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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Sam 2 Mar 2019 17:43 
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Entendu récemment à la télé : En France, 2 achats (ou leasing) de voitures neuves sur trois sont des SUV.

Je ne sais pas ce qu'il faut penser de ce chiffre étonnant. Le journaliste ajoutait que les SUV ont tué le marché des monocorps, dont la vocation familiale paraissait pourtant assurée.

(le paradoxe c'est qu'on a très souvent affaire à des 4X4... à deux roues motrices ! Il y a la mode, lourde et coûteuse... et il y a le besoin réel : personne n'a besoin d'un 4x4, en dehors peut-être des départements de montagne.)


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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Dim 3 Mar 2019 00:17 
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Geopolis a écrit:
Je retourne à mon Taleb (Le Cygne Noir. La puissance de l’imprévisible, 2007) et ses analystes pronostiqueurs escrocs malgré eux. Il rengorge d'anecdotes très amusantes, parmi lesquels celle de l'inculte de Brooklyn qui retombe toujours mieux que le grand analyste formé dans les meilleures écoles (et pourquoi il prévoit mieux qu'eux), ou encore l'exemple du glaçon qui se transforme en eau, démontrant que si on peut globalement se souvenir d'un passé et anticiper un futur proches, on ne peut pas modéliser précisément le passé - alors le futur... Taleb qui avait publié en août 2001 qu'un avion terroriste pourrait très bien atterrir dans un bureau à New York ou, dans son essai de 2007, qu'on était probablement à la veille d'un nouveau crash financier (après celui de 1987, que toute les modélisations savantes écartaient) parce que les statisticiens repêchaient encore et toujours par excès de confiance dans leurs analyses mathématiques. Ces scénarios lui valent une attention superstitieuse des pronostiqueurs, lui s'en amuse, sachant qu'il ne sait rien de l'avenir, sinon son imprévisibilité.

J'avoue que cette description est alléchante.

je crois que la corporation qui se méfie le plus des cygnes noirs est celle des militaires. Ils en ont tant vu ! Ils savent donc que "demain est masqué" et se soucient davantage d'avoir l'organisation et les matériels les plus compliants, plutôt que de préparer avec une rigueur parfaite la guerre précédente.

Tiens, une anecdote : il y a quelques années, l'US Navy s'est préoccupée de vérifier avec certitude qu'elle pourrait maîtriser un affrontement dans les eaux du golfe Persique, le perturbateur imaginé étant l'Iran, sans que trop de pétroliers se fassent exploser dans la bagarre.
D'où une simulation de bataille sur ordinateur, un amiral et son état-major dirigeant chaque camp. Après plusieurs jours de travail, le camp bleu semblait devoir l'emporter largement, lorsque l'amiral commandant le camp rouge (l'ennemi, traditionnellement) monta une attaque surprise massive dont le gros des forces était un nuée de vedettes lance-torpilles, et surtout de hors-bords suicide bourrés d'explosifs. Il laissa sur le carreau 2 porte-avions géants et une flopée d'escorteurs, y compris un croiseur de type Aegis, dont les capacités défensives automatisées sont pourtant très impressionnantes.

Après analyse et debriefing, son offensive fut jugée non réaliste. ("ils n'ont pas tant de hors-bords, nous aurions détecté les préparatifs...) Les ronds de cuir n'aiment pas les cygnes noirs, même simulés.

Cela dit, votre Taleb joue sur du velours. Depuis que la science existe, les économistes sont ceux qui se sont toujours constamment trompés, avec un enthousiasme qui fait peur à voir.

Méfiant envers les théories absolues, Keynes disait :"Je préfère avoir vaguement raison, que tort avec la plus grande rigueur." (de fait les économistes qui attendaient que la "main invisible du marché" mette fin à la crise de 29 étaient aussi péremptoires que dangereux.)

Les économistes ont deux excuses : d'abord l'objet d'étude de leur science évolue constamment. En 20 ans, l'explosion d'Internet, par exemple, a complètement modifié, entre autres, les conditions pratiques de l'exercice de l'offre et de la demande.

