Aigle a écrit:
Oui cher Pierma.
Ce qui renvoie à une d'autres questions : pourquoi les démocrates ont ils ainsi évolué ? Pourquoi se sont il coupés du petit peuple blanc ?
On peut imaginer que la réponse se trouve à New York et dans les universités de Nouvelle Angleterre et de Californie, c est à dire des cercles intellectuels pour lesquels la "question sociale " a été marginalisée par l'attention portée à la question raciale et au féminisme ...
Ce phénomène de bobo-ïsation (désolé pour ce vilain néologisme) existe, aucun doute, mais il ne peut pas tout expliquer, à mon avis.
En lisant l'article de Michael Moore, on reste confondu d'apprendre que Hillary Clinton a pesé en faveur de l'Aléna (Alliance de Libre-échange Nord Américaine) dont le premier effet était de supprimer les barrières douanières avec le Mexique... qui est LE pays où les constructeurs automobiles américains - entre autres industriels - ont délocalisé à tour de bras, pour une raison géographique évidente.
Ce qui revenait à pousser au crime sur les délocalisations. (C'est ce mystère qu'il faudrait éclaircir : il y avait pourtant une alliance remontant à l'après-guerre entre les démocrates et les ouvriers de l'automobile, dans ces états du Midwest. Acceptation fataliste de ces délocalisations, dans un contexte de guerre des prix à l'échelle du globe ? Pour un cerveau américain, remettre en cause le libre jeu du capitalisme n'est pas immédiat ! D'ailleurs, la France fait-elle autre chose ?)
Dans ces conditions, et dans le contexte électoral américain, où le recours au vote extrémiste n'existe pas, il est possible que les ouvriers (et à fortiori les ex-ouvriers) aient disparu des écrans radars parce qu'ils avaient cessé de voter.
Il me semble, en toute logique, que dans un pays où il y a 50% d'abstention aux élections, il est possible de gagner plus facilement des électeurs en motivant ceux qui ne votent plus qu'en faisant changer d'avis ceux du camp d'en face. L'idée serait que Trump, en étant le premier à mettre le doigt sur le drame de la désindustrialisation, a pu ramener aux urnes des gens qui n'y allaient plus.
Cela je n'en sais rien, mais les politologues américains le savent sûrement.
Il me semble que Trump a renversé la table électorale en remettant en cause le principe du libre-échange à tout va : le gisement d'électeurs (re)mobilisables était là. (C'est une transgression de tous les principes américains centenaires sur la liberté économique, que seul un individu primaire et mal dégrossi - mais milliardaire, ce qui le rend audible sur ce sujet, ce n'est pas un vague théoricien universitaire gauchiste - pouvait oser.)
En somme il aurait été le seul à répondre, en toute démagogie, à une demande que tous les autres politiques, y compris républicains (et peut-être surtout républicains) estimaient impossible à satisfaire.
De fait si on regarde la guerre des tarifs douaniers engagée contre tous, mais très violemment contre la Chine, c'est chaud ! (Ils en sont à taxer leurs produits respectifs à 35% !)
Là je commente sans certitudes. Il nous manque un bon connaisseur des USA : nous avons beaucoup perdu avec Tonnerre. (Qui nous en dirait plus sur les autres transgressions - sensées ou non - du personnage.)