marc30 a écrit:
Un article du Monde qui explique que la stratégie de Poutine en Syrie se situe dans une perspective stratégique bien plus large que la simple alliance avec le clan Assad
http://filiu.blog.lemonde.fr/2016/09/25 ... -en-syrie/Critique implicite aussi de la prudence d'Obama. On verra ce qui se passe avec le prochain président us.
Article de Jean-Pierre Filiu dans le blog du Monde. Filiu a eu depuis le début une position en pointe pour la rebellion en Syrie, et ses prédictions (Assad va tomber, les djihadistes sont une minorité...) se sont la plupart du temps avérées à côté. Désolé de répondre en vitesse, j'aurai voulu passer plus de temps à la relecture...
J-P Filiu a écrit:
La Russie soutient-elle le régime Assad ou bien mène-t-elle sa propre guerre en Syrie ?
Un peu des deux sans doute, qui est jamais parti en guerre par pur altruisme?.
J-P Filiu a écrit:
Il apparaît de plus en plus que le Kremlin poursuit ses propres objectifs de guerre en Syrie, qui vont bien au-delà du simple soutien au régime Assad. Cette nouvelle réalité doit être impérativement prise en compte pour sortir de l’impasse totale qui prévaut à l’ONU. La vision actuelle du conflit syrien repose sur l’hypothèse, à mon avis dépassée, que la Russie apporterait un soutien, certes inconditionnel, mais un soutien au régime Assad. Or il semble de plus en plus évident que le despote syrien n’est plus maître des opérations menées en son nom sur le territoire qu’il prétend gouverner. Ce sont les militaires russes, en coordination avec les « conseillers » iraniens, qui décident en premier chef.
Pourtant sur le terrain, on sent encore bien que les opérations gouvernementales sont loin d'être maîtrisées. L'intervention russe se greffe sur une intervention iranienne à mon avis beaucoup plus "encombrante" que l'alliance russe. L'appui aérien russe a changé la face de la guerre, comme l'appui logistique et probablement d'artillerie de la Turquie avait permis les grandes offensives djihadistes dans la région d'Idlib en 2015. Il est évident par contre qu'au niveau diplomatique la Russie mène le jeu et impose ses choix à Assad, par exemple les cessez-le-feu en accord avec les Américains. Cessez-le-feu qui sont un jeu de dupes puisque si les Russes arrivent à les imposer au gouvernement syrien, les Américains n'arrivent pas à les imposer aux rebelles comme on l'a encore vu lors du dernier en date.
J-P Filiu a écrit:
L’ENJEU D’ALEP
Le bombardement aérien d’un convoi humanitaire de l’ONU et de la Croix Rouge internationale, durant la nuit du 19 septembre 2016, au nord d’Alep, porte toutes les marques d’une initiative du Kremlin. Il s’est poursuivi durant deux longues heures, alors même que le régime Assad avait donné son accord à l’acheminement de cette aide. Une partie des vingt civils tués sont des volontaires du Croissant rouge syrien, dont le président, Abderrahmane Attar, est un proche de Bachar al-Assad. La photo ci-dessus émane de la Défense civile syrienne à Alep.
Rappelons enfin que l’opposition et les jihadistes n’ont aucune force aérienne, tandis que l’aviation pro-Assad n’a aucun moyen de bombardement nocturne. Le raid du 19 septembre a d’ailleurs été prolongé, durant la nuit suivante, par de nouveaux bombardements aériens d’installations médicales, cette fois au sud d’Alep. J’avais décrit sur ce blog, en avril dernier, le caractère systématique de la destruction de toute infrastructure de santé dans les zones tenues par l’insurrection à Alep. Il s’agit de briser les derniers ressorts d’une population civile, privée de soins comme de nourriture, afin de contraindre la résistance locale à la capitulation.
Il n'est pas impossible, puisque l'ONU lui-même ne la qualifie plus ainsi faute d'éléments probants, que cette attaque ne soit pas une attaque aérienne. Les principaux témoins étant cette défense civile syrienne, qui n'a de civile que le nom. Voici une photo d'un des principaux témoins "white helmet", avant, pendant:
Les choses deviennent plus simple alors: une des nombreuses provocations des rebelles toujours à l'affut d'un bon buzz surtout en cette période de session à l'ONU...
