saoudite et les USA ont un peu protesté, avant que la coalition internationale ne les détruise en 1991.
Ça ne minimise ni n'excuse la duplicité des fournisseurs d'armes occidentales à Hussein, des Français entre autres.
carlo68 a écrit:
De plus les Soviétiques ne vendent pas tout aux Irakiens: les missiles dont rêvent Saddam Hussein pour remplacer les vieux scuds ne sont pas accessibles.
Il reste à l'époque un très rare détenteur étranger de T-72 et de MiG-29. Les Soviétiques se les gardaient pour eux et aux portes de l'Europe occidentale.
carlo68 a écrit:
Il devra se contenter d'améliorer ses missiles en interne.
(Pour ce qu'ils lui servaient...)
carlo68 a écrit:
[...] pour des puissances secondaires comme la France, l'Irak offre d'excellentes opportunités puisqu'il se pose en acteur indépendant dans la région.
Ça renforçait l'image d'allié naïf et opportuniste de la France chez les Anglo-Saxons, illustrée dans "Mars attacks" avec le président français qui croit signer la paix avec les Martiens.
"Allo, Maurice ?..."carlo68 a écrit:
Pour ce qui est des déclarations d'Onfray "Croyez-vous que 4 millions de Musulmans tués par l'Occident ne comptent pour rien?", au-delà de la querelle éventuelle des chiffres, il y aurait lieu de s'interroger sur le genre de Musulmans qui ont été tués et à part dans une certaine mesure l'Afghanistan et la récente intervention contre l'EI, je ne vois pas où nous avons combattu des Islamistes.
Dans tous les cas, ce sont des musulmans qui appuient sur les gâchettes. La dernière intervention moralement contestable de l'Occident contre le monde arabo-musulman cesse en Algérie en 1962.
carlo68 a écrit:
En fait l'Occident a suivi les indications de ses alliés du Golfe.
Oui, nous sommes les mercenaires des pétromonarchies. En 1990, c'est flagrant. En 2001 et 2003, l'Occident suit ses propres intérêts.
carlo68 a écrit:
Seule la question palestinienne sort un peu du lot ce qui explique sa présence lancinante dans le discours djihadiste.
Alors que les djihadistes ne s'en occupent jamais, sauf quand Daech attaque le Hamas et le Djihad islamique avant de se faire exterminer à Gaza.
Mais ça, c'est du discours, ils prospèrent en chefs de guerre pillards dans les zones anarchiques et dans les banlieues occidentales, nourris aux aides sociales et couverts par une interprétation abusive des Droits de l'Homme.
carlo68 a écrit:
Au final oui pas mal de "musulmans" sont morts, c'est sans doute un thème de la propagande djihadiste mais il faut un peu plus pour expliquer la popularité du djihad (les guerres en Afrique ont fait certainement depuis 20 ans autant de morts et très probablement beaucoup plus
C'est une échelle complètement différente, plus de 4 millions en RDC avec les Hutus et les Tutsis et plus de 2 millions au Soudan (1983-2005) à cause des extrémistes sunnites de Khartoum.
À côté, l'Algérie, l'Irak et la Syrie, avec leurs centaines de milliers de morts, restent des conflits de haute intensité, et la guerre des talibans contre les Afghans et les Pakistanais reste à moyenne intensité (un peu plus de 10.000 morts par an depuis 2001).
carlo68 a écrit:
Le terrorisme islamique ne serait rien sans les réseaux puissants qu'il a pu développer depuis les années 60 avec l'argent saoudien et l'appui des services américains, son idéologie nihiliste et millénariste a fait le reste pour en faire une menace presque globale.
Par contre, c'est depuis sa trahison vis-à-vis des pétromonarchies et des Occidentaux qu'ils tue autant, et surtout en Orient (sauf en Afghanistan, entre 1996 et 2001, où le régime taliban tuait quatre fois plus de personnes avant sa chute). Personne ne considère d'ailleurs les extrémistes de Khartoum et leurs millions de victimes.
Finalement, si on ne compte pas le Soudan et la Somalie, les djihadistes et leurs 900.000-1.000.000 victimes en Afghanistan, Irak et Syrie, sont moins mortifères que les pro-Soviétiques avec leurs 200.000 morts en Syrie-Liban, 1.700.000 morts en Afghanistan, 2.000.000 en Iran-Irak sous Hussein et 200.000 en Algérie (1990-2004, je ne compte même pas 1962-1963).
En conséquence, la vie est devenue plus douce pour les Orientaux et les musulmans depuis 2001-2003...
Ce n'est pas que le djihadisme ne tue pas, c'est qu'il est moins efficace pour ça que les régimes pro-soviétiques dans les pays arabo-musulmans ; moins efficace également que les anciennes puissances européennes colonisatrices ; mais bien plus efficace que le vieux conflit arabo-sioniste et ses 150.000 morts (dont 30.000 Israéliens) en presque 100 ans...
Bref, le djihadisme sunnite est un moindre mal en regard de la colonisation européenne et des régimes pro-soviétiques.