(Par exemple - c'est un phénomène intéressant, je le commente pour le plaisir - on a dû théoriser " l'effet de longue traîne", qui permet d'offrir à la vente des dizaines de milliers de références, dont une bonne partie ne sera vendue qu'à un ou deux exemplaires - et peu importe dans quel entrepôt perdu elles sont stockées, c'est la rareté, pas le délai, qui fait la vente. Hors cette "longue traîne" peut à la fois constituer un facteur d'intérêt pour la clientèle - donc une source d'attractivité - et un chiffre d'affaire très réel. Facteur de compétitivité, donc.

Il va de soi que ce phénomène a été exploité par des directeurs commerciaux bien avant que des économistes ne le remarquent et le théorisent.

Evidemment, aucun magasin physique ne peut présenter autant de références dans ses rayons, et donc ces ventes potentielles étaient jusqu'alors à peu près considérées comme perdues, sauf à mobiliser un vendeur pendant deux heures : on était dans la catégorie E, "le cimetière", du classement ABC des ventes. - Le "cimetière" est également une zone bien connue des managers d'entrepôts : c'est la zone des 5 à 10% de produits qui représentent 0,1% des mouvements de picking. Celle qui coûte toujours trop à stocker et gérer, parce qu'elle ne rapporte rien.)

Internet est donc un "diable dans la boite" pour les économistes, mais il y en a d'autres. (Considérez seulement l'incidence économique - ou pas - des facteurs de réduction du pétrole dont nous discutons sur ce fil : on peut parfaitement imaginer un "cygne noir" climatique ou écologique qui provoque demain matin une désaffection - même simplement tendancielle - sur le marché pétrolier, avec des conséquences incalculables. Voyez Fukushima, dans le nucléaire...)

Deuxième cause systémique d'erreurs : l'épouvantable promiscuité entre les économistes et le monde de la finance - voire des médias - qui réclame des oracles, des prophètes, et qui veut les adorer, mise en lumière intellectuelle à laquelle il est difficile de résister. Vous aurez forcément remarqué que chaque grande crise financière a pourtant été annoncée par un ou plusieurs économistes, étanches à ce phénomène et qui avaient su garder la tête froide.

En revanche on n'a jamais vu les financiers brûler un prophète : les économistes sont remarquables lorsqu'il s'agit d'analyser pourquoi une crise s'est produite. Un peu comme les historiens, mais ce n'est pas ce qu'on attendrait spontanément de la science économique.

Donc je trouve que flinguer les économistes, c'est un peu tirer sur l'ambulance la plus poussive du monde scientifique.


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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Dim 3 Mar 2019 13:19 
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Disons qu'une fois qu'on a lu "L'anti-manuel d'économie" de Bernard Marris, on comprend les limites de l'économie qui est une science à la frontière entre les sciences dures et les sciences sociales. Elle utilise énormément de formules, mais elle essaye de mettre en équation un être éminemment anti-rationnel : l'Homme.

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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Dim 3 Mar 2019 13:27 
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En ce qui concerne les "cygnes noirs", certains "scientifiques" très proches des milieux environnementalistes reprochent au GIEC de ne pas être assez réaliste.... J'ai mis "scientifiques", j'aurais pu, pour certains d'entre eux parler d'experts auto-proclamés.

Quand on fait une étude, on étudie plusieurs scénarios. En fait, en fonction des moyens, on se limite souvent à 3 scénarios. L'un ou tous les perturbateurs sont minimisés, l'une où leurs effets sont maximisés et un scénario "médian". Dans une étude scientifique, on met en avant le scénario médian en étudiant les écarts d'avec les 2 autres scénarios et en expliquant donc quelles sont les probabilités que ce scénario médian se réalise. En fait, cela revient à définir une zone réaliste autour du scénario médian.

Les experts rattachés au mouvements environnementalistes mettent tous les curseurs au maximum. Ils arrivent à un scénario catastrophe qui leur permet de réclamer des mesures extrêmes, et ils perdent en crédibilité (sauf auprès de ceux qui pensent déjà comme eux et qui sont donc plus dans la croyance que dans le savoir). Tout cela fait le jeu du camp opposé qui préfère souvent discuter des scénarios extrêmes, plutôt que du scénario réaliste

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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Dim 3 Mar 2019 21:21 
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Oui, il y a une composante apocalyptique chez certains écolos.