Bon ce n'est qu'une hypothèse, mais quand on voit les romans que sort Filiu de ses hypothèses (initiative russe, Assad pas content etc.), y'a pas trop à se sentir gêné.
J-P Filiu a écrit:
C’est ce scénario implacable qui a déjà conduit, à une échelle plus restreinte, à l’évacuation des combattants, mais aussi de la population civile du bastion révolutionnaire de Daraya, à proximité de Damas, le 26 août 2016. C’est bien cette alternative entre la reddition et la mort que la Russie entend imposer dans toute sa brutalité aux habitants des secteurs rebelles d’Alep. Le Kremlin a en effet ressenti comme une humiliation la rupture du siège des quartiers insurgés d’Alep, au milieu de l’été, et a tout fait pour rétablir un blocus impitoyable, au début de septembre.
Le gouvernement avait déjà proposé une reddition à Daraya il y a deux ans refusée par les maximalistes. Aujourd'hui l'enclave de Daraya a été évacuée dans les conditions suivantes: les combattants partent dans une autre enclave rebelle avec armes et bagages et les civils pro-rebelles (à peine 300) sont relogés en zone gouvernementale. oui vraiment un scénario "implacable"... Les médias ultras pro-régime reprochent d'ailleurs cette générosité en comparant les logements des civils déplacés et la cambuse de la famille d'un "martyr" (soldat tombé en luttant pour le gvt):
J-P Filiu a écrit:
La carte ci-dessous des bombardements russes sur le Nord de la Syrie, du 20 au 22 septembre, établie par l’Institute for the Study of War, prouve que les zones tenues par Daech (en gris) sont épargnées, alors que les frappes se concentrent sur le territoire tenu par l’opposition (en jaune).
Toujours la même chanson, en fait ce sont les zones où l'armée n'est pas attaquée qui sont "épargnées".
J-P Filiu a écrit:
LES BUTS DE GUERRE DE MOSCOU
On ne crédite pas assez Vladimir Poutine d’une vision mondialisée de son engagement en Syrie. Le président russe a parfaitement compris que le retrait ostensible des Etats-Unis hors du Moyen-Orient lui offrait le privilège de restaurer, à partir de cette région, un statut de superpuissance disparu avec l’URSS. Les intérêts anciens de Moscou en Syrie et les affinités multiples entre Poutine et Assad pèsent dès lors moins que ce grand dessein russe qui se développe depuis le Moyen-Orient vers le reste du monde.
Et le vision de l'Arabie Saoudite? Du Qatar? Plutôt qu'un statut de superpuissance, je vois une initiative locale et proche de ses frontières. Quand la France soutient le Mali ou bombarde la Libye, elle cherche à reprendre un statut de superpuissance? Et pourtant ces deux pays sont plus éloignés de la France que la Syrie ne l'est de la Russie et la Syrie abrite une des dernières bases russes hors de l'ex-URSS. Franchement comme projection de puissance on a déjà vu plus affolant. Pourquoi la Russie voisine du Proche-Orient devrait avoir la même attitude que les USA qui se trouvent sur un autre continent?
J-P Filiu a écrit:
L’intervention militaire russe en Syrie, directe et massive depuis septembre 2015, se fonde sur un discours-programme prononcé quelques jours auparavant par Poutine à la tribune de l’ONU. Le président russe s’y pose en farouche défenseur de la souveraineté des « Etats », en fait des régimes en place, contre les aspirations des peuples. Il lance ainsi une campagne idéologique qui ne peut se comparer qu’à la « guerre globale contre la terreur » de George W. Bush, elle aussi conceptualisée à la tribune de l’ONU, en 2002.
Intervention massive? En fait il y a beaucoup moins d'appareils engagés que pour la coalition contre Daesh, par contre beaucoup de sorties et des appareils très disponibles (les Américains sont d'ailleurs surpris). Contre les aspirations des peuples? D'abord qui sait vraiment ce à quoi aspire le peuple syrien? Filiu? Mais ce à quoi s'oppose Poutine est bien en l'occurence le droit d'ingérence unilatéral (il a fait plusieurs fois allusion à la Libye), qui fait qu'on décide d'intervenir en faveur d'un camp jusqu'au renversement de l'autre (Assad doit partir). Campagne idéologique? Oui, certainement mais peut-on vraiment faire plus hypocrite qu'un ministre des AE qui déclare que Nusra (Al Qaeda en Syrie, allié à cette époque à ISIS) fait du bon boulot et ne devrait pas être considéré comme terroriste!
