Je fais partie de ces naïfs qui pensent qu'en supprimant le salaire minimum, en permettant les licenciements à la discrétion de l'employeur sans indemnité et en supprimant les aides sociales on ne reviendrait pas cinquante ans mais cent ans en arrière ou, plus exactement, on aboutirait à une société très inégalitaire où la moitié de la population aurait un niveau de vie de pays sous-développé.
Citation:
les soi-disant charges patronales qui constituent en fait un véritable prélèvement sur les salaires (qui rendent perdant tous les emplois qui rapportent moins que ce que l'employeur verse)
Si l'on supprime les charges sociales, donc les aides sociales, il faudra augmenter les salaires. Il faut bien comprendre que les charges sociales sont une composante de la rémunération. Ces emplois qui ne rapportent rien resteront non rentables. Les maintenir est économiquement aberrant. La solution n'est pas la baisse de la rémunération des salariés les plus modestes qui leur permet tout juste de satisfaire à leurs besoins, mais la création d'emplois économiquement rentables.
Charges patronales ou patronales, peu importe. Ce qu'il faut considérer est le coût global du travail incluant salaire, charges sociales, congés payés et autres coûts tels mutuelles, participation aux frais de transport et autres. Le coût horaire d'un ouvrier qualifié en France est de l'ordre de 30 €. Aux Etats-Unis, un ouvrier dans l'industrie automobile est payé plus de 60 $ de l'heure. Leurs niveaux de vie sont comparables. Car si le salaire de l'ouvrier américain est beaucoup plus élevé, il doit permettre de payer une assurance maladie très coûteuse, de cotiser à un fonds de pension en vue de sa retraite, de payer fort cher les études des enfants. Le coût du travail dans l'industrie américaine est-il vraiment moins cher qu'en France ?
Citation:
tous les salaires minimum (qui rendent perdant tous les emplois qui rapportent moins) ;
Ces emplois qui rapportent moins que le SMIC ne permettent tout simplement pas de vivre décemment. En poursuivant le raisonnement, on milite pour le rétablissement de l'esclavage.
Citation:
le CDI (dans les pays à faible chômage, tous les contrats sont identiques et révocables, ce qui permet d'embaucher en toute sécurité
Complètement faux. Dans ces pays, comme l'Allemagne, les pays scandinaves, la Suisse, la réglementation du travail est peut-être plus souple qu'en France, mais on embauche tout de même en CDI, l'employeur verse des indemnités en cas de licenciement et les conventions collectives sont tout aussi contraignantes qu'en France.
Citation:
- le CDI est comme un mariage sans divorce possible) ;
Même en France, le CDI n'est pas un mariage sans divorce possible. Il y a de multiples motifs de rupture de la relation de travail à commencer par le motif économique, qui est loin d'être le seul. Le mécanisme de la rupture conventionnelle a considérablement facilité les possibilités de résiliation de contrat. En fait, ce que voudraient de nombreux employeurs est un droit de modifier unilatéralement le contrat de travail et de licencier ad nutum sans indemnité, ce qui est contraire aux conventions internationales qui sont respectées dans ces fameux pays à faible chômage. On en reviendrait aux rapports entre employeurs et salariés du dix-neuvième siècle.
Citation:
les rentes sociales qui rendent l'inactivité plus rentable que l'emploi
C'est complètement faux. Une pure légende. Les dites
rentes sociales ne permettent pas à une personne capable de travailler de vivre correctement et durablement sans travailler.
Il y a d'autres causes directes au chômage qui ne viennent pas du tout du code du travail.
La principale est la désindustrialisation. Les emplois industriels n'ont qu'en partie été remplacés par des emplois de service, ces derniers souvent à temps partiel et très mal payés. L'Allemagne et la Suisse sont restées plus industrialisés que la France.
Il y a aussi la démographie. La France connaît la plus forte fécondité des pays d'Europe. Sa population vieillit moins vite.
Il y a encore d'autres causes comme l'inadaptation de la formation professionnelle.
Le problème est complexe et ne se résoudra pas en appliquant des solutions qui ne reposent que sur l'idéologie dans l'ignorance totale des réalités aussi bien économiques que sociales.