Et alors une tendance permanente, que je retrouve chez près de 30% des intervenants du groupe Facebook "Avec Nicolas Hulot" auquel je me suis abonné, est non seulement la tentation autoritaire, mais tout bonnement une tentation totalitaire.
Présentée d'ailleurs en toute naïveté (l'ère des totalitarismes est loin, dans les esprits) avec des propositions qui me font dresser les cheveux sur la tête, alors qu'on me répond avec candeur :"Mais non, ce n'est pas totalitaire, c'est pour sauver la planète; Pourquoi dites vous totalitaire ? " ! Bein voyons : nous sommes Le Bien ! (On entend ce refrain depuis l'Inquisition, au minimum.) Et ces gens-là ne comprennent et ne voient pas du tout le problème.
Et c'est un festival :
- imposer un ration alimentaire (bio) définie à chaque citoyen ! (Hé oui, comme sous l'occupation, avec des tickets, c'est vraiment ce que vous voulez ?)
- Créer des tribunaux pour juger les refus de lutter contre le réchauffement, ou l'abstention écologique en général.
- Créer le crime international de "écocide". Compte tenu du fait que jamais l'ONU ne trouvera de majorité pour une folie pareille, les juristes "écolos" qui se sont penchés sur cette ineptie proposent tout simplement d'en faire d'office une variante du crime contre l'humanité, qui serait donc applicable dans la foulée.

Narduccio a écrit:
Disons qu'une fois qu'on a lu "L'anti-manuel d'économie" de Bernard Marris, on comprend les limites de l'économie qui est une science à la frontière entre les sciences dures et les sciences sociales. Elle utilise énormément de formules, mais elle essaye de mettre en équation un être éminemment anti-rationnel : l'Homme.

Il y a de nombreux économistes qui critiquent violemment cette tendance à tout vouloir modéliser à l'aide des mathématiques, comme totalement artificielle et présomptueuse, une tentative d'imiter la physique, ce qui en définitive constitue un obstacle à la réflexion théorique réaliste.


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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Dim 3 Mar 2019 23:30 
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pierma a écrit:
Oui, il y a une composante apocalyptique chez certains écolos.

Et alors une tendance permanente, que je retrouve chez près de 30% des intervenants du groupe Facebook "Avec Nicolas Hulot" auquel je me suis abonné, est non seulement la tentation autoritaire, mais tout bonnement une tentation totalitaire.
Présentée d'ailleurs en toute naïveté (l'ère des totalitarismes est loin, dans les esprits) avec des propositions qui me font dresser les cheveux sur la tête, alors qu'on me répond avec candeur :"Mais non, ce n'est pas totalitaire, c'est pour sauver la planète; Pourquoi dites vous totalitaire ? " ! Bein voyons : nous sommes Le Bien ! (On entend ce refrain depuis l'Inquisition, au minimum.) Et ces gens-là ne comprennent et ne voient pas du tout le problème.
Et c'est un festival :
- imposer un ration alimentaire (bio) définie à chaque citoyen ! (Hé oui, comme sous l'occupation, avec des tickets, c'est vraiment ce que vous voulez ?)
- Créer des tribunaux pour juger les refus de lutter contre le réchauffement, ou l'abstention écologique en général.
- Créer le crime international de "écocide". Compte tenu du fait que jamais l'ONU ne trouvera de majorité pour une folie pareille, les juristes "écolos" qui se sont penchés sur cette ineptie proposent tout simplement d'en faire d'office une variante du crime contre l'humanité, qui serait donc applicable dans la foulée.


On m'avait proposé d'aller sur cette page, j'ai préféré m’abstenir. Je vais parfois sur la page Transition 2030. Il y a des réalistes, et il y a des gens qui sont vraiment dans un drôle de trips...

Moi, je me contente d'aller sur la page des écologistes pour le nucléaire. Pragmatiques, et ils sont vraiment pour que l'environnement souffre le moins possible... ;)

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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Lun 4 Mar 2019 19:56 
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pierma a écrit:
je crois que la corporation qui se méfie le plus des cygnes noirs est celle des militaires. Ils en ont tant vu ! Ils savent donc que "demain est masqué" et se soucient davantage d'avoir l'organisation et les matériels les plus compliants, plutôt que de préparer avec une rigueur parfaite la guerre précédente.