Pour les aspiration des Syriens un sondage fait au Liban parmi des réfugiés:
Pour l'article complet:
https://www.foreignaffairs.com/articles/syria/2016-09-14/what-syrians-wantLe panel n'est pas exactement représentatif: il y a environ 90% de sunnites (plutôt autour de 70% en Syrie) et le niveau d'éducation des sondés est un peu inférieur à la moyenne syrienne. Remarquons que si le gvt est en première place (mais pas majoritaire) en seconde place on trouve l'ASL, c'est à dire les rebelles modérés et laïques que les sondeurs appelent nationalistes (et qui aujourd'hui sur le terrain est devenue marginale). Remarquons aussi que si les sondés pro-gouvernement sont généralement moins pratiquants que les autres, il n'y a pas de différences particulières dans l'attitude religieuse entre les autres groupes. Les pro-gouvernementaux sont ceux qui affichent le meilleur niveau d'étude.
J-P Filiu a écrit:
De même que la vision des néo-conservateurs américains rejetait dans l’enfer de la « terreur » toute forme d’opposition, dès lors associée à Al-Qaida, la propagande pro-Poutine stigmatise comme « terrorisme » toute contestation organisée du statu quo, aussitôt assimilée à Daech. Mais, de même que « W » s’est heurté à la réalité de l’Irak et a embourbé ses troupes dans ce pays « libéré », Poutine fait désormais l’expérience de l’incapacité d’Assad à rétablir sa position autrement que sur des champs de ruines.
Je ne vois pas en quoi c'est tellement plus manichéen que l'antienne "Assad qui massacre son peuple", alors qu'il fait face à une opposition armée retranchée dans des zones habitées d'où elle lance des offensives. Contestation organisée du statu quo quand des VBIED, véhicules suicides se font exploser sur des postes gouvernementaux avant toute offensive rebelle? Contestation aussi les hell canons qui bombardent sans intérêt tactique (trop peu précis) les zones gouvernementales? Contestation les décapitations de prisonniers? Les exécutions publiques? Mais là pas de problème ce sont les bons.
Embourbement en Syrie? On en parle depuis le jour 1, mais en un an la situation s'est plutôt améliorée pour le régime. Les rebelles se sont-ils installés sur autres choses que des ruines? En fait aucune grande ville n'est tombée d'elle-même aux mains des rebelles. Pas de soulèvement à Damas, ni à Alep où la partie gouvernementale est presque 5x plus peuplée que la partie rebelle. Franchement on parle de quoi comme succès de la "révolution syrienne"? Je veux dire autres que des opérations armées.
J-P Filiu a écrit:
MILICIENS PRO-IRANIENS ET IRREGULIERS SYRIENS
La contre-insurrection en milieu urbain, que la dictature Assad a été incapable de mener, a été assumée à partir de 2013 par les milices pro-iraniennes, d’abord le Hezbollah libanais, puis différents groupes irakiens et afghans. Les Gardiens de la Révolution, venus d’Iran, ont donné sa cohérence opérationnelle à ce dispositif disparate. C’est d’ailleurs le général Qassem Soleimani, le chef des troupes de choc des Gardiens de la Révolution, qui s’est rendu à Moscou en juillet 2015 pour alerter ses alliés russes sur les défaillances du régime Assad, alors en recul sur tous les fronts.
Incapables de mener la contre-insurrection en milieu urbain? C'est évidemment le terrain le plus facile. En recul grâce à des offensives de grandes envergures soutenues par la Turquie et la Jordanie (plus mollement d'ailleurs les avancées au sud sont sans commune mesure avec celles de la frontière turque). En vérité la Russie a mis fin à la no-fly zone de fait à la frontière turco-syrienne.
