Caesar Scipio a écrit:
Et en l’espèce, remettre en cause à ce point la légitimité même du suffrage universel, c’est grave. Il n’y a pas de légimité plus forte. Contester la légitimité démocratique, c’est préparer l’anarchie et la guerre civile, le règne du moi-je.
Dans ce cas, quelle constitution devrions-nous avoir ? Car n'importe quelle initiative peut remettre en cause chacune des décisions de n'importe quel gouvernement ? Les gouvernements, tous les gouvernements démocratiques, doivent faire attention à la constitutionnalité de leurs décisions. De plus, il arrive de plus en plus souvent que des décisions soient mises en cause devant la justice. Par exemple, la France vient d'être reconnue partiellement responsable de l’assassinat de Abel Chennouf par Mohammed Merah. Hé oui, il n'aurait pas fallu suspendre en 2011 toute surveillance de celui-ci. Sachant qu'une bonne part de ces suspensions de surveillances viennent des mesures d'économies décidées par le gouvernement, dont la réduction du nombre de fonctionnaires. En plus, le fait que l'on soit presque toujours en période électorale qui fait que les gouvernements limitent leurs actions car ils ont peur de trop déplaire à leurs électeurs. Si à cela vous ajoutez le fait de risquer un référendum. Référendum qui dans de nombreux cas verra les citoyens répondre à une autre question de celle posée. Ou alors, en permettant à un camp de se sur-motiver de rendre une décision qui n'est pas conforme à ce que pense la majorité. On sait bien ce que valent les "tout le monde pense que...".
On fait en même temps le constat des difficultés qu'on la plupart des gouvernements à agir sur une situation de plus en plus complexe, en rêvant de leur rogner les ailes pour être sûrs qu'ils ne puissent plus prendre de décisions.
Je ne met pas en cause le légitimité du suffrage universel, bien au contraire. On choisit régulièrement des hommes politiques pour prendre des décisions à notre place, car on sait très bien que la démocratie directe, çà ne fonctionne qu'à une échelle réduite. Laissons-leur le temps de mener, ou pas, la politique pour laquelle on les a élus et qu'ensuite ils se soumettent à la sanction des électeurs. C'est cela la légitimité du suffrage universel. A partir du moment où on fait le constat que la plupart des référendums ne répondent pas à la question posée, il est illégitime de demander à s'appuyer sur eux en fonction d'une prétendue légitimité du suffrage universel. Ou alors, il faut aller au bout de la démarche : rendre le vote obligatoire et tenir comte des bulletins blancs dans la décision finale.
Est-ce que tous les anglais qui ont voté pour le Leave avaient toutes les informations pertinentes pour un choix éclairé quand on voit les fables éhontées des 2 camps ? Est-ce que tous les anglais qui ont voté en faveur du Leave étaient bien conscients des enjeux qui étaient en cause ? Ils ont de la chance que les européens n'ont pas intérêt à sanctionner trop les anglais (et surtout leur économie), car autrement, ils seraient vraiment mal.
Mais surtout, dans le cas de Notre-Dame des Landes, on voit bien que de nombreux mots ont été tellement mis à toutes les sauces qu'on leur fait dire n'importe quoi. Pour les opposants, ne pas reconnaitre le résultat du référendum serait un acte de démocratie. Pourtant, les mêmes ont été à l'initiative de l'introduction de la notion d'initiative populaire dans notre législation. A un moment, il faut arrêter de brasser des concepts comme si c'était du vent et il faut affronter le principe de réalité. Les référendums permettent-ils de donner vraiment l'avis d'une population sur des questions d'importance ? Tout ceux qui ne se mettent pas un bandeau sur les yeux connaissent la réponse et c'est non. Et le brexit n'est que le dernier avatar de ce débat-là.