Citation:
En réalité, si l’on considère que le plus grand danger qui nous menace est le réchauffement climatique et que tous les efforts doivent être subordonnés à la lutte contre celui-ci, on doit conclure que beaucoup de ces sujets sont secondaires, nuls, voire contre-productifs.
Si vraiment le priorité est la lutte contre le réchauffement climatique, alors le nucléaire, les OGM, les déchets, la pollution à l’ozone et aux particules, etc. ne sont des sujets que dans la mesure où ils permettent des décisions favorables à cet objectif.
Non. Appliquer un tel raisonnement à la sécurité aérienne donnerait : si l'on considère que le plus grand danger est la panne de moteur et que tous les efforts doivent être subordonnés à l'obtention d'une sécurité de fonctionnement des moteurs, on doit conclure que beaucoup d'autres sujets comme la fiabilité de la cellule sont secondaires, nuls, voire contre-productifs.
Il n'y a pas qu'un danger, le réchauffement climatique, il y en a plusieurs et il est impératif de tous les traiter. C'est particulièrement difficile parce, généralement, une solution apportée à un problème en aggrave un autre. On est perpétuellement condamné à naviguer entre Charybde et Scylla.
Citation:
que ce soient nos média qui ne comprennent rien (ou trouvent plus facile de rester dans le simplisme), ou les verts médiatiques qui veulent tout tout de suite
La question est mal posée.
Nos media : ils sont ce qu'ils sont et ce qu'ils ont toujours été, le reflet de la société. Ils sont divers tant par les sujets qu'ils traitent que par les publics auxquels ils s'adressent. En ce qui concerne les media grands publics généraux d'information tels les chaînes de télévision à couverture nationale ou les grands quotidiens ou hebdomadaires, ils ne présentent pas les solutions adéquates, ce n'est pas leur objet, ils expriment des préoccupations et informent le grand public de façon nécessairement succincte. Ils peuvent répandre des billevesées, ne pas explorer les sujets en profondeurs, flatter l'émotion plutôt qu'appeler à la raison mais, l'un dans l'autre, ils informent et c'est aux citoyens de s'interroger, d'interroger les politiques et les media et d'exprimer leur volonté. Les media tout comme les politiques offrent ce qu'on leur demande et, lorsque je compare ce qui se dit sur le comptoir du café du commerce et ce que je perçois des media et du personnel politique, je trouve que ces derniers se comportent plutôt honorablement.
Quant aux Verts mediatiques, ils ne veulent pas tout tout de suite, ils veulent que soient prises tout de suite des mesures qui auraient du être prises depuis des années voires des dizaines d'années. Ils ne s'y prennent peut-être pas comme il le faudrait mais c'est une autre question.
Le terme de transition énergétique a un sens. Il désigne le passage d'un mode de production et de consommation d'énergie fondé sur l'exploitation de ressources qui s'épuisent, qui contribuent au réchauffement climatique et qui présentent des dangers pour l'environnement ou pour la santé vers un mode de production et de consommation d'énergie fondé sur l'exploitation de ressources renouvelables tout en réduisant les dangers environnementaux et sanitaires.
Citation:
Le nucléaire, typiquement, est bon à prendre. C'est quoi cette folie de réduire la part du nucléaire à 50% ? Il nous faut mettre en oeuvre rapidement une production massive d'électricité, parce qu'on en a besoin pour supprimer le pétrole dans les voitures. Fermer des centrales est un non sens.
J'étais très favorable au nucléaire jusqu'à la catastrophe de Fukushima. Il y avait eu auparavant celle de Tchernobyl. Mais il était entendu qu'elle était due à toutes les tares du système soviétique. Soit. Cependant, les Japonais sont des gens sérieux. Ils avaient tout de même négligé le risque de tsunami. Mais il n'y a pas de risque de tsunami en Europe. Certes, mais il y a certainement d'autres risques et je doute fort qu'ils aient tous été estimés à leur juste valeur. Le simple fait que la catastrophe de Fukushima a eu pour effet un renforcement des normes ailleurs dans le monde et la création d'organismes de contrôle qui n'existaient pas auparavant comme l'Autorité de Sûreté Nucléaire en France prouve que les précautions prises antérieurement étaient insuffisantes et l'on ne peut affirmer que les précautions actuelles sont suffisantes. Le risque nucléaire est tel qu'il faut atteindre le risque zéro. Or le risque zéro n'existe pas.
