Mieux que le Monde, où on trouvera au mieux (un contributeur ne pouvant emplafonner frontalement la ligne pro-mondialisation et pro internationalisme néo-conservateur de la rédaction et des propriétaires du journal) une esquisse de description et d'analyse de la réalité américaine, je vous conseille le journaliste indépendant Robert Parry.
https://consortiumnews.com/2016/05/13/d ... n-clinton/https://consortiumnews.com/2016/05/11/n ... deas-kill/Depuis un moment du mandat de Bush père restant à déterminer (la manière dont l'ambassadeur américain à Bagdad a été ambigu avec le gouvernement irakien sur les modalités de règlement du conflit entre l'Irak d'une part et le Koweit et l'Arabie Saoudite d'autre part, il y a matière à douter), les néoconservateurs exercent une influence sans partage sur la définition de la politique étrangère américaine, et ce que l'administration soit démocrate ou républicaine.
De la même manière que, depuis un moment des années 2000, comme l'explique de manière très intéressante Charles Gave qui tient son info d'une source au coeur de la FED elle-même, la politique financière américaine a été prise en otage par une sorte de gang qui tient assez largement les reines du pouvoir dans le pays.
https://www.youtube.com/watch?v=gaUvIossOrkC'est contre cela qu'une partie de l'Amérique profonde est en train de se soulever via le processus de la campagne pour l'élection présidentielle de 2016.
Le plan, c'était business as usual. Un Bush néocon en politique étrangère, ultra-business friendly, très libre-échangiste et partisan du maintien de l'ouverture des vannes de l'immigration, conservateur sur le plan sociétal, contre une Clinton, elle aussi néocon en politique étrangère, elle aussi ultra-business friendly, très libre-échangiste et partisan du maintien de l'ouverture des vannes de l'immigration, mais libérale (et "liberal" au sens américain) sur le plan sociétal.
Sauf que tout cela a volé en éclat parce que le hiatus a pris des proportions jamais vues depuis la crise des années 1930 entre ce que vit et veut l'élite connectée et ce que vit et veut la majorité du peuple américain.
Jeb Bush s'est effondré. Tous les républicains "centristes" qui étaient grosso modo quelque part entre Bush et Clinton mais d'accord avec eux sur l'essentiel ont aussi fait un bide monumental. Il n'y a que Ted Cruz qui a ses supporteurs chrétiens fondamentalistes, ultra-conservateurs (sans que le terme ultra soit galvaudé comme c'est si souvent le cas) et extrémistes qui a surnagé mais qui était néanmoins en décalage complet avec les principales préoccupations des américains, qui a surnagé honorablement.
Côté démocrate, aucun enthousiasme pour Clinton qui ne mobilise guère au delà de la partie de l'électorat noir qui reste indéfectiblement attachée à son mari Bill, et qui risque en outre de dérailler judiciairement avec l'affaire de l'e-mailgate. C'est Sanders qui suscite l'enthousiasme.
Or les motivations du vote Sanders sont très largement les mêmes que celles du vote Trump. On voit d'ailleurs, dans les enquêtes d'opinion sur les intentions de l'électorat de Sanders, que si leur champion n'était pas nominé côté démocrate, près de la moitié des électeurs de Sanders se reporteraient sur Trump, un quart s'abstenant et seulement un gros quart se reporteraient sur Clinton.
La coupure est énorme.
La question qui semble tarauder actuellement les caciques du parti démocrate, c'est de savoir s'ils n'auraient pas intérêt à larguer Clinton et à tenter de faire émerger une autre candidature (le vice-président Biden ou la sénatrice Elisabeth Warren). Ce qui montre que Sanders leur pose un problème encore plus insurmontable que Trump à l'establishment républicain qui est en train de trouver un modus vivendi avec lui pour sauver les meubles.
Le plus probable, c'est que le parti démocrate continue à miser sur Clinton pour ne pas se déjuger de manière aussi éclatante, qu'il joue perdant.
Et que globalement les caciques des 2 grands partis tirent un trait sur le mandat 2016-2020 en se disant que de toute façon ils garderont au Congrès les moyens de paralyser l'action du locataire de la Maison blanche et de lui pourrir son mandat.