Pensez si j'ai pensé à vous ! (C'est - normalement - ma dernière parenthèse sur Taleb et le doute, elle est hors sujet mais l'extrait suivant traite par ailleurs des prospectives en général et des prospectives militaires en particulier.)
Citation:
Un jour de printemps, il y a quelques années, j’eus la surprise de recevoir une invitation d’un groupe de réflexion sponsorisé par le département de la Défense aux États-Unis ; j’étais convié à un brain-storming sur le risque qui devait se tenir à Las Vegas à l’automne suivant. […] Et, choix symbolique, le cadre qu’ils avaient sélectionné pour abriter ce brain-storming était celui d’un grand casino.

[…] J’eus tout d’abord la surprise de découvrir que les militaires qui en faisaient partie pensaient et se comportaient en philosophes, et agissaient comme tels – beaucoup plus, en fait, que les philosophes que nous verrons dans la troisième partie, couper les cheveux en quatre lors de leur colloque hebdomadaire. À l’instar des traders, leur pensée n’était pas conforme au moule, mais elle était beaucoup plus sensée et ils ne craignaient pas l’introspection. […] En sortant du symposium, je réalisai que seuls les militaires affrontaient le hasard avec une véritable honnêteté intellectuelle et en faisant preuve d’introspection – contrairement aux universitaires et aux cadres d’entreprise qui utilisent l’argent des autres. Cela n’apparaît pas dans les films de guerre, où ils sont souvent dépeints sous les traits d’autocrates assoiffés de combat. Les gens que j’avais en face de moi n’étaient pas de ceux qui déclarent la guerre. De fait, pour beaucoup d’entre eux, une politique de défense réussie parvenait à éliminer les dangers potentiels sans conflit, comme la stratégie consistant à mettre les Russes en faillite en faisant monter en flèche les dépenses allouées à la défense. Quand je fis part de mon étonnement à Laurence, un autre financier assis à côté de moi, il me répondit que, de toutes les professions ou presque, c’était chez les militaires que se trouvaient le plus grand nombre d’authentiques intellects et de penseurs du risque. Les personnes en charge de la défense voulaient comprendre l’épistémologie du risque.

Nassim Nicholas Taleb, Le Cygne Noir

pierma a écrit:
L'idée d'une vaste production scientifique pervertie par une vision dominante, quasi-officielle, il faut tout de même peser ce que vous racontez. Ce serait la pire dérive connue de l'histoire scientifique, et même, compte-tenu du nombre de scientifiques impliqués, je trouve qu'on n'est pas loin d'une théorie du complot.

De fait les théories du complot se signalent souvent par cette référence à "la version officielle."

(Que ces effets de "mode académique", de colloques et de jeux d'influence existent ne fait pas de doute, mais à ce point, ce n'est pas réaliste, et d'ailleurs le monde scientifiques n'en est pas dupe. Il se trouve que j'ai fréquenté quelques chercheurs, dans d'autres spécialités scientifiques, franchement ce monde là n'est pas celui... de la haute couture, mettons.)

J'entends l'argument, même ad hominem, puisque mon scepticisme sur l'autosatisfaction du GIEC est de même type. Vous savez que je crois aux complots, surtout sur le fait qu'ils finissent toujours éventés. Je ne crois pas à un complot du GIEC mais soupçonne une "mode académique" telle que vous la présentez - j'entends que les personnels du GIEC sont globalement convaincus du bienfondé, réaliste et honnête, de leur entreprise. Du reste, je trouve ces modélisations de réalités chaotiques fascinantes, en météorologie comme en d'autres domaines.


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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Dim 29 Déc 2019 01:17 
L’impact économique du changement climatique est préoccupant. Les institutions financières comme le FMI intègrent désormais ce risque dans leurs prévisions et pressent les pays de s’y préparer.


https://www.lemonde.fr/economie/article ... _3234.html
Citation:
Par Julien Bouissou • 27 décembre