Outre la question du risque, se pose celle du traitement des déchets. Il n'existe toujours pas de solution satisfaisante. Tout ce qu'on a trouvé pour les déchets ultimes est de les enfouir dans le sous-sol sans possibilité de surveiller l'état des contenants qui devront rester étanches pendant des dizaines de milliers d'années. Cela paraît bien aventureux.
Se pose enfin la question de la rentabilité économique. L'EPR est un gouffre financier. Les Chinois en ont déjà en exploitation industrielle, mais reste à prouver qu'ils n'ont pas toléré quelques concessions sur la qualité de fabrication et donc sur la sécurité. Ensuite, une fois le coût de construction connu, de l'ordre de dix fois le coût initialement prévu, il faudra supporter les coûts de maintenance, très vraisemblablement sous-estimés et, enfin, les coûts de démantèlement, encore inconnus. Aucune installation nucléaire n'a encore été entièrement démantelée. Tout cela m'amène à considérer l'énergie nucléaire comme une double impasse, technologique et économique.
On aura d'autant moins besoin d'énergie de source nucléaire que, d'une part on saura limiter la consommation d'électricité, des progrès sont possibles en ce sens, et, d'autre part, on saura mieux recourir à d'autres modes de production. Lorsque la majorité des bâtiments porteront en toiture des panneaux photo-voltaïque, on aura grandement diminué les besoins de production centralisée. Il y a encore bien d'autres possibilités de production décentralisée.
Sur le glyphosate.
Citation:
Justement, scientifiquement, rien n'est prouvé sur ce plan-là .
Non, mais il y a suffisamment d'indices concordants pour qu'il faille cesser de l'employer. Un agriculteur américain est parvenu à faire condamner Monsanto. C'est que son dossier à charge était solide.
Il ne faut pas se focaliser sur le seul glyphosate. Des quantités de substances apparues depuis les cinquante dernières années se diffusent dans l'environnement et l'on constate que, même à des doses infimes, cela a des effets sur la faune et la flore ainsi que sur la santé humaine. Certains scientifiques prévoient une régression de l'espérance de vie. Il devrait y avoir dans les décennies à venir moins de centenaires qu'actuellement. Les centenaires d'aujourd'hui sont des gens qui ont bénéficié des progrès de la médecine et d'une meilleure qualité de vie sans subir toutes sortes de nuisances récentes. Il y a par exemple un phénomène étrange : la production de spermatozoïdes chez l'être humain a décru de 50% en deux générations. Ce n'est peut-être pas très inquiétant, l'espèce humaine n'est pas menacée de disparition, mais une prudence accrue dans l'utilisation des productions chimiques de toutes sortes et leur rejet dans l'environnement s'impose. La sixième grande vague d'extinction des espèces semble avoir commencé. Il faut s'en préoccuper très sérieusement.
Citation:
Vous êtes vous déjà posé la question de savoir pourquoi les agriculteurs utilisent ce type de produit ?
Oui, bien sûr et je ne jette pas la pierre aux agriculteurs. Ils recherchent la rentabilité économique de leur exploitation, ce qui est parfaitement légitime. L'interdiction du glyphosate et, plus généralement, un changement profond, et nécessaire, dans les modes de production agricole aura une incidence sur les coûts et le consommateur devra assumer. C'est très bien d'appeler les industriels et les agriculteurs à être responsables. Mais il faut aussi que les consommateurs le soient. Certes, ils le deviennent peu à peu. Ainsi le bio progresse-t-il, l'hypermarché où je m'approvisionne propose-t-il des produits provenant d'une filière garantissant un juste prix au producteur, un peu plus chers que les autres qui trouvent néanmoins preneurs. Mais cela ne suffit pas. La puissance publique doit intervenir. On ne peut se contenter d'inciter car se refuser à la coercition est donner une prime aux moins vertueux. La grande difficulté est que, dans un marché mondialisé, il faudrait une puissance publique internationale qui n'existe pas. Ou si elle existe, c'est par le biais d'organismes tels l'OMC et cela requiert un consensus international. Avec un Trump à la tête des Etats-Unis, ce n'est pas gagné.