Raphaël Glucksman, qui mérite d'être lu de quelque bord politique qu'on soit, fait également le même constat géographique : "les démocrates se sont aperçus qu'il y avait de nombreux états entre les deux côtes."
De fait Hillary Clinton a été légèrement majoritaire en voix, mais totalement écrasée en nombre de grands électeurs.
Il raconte sa première rencontre, assez décoiffante, avec Trump, à New York. Après une réunion de travail, celui-ci l'invite au théâtre, où Glucksman s'aperçoit qu'il y a une vraie ferveur autour de Trump. (La séance est retardée parce qu'un partie des spectateurs veut absolument un selfie avec Trump.)
Un peu abasourdi, il va ensuite manger, à Brooklin, chez des amis démocrates et leur demande s'ils ne pensent pas que Trump a une chance. Eclat de rire :"When pigs fly" ! ("Quand les cochons voleront", qui se dit chez nous "quand les poules auront des dents".)
"Depuis, conclut-il, les cochons volent et les poules ont des dents."
J'ai beaucoup aimé cette phrase :"Hillary Clinton a été battue parce qu'elle n'avait pas la moindre notion du problème soulevé par son adversaire." (Entre autre, le sentiment de déclassement des blancs pauvres et d'une partie de la classe moyenne, avec lesquels Glucksman accuse les démocrates de s'être totalement déconnectés.)
A noter que Michael Moore, lui, (sans doute plus proche de la réalité populaire, et de plus originaire de Flint, Michigan, une annexe de Detroit) avait vu venir Trump en faisant la même analyse, prémonitoire, notamment sur le vote des états "déclassés" du Middle West (La région autour et au sud des Grands Lacs) qu'on appelle désormais la "Rust Belt", la ceinture de la rouille, du fait des usines perdues et des maisons abandonnées.
Je remets le lien, je trouve que c'est bien écrit :
https://www.huffingtonpost.fr/michael-moore/trump-president-etats-unis_b_11192430.html