Aigle a écrit:
peut-être. je ne suis pas théolgien mais je note que sur le plan historique et géopolitique, les fondements de la croyance religieuse sont soit la simple tradition familiale/régionale/nationale soit la peur de l'enfer et l'espoir d'aller au Paradis.
C'est parce que vous avez encore du mal à faire la distinction à l'horizontal et le vertical (même si les deux sont très liés). Et malheureusement, il est plus facile pour un historien d'étudier le fait religieux comme fait politique que d'entrer dans la théologie et la spiritualité. Pourtant, ce serait une faute méthodologique pour un historien que de réduire son champs d'étude à ceux qui sont dans le communautarisme et la dualité. Ce sont malheureusement toujours les plus clivants qui dominent l'actualité et qui font l'histoire...
Actuellement, la question se pose aussi en Islam. Les terroristes islamistes sont-ils musulmans ? (éléments de réponse : oui sur le plan culturel/horizontal, et, non sur le plan spirituel/vertical/ontologique). Les musulmans traditionalistes sont-ils représentatifs de la population musulmane ? Ne serait-ce pas faire un amalgame ?
De même, ne serait-ce pas faire un amalgame que de faire représenter le catholicisme par des personnes qui se disent catholiques, mais qui ne le sont pas dans leur cœur ? La problématique existait déjà, il y a mille ans, lorsque Pierre le vénérable, abbé de Cluny, discourait sur la nécessité pour le chrétien de se convertir soi-même. En pleine période des croisades, il appelait l’Église à convertir les chrétiens auto-proclamés plutôt que de chercher à convertir les musulmans.
.. cela rappelle que tout au long de son histoire, l’Église (la communauté) a été composée d'hommes et de femmes qui ont cherché à faire vivre la religion de façon spirituelle.. (d'ailleurs beaucoup ont du fuir la famille et ont rompu avec la tradition pour cela).
et cela illustre également que l’Église (la communauté) a toujours eu conscience du fait ''identitaire". Même si le concept est moderne, le principe est le même ; l'homme a toujours utilisé la religion à des fins personnels. Il se proclame chrétien pour être reconnu comme tel aux yeux des autres. Il est chrétien mais en surface seulement... l'historien peut-il se faire avoir ?
Aigle a écrit:
Quant à transformer le monde, il faudrait savoir dans quel sens ... bien des catholiques rêvent aujourd'hui encore de changer le monde en abolissant la République, en réorganisant des croisades, en interdisant le divorce et l'avortement... tandis que d'autres rêvent d'autogestion et de coopératives. Le moins qu'on puisse dire est que le catholicisme est très souple en ce qui concerne la définition du monde terrestre idéal ...
Ca dépend de quel catholicisme vous parlez.
Si vous réduisez le catholicisme à des faits sociétaux, vous trouverez une grande diversité de façon de penser et de se comporter.
Si vous élevez le catholicisme à de la spiritualité, alors vous ne trouverez qu'une seule façon de changer le monde : renoncer à vouloir imposer son modèle au monde et surtout - et c'est l'essentiel, chercher à se connaître soi-même et à se changer soi. Car pour - pour paraphraser une célèbre prière -, c'est en donnant de l'amour qu'on reçoit de l'amour. C'est en se donnant au monde, que le monde vient à soi.
Je ne cherche pas tant être compris qu'à comprendre.
Je ne cherche pas tant être aimé, qu'à aimer...Dans le christianisme, chaque épreuve est considérée comme une occasion donnée par Dieu, (voire un cadeau) pour mieux apprendre à se connaître soi-même et à se changer (en Christ). Si avec l'expérience terroriste actuelle, les catholiques se réfugient dans le communautarisme, c'est qu'ils ont vraiment rien compris au christianisme. Mais alors vraiment rien...