Narduccio a écrit:
Caesar Scipio a écrit:
Mais l’exemple que vous avez choisi apporte précisément de l’eau à mon moulin.
Le saint-empire romain germanique était pour l’essentiel l’empire de la nation germanique.
Ah bon, le duché de Hongrie qui deviendra royaume d'Hongrie et qui en a fait partie était germanique ? De même, il me semble que les prussiens soient de parfaits slaves germanisés. Au départ, le SERG fut créé à partir des possesions de Louis le Germanique, plus des terres conquises et colonisées.
Caesar Scipio a écrit:
Les royaumes d’Italie et de Bourgogne n’avaient que des liens extrèmement ténus.
Il y avait une source commune : les divers dialectes germaniques. Et encore était-ce un lien très lâche.
C'est dès le XIIIème siècle que le SERG n'arrive pas à se réformer et à se restructurer. L'époque pendant laquelle les rois de France à partir d'un domaine royal de la taille d'un mouchoir de poche vont restaurer leur légitimité royale. Et pas mal des terres qui composent la France y seront agrégées aux cours des siècles en venant souvent d'une situation de complète indépendance. C'est la France qui pourrait paraître être une construction artificielle et c'est elle qui résistera le mieux. Mieux que le SERG où on respecte trop les spécificités régionales.
Et c'est là, au XVIIème siècle que l'on perçoit mieux comment l'histoire peut nous éclairer sur l'avenir de l'Europe. D'un coté la France, un agrégat de nombreux pays de droits différents, avec des parlements qui rêvent d'indépendance; mais un seul souverain et un seul gouvernement. L'un des rôles de ce souverains est de se poser en arbitre et d'empêcher l'arbitraire des corps intermédiaires. De l'autre, le SERG, en empire soit disant unis, mais où chaque duc, comte, évêque, prince, ... est "roi dans sa principauté. Un pays avec de nombreuses douanes. Le vin de Strasbourg qui allait à Cologne voyait son prix doubler à cause du transport et des droits de douanes. Un pays avec autant de législations que de principautés. D'accord, il y avait un fond commun, mais ... Un pays où le seigneur d'une baronnie pouvait prendre en otage les commerçants, en allant les faire prisonniers sur les terres des autres principautés et les retenir en otages dans son château jusqu'au payement d'une rançon. Chaque région, chaque ville, chaque principauté indépendante veillait jalousement sur ses droits et ses prérogatives. 2 siècles plus tard, c'est un officier français devenu empereur qui d'un trait mettra fait à ce qui était mort depuis plusieurs siècles. Et il pouvait le faire car il s'appuyait sur une dynamique qui a débuté plusieurs siècles auparavant.
Avons nous le temps de nous faire conquérir, inféoder, avant de se rendre compte que nos souverainetés nationales ne valent pas grand chose car les autres ont les moyens de nous imposer leurs lois ? La souveraineté nationale de petits pays comme les nôtres n'est qu'un leurre.
La Hongrie a fait partie du Saint-Empire Romain Germanique ?
Vous devez confondre avec le royaume de Bohème qui fut duché avant de devenir royaume du SERG.
Le roi de Hongrie a juste, pendant une petite dizaine d’années, été lié par un lien de vassalité personnelle à l’empereur salien Henri III. Et ça n’a pas duré davantage. Ensuite, il n’y a jamais eu autre chose qu’une union personnelle, accident dynastique ayant conduit à ce que sous les dynasties Luxembourg puis Habsbourg, le roi de Hongrie soit aussi roi d’Allemagne et empereur grâce au fait qu’il était un des grands princes de l’empire.
Mais la Hongrie n’a jamais été partie du SERG.
Et la Bohème qui en était partie a néanmoins toujours préservé son identité.
Même les cantons suisses, dont le noyau était germanophone, ont formé une entité politique séparée du SERG.
Autrement dit, ce n’est pas une condition suffisante d’avoir des liens juridiques plus ou moins étroits pour fonder une union politique durable.
Et si en effet à l’âge pré-démocratique, le temps a pu faire son œuvre et permettre ici et là au pouvoir central d’assimiler à force de contrainte et de patience des cultures/identités minoritaires (que ce soit dans la France capétienne ou dans la Prusse teutonique puis ducale puis royale vis-à-vis des colonisés slaves), ce n’est plus du tout le même contexte à l’ère moderne et démocratique.
La France a réussi parce qu’elle s’est lancée tôt et qu’elle est parvenue à créer et faire évoluer une identité gallo-romaine matinée d’aristocratie romano-germanique et dont le pouvoir (quelle que soit sa forme, monarchique ou non), est parvenu à s’affirmer comme le référent identitaire commun. Sauf que c’était par la contrainte, à l’époque de l’illétrisme, de la faiblesse des moyens de transport et de communication, bref, l’œuf était encore frais. Depuis, les œufs sont cuits et on ne fait pas d’omelette avec des œufs durs.
On ne peut plus fabriquer un homo europeanus par la contrainte. La tentative de fabriquer un homo sovieticus, voici déjà un siècle, a échoué alors même que le système y était autoritaire et très contraignant.
Et par ailleurs, quels sont ces autres qui ont les moyens de nous imposer leurs lois ? Chine ? USA ?
Je veux bien admettre qu’en théorie, si on était un pays de 500 ou 750 millions d’habitants doué d’une volonté politique ferme de promouvoir ses intérêts, on se porterait encore mieux. Mais comment parvient-on à ce résultat ? Laver le cerveau des peuples et les contraindre n’apportera que malheurs, destructuration, violence et chaos, et non pas l’élan unificateur qui serait en théorie souhaitable.
On est à une époque de décentralisation.
S’il faut choisir entre la démocratie et l’empire, alors l’empire est condamné. L’empire c’est lourd, inefficace, à l’âge de la démocratie, de la décentralisation et de l’individualisme.
Qui plus est, l’immensité et la masse n’ont jamais empêché des empires d’être dépecés, conquis, par de petites puissances dynamiques, entreprenantes, conquérantes. L’Histoire du monde en témoigne, de l’empire romain finissant à la Chine des Qing en passant par les Aztèques et les Incas, l’Inde, … etc.
C’est le postulat de départ lui-même qu’il faut interroger.