J-P Filiu a écrit:
L’intervention russe en Syrie, en septembre 2015, a beau avoir été « cadrée » à l’ONU par Poutine, elle est donc motivée également par les faiblesses intrinsèques au régime Assad. L’armée gouvernementale, épuisée par l’hémorragie des désertions et par cinq années de conflit, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Les troupes combattantes dignes de ce nom sont réservées à la protection du régime lui-même. La seule unité reconfigurée pour l’offensive est commandée par Suhail al-Hassan, général des services de renseignement de l’Armée de l’Air, les plus puissants de tous les « services » en Syrie. Hassan est surnommé « le Tigre » (pour mémoire, Assad signifie « lion » en arabe).
Il y a d'autres unités opérationnelles que la Tiger force en Syrie, la carrière de Al-Hassan prouve surtout que ce n'est pas d'hier, ni même de 2011, que date la lutte de la Syrie contre Al Qaeda. Mais effectivement, il n'y a plus vraiment d'armée mais des petits groupes professionnalisés qui font les pompiers sur les différents fronts. Le Hezbollah a la même fonction de pompier, tandis que les autres milices sont plutôt utilisées en défensive et comme chair à canon dans les grandes offensives.
J-P Filiu a écrit:
Cette contraction du périmètre d’action de l’armée loyaliste a amené l’émergence d’un vaste éventail de milices, aux titres d’autant plus ronflants que leur valeur militaire est discutable. Les militaires russes engagés sur le terrain, depuis plus d’un an, ont dû, après les « conseillers » iraniens, se frayer un chemin dans le maquis des groupes armés pro-Assad. Rien ne permet d’affirmer, contrairement aux allégations de certaines sources, que des soldats russes auraient combattu aux côtés d’irréguliers syriens.
On pourra dire ce qu'on veut, la diversité des milices pro Assad ne sera jamais que le pâle reflet de l'invraisemblable boxon des milices rebelles.
J-P Filiu a écrit:
Il est en revanche certain que le Kremlin a pris la mesure, avec un déplaisir à chaque fois croissant, du degré de corruption et d’indiscipline prévalant dans les rangs des pro-Assad. C’est pourquoi le président syrien a été convoqué à Moscou, en octobre 2015, dans un avion militaire russe. Ce déplacement est le seul de Bachar al-Assad à l’étranger depuis le début de la révolution syrienne en 2011 et il n’a été annoncé qu’après le retour du dictateur à Damas. Poutine a jugé nécessaire de préciser qu’il était lui-même à l’initiative de ce sommet russo-syrien. De manière plus générale, les officiers russes en Syrie ont pris directement en mains la conduite des opérations, notamment lors de l’expulsion de Daech hors de l’oasis de Palmyre. Cet interventionnisme russe de plus en plus pesant amène à s’interroger sur l’insistance mise par le Kremlin à un maintien d’Assad au pouvoir : il est désormais possible que le dictateur syrien, pieds et poings liés par Moscou, soit le seul dirigeant capable d’accepter un tel degré d’ingérence multiforme de la part de son « protecteur » russe.
Je ne pense pas que cette corruption ait été une surprise, les Russes connaissent très bien la Syrie, leur intervention en Syrie me paraît autrement plus réfléchie que la nôtre. Le problème de l'armée d'Assad est celle d'une armée d'appelés plongée dans une guerre civile. Beaucoup de soldats ont eu l'opportunité de déserter, opportunité facilitée par l'accueil des pays voisins. Dans les zones rebelles, sans travail, une des solutions est d'entrer dans une milice, les salaires payés avec l'argent du Golfe sont supérieurs à ce qu'on peut trouver dans l'armée. Captagon et récitation du Coran semblent efficaces pour créer une certaine cohésion dans les rangs rebelles, cela manque sans doute dans l'armée syrienne pour renforcer la "discipline". Mais on peut s'interroger sur qui sont les plus déçus: les instructeurs russes ou les instructeurs US (lorsque leurs recrues ne sont pas Kurdes)? Parce que tous les groupes que nous avons soutenus se sont révélés décevants, sauf les Kurdes et certains djihadistes.
