Le problème, au niveau des partis dits de gouvernements, c'est que globalement, à peu de choses près, on retrouve des politiques assez proches. Trop peu de social et les électeurs populaires fuient. Or, il y a aussi un vote de droite populaire. Trop, et c'est les artisans, les commerçants et les petits industriels qui renâclent. Trop de lois en faveur des entreprises, idem. Trop peu, le résultat revient au même. Bref, vu de l'extérieur, les différences semblent subtiles. Surtout qu'elles ne semblent pas avoir eu des résultats.
En fait,la vrai différence structurante ce retrouve au niveau de la mondialisation et de l'Europe. Mais, cette différence traverse les partis de gouvernements qui ont tous une aile réticente à la mondialisation ou à l'Europe. Il y a toujours un discours de droite, et un discours de gauche. Sauf que si on applique ce que l'on dit, on fait fuir les investisseurs. La droite a essayé de diversifier l'économie française en optant pour une société de services ou pour une société basée sur le tourisme. La crise de 2008 a montré que l'on ne pouvait pas vivre que sur cela et que c'est les pays les plus industrialisés qui s'en sont le mieux sorti. Mais, il est difficile de réindustrialiser le pays sans plaire aux investisseurs. Et si on ne plait pas aux investisseurs, on n'a donc aucune chance de faire reculer le chômage. Divers gouvernements ont essayé de réduire le nombre de chômeurs en privilégiant les contrats "aidés", mais ce ne sont que des mesures transitoires.
Bref, les partis de gouvernements tiennent des discours très fermes quand ils sont dans l'opposition, et ils font d'énormes compromissions dès qu'ils sont au pouvoir. Car, ils n'ont pas le choix. Les partis radicaux, dans les pays où ils sont arrivés au pouvoir, ou aux portes du pouvoir, se sont retrouvés avec des problèmes similaires : ou ils appliquaient leur programme, et le pays courait à la faillite, ou ils se compromettaient avec le "système" et ils continuaient à vivoter.
Dans les pays du nord de l'Europe, les personnels politiques ont pris l'habitude d'avoir un discours proche de l'action politique qu'ils vont mener. Car les électeurs exigent la plus grande transparence. Mais cela n'empêche pas la montée du populisme, puisque les politiques actuelles ne semblent pas en capacité de régler les problèmes qui se présentent.
Oui, il y a des idées. Mais, on ne peut pas être à la fois pour et contre l'Europe, ou pour et contre la mondialisation. Or, que ce soit au PS ou aux LR, il y a des clans assez importants qui se retrouvent opposés à la ligne directrice du parti. Et tout le monde sait bien que lorsque l'on sera au pouvoir tout en prétendant faire ceci ou cela, il faudra mener peu ou prou une politique en continuation avec celle qui est à l’œuvre depuis une vingtaine d'années.
De plus, tout le monde est d'accord ou presque : - il faut alléger le mille-feuille administratif français. Sauf que toutes les tentatives ont échouées puisque les cadors des partis concernés (UDF ou PS) s'y sont opposés. - il faut alléger la fiscalité des petites et moyennes entreprises pour quelles puissent embaucher. Sauf que si le marché ne redémarre pas en même temps, les entreprises n’embauchent pas et cet argent disparait dans les poches des actionnaires. - il faut pérenniser notre système des retraites. En fait, pas autant que l'Allemagne qui a un vrai problème démographique. - ...
Je pourrais continuer à égrener la liste pendant des pages, le constat est partagé par tous les partis de gouvernement. Fillion, quand il était Premier Ministre avait déclaré que notre déficit était trop important. Sauf qu'il a été contredit assez vite par le Président de la République et que c'est sous ses gouvernements que l'on a beaucoup creusé les déficits. Hollande a voulu toucher au mille-feuille administratif, il a été obligé de faire tellement de concessions, s'ils désirait que "sa" majorité vote le texte, qu'il n'a quasiment rien résolu. Ces exemples montrent que les blocages des gouvernements venaient des partis. Entre ce que désirent les militants, ce que déclarent les cadors pour motiver leurs troupes, et ce que les députés sont prêts à voter, il y a une certaine marge. En partie puisque les députés savent qu'ils vont devoir se représenter devant leurs électeurs et que ceux-ci n'ont pas tout à fait la même vision que leur base militante.
Ces doubles, triples ou quadruples discours, selon les publics auxquels on s'adresse, troublent la visibilité du message gouvernemental. Surtout que parfois, à quelques semaines d'intervalles, la même personnalité politique peut dire 2 choses différentes, car il ne s'adresse pas aux mêmes publics. Du coup, on se demande bien quand est-ce qu'ils disent la vérité.
Les partis radicaux n'ont pas ce problème. Enfin n'avaient pas ce problème. On a vu durant la campagne électorale pour le premier tour certains des candidats dire que l'on avait mal compris leur programme, car les réactions montraient que tel pan du programme ne plaisait pas à une partie de l'électorat et que cela leur faisait perdre des points dans les sondages. Et cela a touché tous les 4 principaux candidats à un moment ou l'autre de la campagne
_________________ Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable
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