Quand, en 2014, une minuscule île, perdue au milieu du Pacifique, lance la procédure pour devenir membre du Fonds monétaire international (FMI), personne ou presque au siège de l’institution financière à Washington, n’en avait entendu parler.
Comment auraient-ils pu ? Nauru ne possède ni devise ni Banque centrale, et son produit intérieur brut (PIB) de 120 millions de dollars (108 millions d’euros) ne compte pour rien dans l’économie mondiale. Deux ans plus tard, en 2016, l’îlot de 11 000 habitants est devenu le 189e et dernier Etat à adhérer au Fonds.
A l’époque, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, aujourd’hui à la tête de la Banque centrale européenne (BCE), l’accueillit en ces termes : « Au moment où Nauru est confronté aux défis communs aux petites économies insulaires, notamment l’éloignement géographique et le changement climatique, le pays pourra profiter de sa participation pleine et entière à la coopération économique avec nos Etats-membres. »
Comme d’autres îles du Pacifique, Nauru se prépare à affronter les conséquences économiques du changement climatique et des catastrophes naturelles à venir. Des experts du FMI sont venus l’aider à bâtir un budget et un système de gestion des finances publiques. « Les autorités doivent avoir au minimum une vision claire de leur économie, pour mieux détecter leurs vulnérabilités et leurs besoins », explique Alison Stuart, économiste chargée des petits Etats à la division Asie Pacifique du FMI.
Le FMI commence d’ailleurs à intégrer ce risque dans ses prévisions économiques. En toute discrétion, il a conduit, en 2019, les premiers « stress tests » climatiques dans les pays les plus vulnérables, aux Bahamas ou encore en Jamaïque, pour mesurer leur capacité de résistance aux cyclones. Le passage de l’ouragan Ivan, en 2004, a coûté à l’île de la Grenade l’équivalent de 148 % de son PIB, et sur l’île de la Dominique, dévastée par l’ouragan Maria en 2017, les pertes se sont élevées à 260 % de son PIB.
Face au changement climatique, ces pays vulnérables doivent investir dans des infrastructures résilientes : réaménagement des ports à cause de l’élévation du niveau de la mer, renforcement des bâtiments pour résister aux ouragans…
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évalue ces besoins en investissement à 6 000 milliards de dollars par an d’ici à 2030 dans le monde. Lorsque le rythme des cyclones augmentera, les pays ne pourront plus invoquer les circonstances exceptionnelles pour justifier des dépenses élevées. Le FMI leur conseille donc d’intégrer dans leur budget les dépenses consacrées, chaque année, à la reconstruction et à l’aide d’urgence.


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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Dim 29 Déc 2019 04:03 
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Nauru, c'est en quelque sorte l'archétype du cauchemar écologique, par exploitation jusqu'au dernier gramme de leur énorme gisement de phosphates, bien avant le réchauffement climatique : ils sont passés du Paradis à l'Enfer.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nauru


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 Sujet du message: Re: Réchauffement climatique, une petite question
MessagePosté: Ven 17 Jan 2020 22:56 
Je reviens à cet article publié quelques jours avant la fin de l'année dernière.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évalue ces besoins en investissement à 6 000 milliards de dollars par an d’ici à 2030 dans le monde.
(...)
A long terme, le risque climatique menace la stabilité économique et financière mondiale. Les villes côtières, qui abritent plus de 400 millions d'habitants dans le monde, sont particulièrement vulnérables à l'élévation du niveau de la mer.

Dans son article, Julien Bouissou cite un expert qui affirme que l'évolution du climat est une « source de risque financier » et que les dangers liés au climat sont « complexes à analyser, sans précédent et imminents ». De fait, les conséquences économiques du réchauffement climatique dépendent tout d'abord des différents scénarios de hausse des températures envisagés par les scientifiques. Ensuite, les économistes ont bien du mal à évaluer les pertes dans un monde qui s'adaptera aux nouvelles conditions climatiques par les migrations, l'adoption de nouvelles technologies, l'utilisation de semences différentes...
(...)
Seule certitude, la vulnérabilité au changement climatique creusera les inégalités. Les pays pauvres et en développement, ainsi que les Etats-Unis et la Chine seront parmi les plus touchés. En fondant leurs estimations sur la répartition mondiale des catastrophes naturelles au cours des dix dernières années, les économistes du FMI ont calculé que les pays les plus exposés verraient leur croissance annuelle inférieure de 3% en moyenne aux autres.
« Il n'est plus possible de faire des prévisions économiques à dix ans sans tenir compte des effets du changement climatique », estime James Dixon, responsable de la recherche au cabinet de conseil Oxford Economics. Tous les économistes sont unanimes sur un point : l'argent dépensé pour réduire les émissions de CO2 sera bien inférieur au prix à payer à cause du réchauffement climatique.


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