J-P Filiu a écrit:
NEGOCIER A ALEP PLUTOT QU’A NEW YORK
En tout état de cause, le destin de la Syrie et de son président importe moins pour Poutine que la montée en puissance mondiale de la Russie, gagée sur le succès de l’aventure syrienne. Il est dans ces conditions vain d’espérer régler entre Washington et Moscou le sort de la Syrie, puisque, dans ce jeu à somme nulle, la Russie ne peut accepter qu’une victoire totale. La séquence récente à l’ONU le démontre d’autant plus crûment qu’elle a été suivie, depuis le 23 septembre 2016, d’un déluge de bombes russes sur Alep, avec destruction ciblée de trois des quatre centres de la Défense civile.
Oui contrairement à ce qui était sous entendu au paragraphe précédent, Assad et Poutine ne sont pas mariés et la politique russe restera marquée par l'opportunisme et le réalisme. Elle n'a pas les moyens d'être une "superpuissance globale", mais cherche plus simplement à ne pas être prise pour part négligeable (comme en Ukraine ou dans l'affaire libyenne) et se laisser marcher sur les pieds.
Destructions de centres de la défense civile? On a vu plus haut que la kalash n'était jamais très loin du casque de pompier. Et MSF l'a admis, ils sont en contact avec des volontaires qui leur disent que les bombardements ont touché des structures de secours (pompeusement appelées hôpitaux), ils n'ont aucun moyen de contrôler les dires des "témoins" et bien sûr il n'y a aucune cartographie de ces centres. Donc depuis quelques mois les bombes ne tombent plus que sur des "hôpitaux", jamais sur un QG, jamais sur un dépôt d'armes, non c'est toujours un "hôpital". A ce niveau d'imbécillité propagandiste, on se dirait que personne ne tombe dans le panneau. Et bien non ça marche et chaque fois que je fais la remarque, je ne m'attire que des commentaires désapprobateurs.
J-P Filiu a écrit:
Pour sortir d’une impasse aussi désastreuse pour le système international, il est urgent de s’atteler enfin à un cessez-le-feu entre belligérants syriens à Alep. Cette approche « locale », que je prône depuis janvier 2014, à rebours des grands-messes diplomatiques sur les bords du Lac Léman, passe par la neutralisation de toutes les forces étrangères, qu’elles soient russes, pro-iraniennes ou jihadistes. Elle a l’immense avantage de ne pas poser la question du pouvoir à Damas et de contourner ainsi un blocage assuré au Conseil de sécurité de l’ONU.
C'est quand même fort: la Russie participe activement au processus de réconciliation entamé par le gouvernement, processus basé sur des intiatives locales comme celle de Darayya. Filiu nous a dit tout le mal qu'il pensait de Daraya, ce "bastion de la Révolution" (voir un article de juillet où il n'a, une fois de plus, rien vu venir) où il défend en fait la position des jusqu'au-boutistes.
J-P Filiu a écrit:
Que Staffan di Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie depuis 2014, cesse de se lamenter dans les couloirs de New York ou de Genève. Qu’il se rende sur-le-champ à Alep pour travailler à cette « paix des braves » entre Syriens de l’Est et de l’Ouest de la ville. Le défi est immense, mais si, comme l’affirme Ban Ki-moon, le destin de l’ONU est en jeu, alors cette voie doit être explorée jusqu’au bout. La Russie est en guerre en Syrie, il est temps d’en tirer toutes les conséquences, au moins diplomatiques.
Paix des braves? Que signifie ici l'expression? C'est terriblement vague, d'autant que Filiu semble encore refuser tout réglement diplomatique incluant Assad (je ne sais trop si sa position a évolué sur le sujet). Et la dernière phrase est stupéfiante: "La Russie est en guerre en Syrie, il est temps d’en tirer toutes les conséquences, au moins diplomatiques.", la Russie en guerre c'est quelque chose de différent de n'importe quel autre pays en guerre? En quoi les conséquences à tirer devraient-elles être tellement différentes? D'autant plus que vu le contingent russe (4000 personnels), on peut même difficilement parler d'intervention de grande envergure.
Au Conseil de Sécurité, S. Powers (qui avait fait le forcing pour la géniale intervention en Libye) nous parle de barbarie, pourtant, il n'y a pas dix ans les Américains prenaient la ville de Falloujah dans des circonstances assez proches (bombardements massifs, utilisation d'armes dangereuses (bombes au phosphore, uranium appauvri)...), de qui se moque-t-on?