Aigle a écrit:
Ils étaient tous très choqués par le BREXIT. Leur mécontentement vient du fait que le peuple britannique fait un choix doublement scandaleux en donnant la priorité à l'indépendance nationale sur la construction européenne et à son identité propre plutôt qu'a adhésion aux valeurs européennes.
Ils étaient tous insensibles à l'idée que le royaume-uni aurait peut être plus de points communs avec le Canada ou les États Unis qu'avec l'Italie ou la Pologne.
Amusant ! On dirait d'un vulgaire gouvernement français découvrant au détour d'une augmentation "écologique" du prix des carburants qu'il existe une France qui galère et qui ne suit plus. Ces peuples sont décidément insupportables, qui se mêlent de faire entrer leur réalité dans des constructions intellectuelles parfaites ! (Entendons nous bien : je ne porte pas de jugement de valeur sur les choix anglais ou la colère des Gilets Jaunes. Ce qui me fait sourire est la surprise et le désarroi des "élites" confrontées à l'intrusion de l'opinion populaire dans une mécanique qu'ils estimaient parfaite.)
Et puis soyons honnêtes : que construit encore la "construction européenne" ? il n'y a plus réellement de dynamique européenne.
(Pour ma part, je ne décolère pas de la participation des Pays-Bas, de l'Angleterre et de l'Italie au projet du F-35 américain - Ces 3 pays ont pourtant été partie prenante de l'Eurofighter Typhoon. L'Allemagne, en principe, se réserve pour développer avec la France le successeur du Rafale. Il n'y aura donc que deux pays pour permettre l'existence d'un avion de combat moderne, dans le monde occidental, qui ne soit pas américain. L'Europe, 27 pays et 400 millions d'habitants, est infoutue de fabriquer son propre avion de combat, et les pays de l'Est, en particulier les Pays baltes, s'aperçoivent soudain qu'ils dépendent des foucades de Trump pour leur défense. Elle est propre, l'Europe de la défense !)
Mais ce n'est qu'un sujet parmi tant d'autres.
Citation:
Quant au référendum, on m'a même dit qu'il avait été truqué par la Russie (le complotisme est partout...) et donc sans valeur ...
là ça donne une idée de l'ampleur du désarroi intellectuel dont je parlais plus haut. Faute de comprendre l'existence - et encore moins la motivation - d'un courant opposé à l'Europe, on cherche dans l'événement la main du diable. Ce ne sont pourtant pas les pays avec une forte composante eurosceptique qui manquent.
(De Gaulle, à propos d'une décision européenne de ne pas tenter de mission lunaire :"Les Volapücks ont raison. Pourquoi iraient-ils dans la Lune ?
Ils y sont déjà !")
Citation:
En tout cas ils étaient tous convaincus que le BREXIT devait être le plus sévère possible non pas d'ailleurs pour punir les britanniques mais surtout pour éviter une contagion...
ça c'est à la fois infect et parfaitement contre-productif.
j'adore l'alibi :"Non, il ne s'agit pas de punir les Britanniques, c'est juste pour faire peur aux autres candidats éventuels au départ." Moyennant quoi, on le voit venir, les Britanniques vont la sentir passer, au point que seule la crainte d'un impact économique en retour, sur l'Europe, va limiter l'ampleur de la correction.
Outre le fait qu'une plongée économique anglaise ne profitera à personne (sans parler des tracasseries individuelles, ou des blocages du transport) l'Europe va faire la preuve qu'elle est un club dans lequel on peut entrer mais pas en sortir. - ce qui pose d'ailleurs question sur sa nature démocratique : même un club de belote n'imaginerait pas une clause pareille - L'effet sur les opinions européennes est prévisible : qui se sentirait satisfait d'apprendre que son pays est ainsi enfermé ? l'Europe va apporter de l'eau aux moulins de ses opposants !
Citation:
Autre chose : mes interlocuteurs non allemands étaient tous très inquiets d l'influence croissante de l'Allemagne au sein des institutions. Pas seulement en raison du tropisme germanophile de Juncker et de son SG, Salmayer, mais surtout en raison du nombre d'allemands occupants des postes clefs à la tête des cabinets et des directions générales.
Le BREXIT allait mécaniquement renforcer le poids de Berlin au sein du Conseil (qui n'est pas le seul organe décisionnel mais encore le principal ...).
Les chikaïas, les rapports de force, les jeux de pouvoir, et les jeux de couloirs entre Truc et Bidule dans cette organisation dont on ne sait plus ni où elle va, ni même à quoi elle sert, on cessé de m'intéresser. C'est un Machin de plus, aurait dit De Gaulle.
Ce que je mesure, c'est que s'il se produit un FREXIT l'Europe explose et cesse d'exister. Ce qui nous donne un poids décisif pour exiger que le Machin se fixe des objectifs politiques, et se réforme. A un moment, il faut taper sur la table.
Je me demandais, innocemment, quel effet ferait l'annonce que la France réfléchit à une éventuelle décision unilatérale, qui consisterait à rendre conditionnelle - selon des modalités à définir - l'application des décisions européennes et l'intégration des nouvelles lois européennes dans le droit national...
Là je crois qu'on pourra commencer à discuter sérieusement...