Il y a une réalité technologique, ignorée dans l'étude. Ces gens "très intelligents" semblent s'affranchir allègrement de comment réagit un réseau électrique. Alors, ils ont l'idée géniale, déjà exprimée par les technocrates écologiques de Greenpeace, suivis par les allemands, de prévoir une surproduction d'ENR compensée par du stockage. Plus, une efficacité énergétique axée sur un recours aux technologies de pointe, dont certaines n'ont pas encore réussi le passage entre la "paillasse" des centres de recherches et le monde industriel. Pis, certaines n'ont pas encore réussies a démontrée leurs faisabilité sur une paillasse...
Le réseau allemand, mais je pourrais citer le réseau espagnol ou portugais, présentent la particularité d'arriver à produire sur certaines périodes plus de 100% d'électricité issue des ENR. C'est un très beau laboratoire d'un réseau 100% ENR. Et ces exemples montrent des limites qui ne sont pas prises en compte dans cette fameuse étude... C'est bête, car si le réseau est instable, on a des risques de blackout. Or, notre société repose sur le recours à l'énergie abondante et bon marché. Car, on oublie l'un des pré-requis : le but affiché est de supprimer au maximum le recours aux sources d'énergie productrices de gaz à effet de serre : dit autrement, on doit arriver à la suppression du trio : charbon, gaz, pétrole. Il faut donc transférer les 50-60% de notre mix énergétique produit à partir de ce trio vers d'autres sources. Elles sont de 3 sortes. Il y a par exemple, la biomasse : bois, paille, ... Puis, il y a le gaz "vert" et l'essence "verte", issue de produits agricoles transformés par divers moyens. Ces 2 sources émettent des GES, mais comme il s'agirait de stockage-déstockage "à court terme", on prétend que cela n'a aucune incidence sur l'environnement. Sauf qu'on est en train d'interdire un peu partout le recours direct au bois, à cause de l'émission en masse de particules plus ou moins fines et de leur impact sur la santé et sur l'environnement.
On a simplement oublié qu'historiquement, le recours au gaz et au pétrole avait permis de "nettoyer" l'air de nos villes, mais aussi des vallées industrielles. Oubli regrettable... Mais, on ne peut pas être expert en tout, n'est-ce pas.
La 3ème source, c'est l'électricité soit-disant "verte" produite par les panneaux solaires et les éoliennes, mais je vais y revenir, après avoir évoqué le stockage. Point suivant, dans le rapport on propose de recourir au stockage de l'énergie, soit via des STEP, soit via des systèmes de stockage. Les emplacements pour les STEPS de grande puissance se comptent sur les doigts des 2 mains. Et quand on voit l'épisode du barrage de Sirvens, on imagine la difficultés à transformer en réalité certains de ses projets. Oui, les écolos seront la première cause d'échec du plan de l'Ademe. Surtout que de nombreux groupes écologistes se sont constitués pour contrer les plans de mise en place sur de grandes surfaces des centrales solaires, éoliennes qui vont devoir produire cette électricité issue des ENR. Une centrale nucléaire a un impact environnemental bien moins important. Certains technocrates semblent l'avoir oublié et n'ont pas tenu compte des kilomètres-carrés nécessaires pour produire cette électricité. Coté stockage, les technocrates écolos ont simplement fait des règles de 3 avec des valeurs moyennes... Mais, cet hiver, il y a eu une période de 6 jours sans vent et avec un ciel voilé. Le ciel était voilé parce que le vent ne balayait pas les brumes matinales. Il y a eu aussi le passage d'une tempête où les éoliennes se sont mises en mode "drapeau". Le mode drapeau c'est lorsqu'on laisse tourner librement les pales sans produire de l'électricité parce que l’effort sur les machines est trop important et risque d'entrainer une rupture des pales. Ce qui donne de très belles vidéos de pales s'envolant au vent. Bref, si on veut dimensionner un système de stockage, il faut tenir compte de ces épisodes que l'on nous promet de plus en plus courants. Donc, il faut calculer les capacités de stockage nécessaire pour passer de 1 à 2 semaines sans production notable. Certains ont fait les calculs, les volumes de batteries requises sont mirobolants. On s'inquiète pour les batteries et le lithium nécessaire pour l'électrification du parc automobile, sachez que c'est de la roupie de sansonnet à coté de ce qui sera requis pour le stockage.
On a aussi calculé les masses de béton nécessaire pour les soubassement des éoliennes, pour pallier un EPR, il faut le béton nécessaire à en construire 2 ou 3... Et cela impacte le bilan carbone. Tiens, c'est vrai, on n'évoque pas cela dans le rapport de l'Ademe. Encore un oubli ...
Revenons au réseau allemand. Actuellement, les allemands démontrent que pour maintenir une stabilité du réseau, il faut environ un tiers d'électricité "pilotable". Donc, quand les ENR produisent plus de 100% des besoins de l'Allemagne, la production allemande représente plus de 130% des besoins de l'Allemagne. Les 30% surnuméraires étant produits par des centrales à gaz et à charbon. Car le nucléaire allemand n'est pas dimensionné pour travailler en pointe. Ce qui fait qu'un tas de personnes pensent que c'est aussi le cas pour le nucléaire français ... Surtout dans les documents directement traduits de l'allemand et qu'on trouve sur de nombreux sites pseudo-écologistes. Ce qui n'est pas vrai, en France, c'est le nucléaire qui pilote le réseau.
Bien entendu, on entend dire que cette énergie "pilotable" pourrait être produite par des moyens de stockage. Mais cela augmente le bilan global. J'ai souvent le débat avec des gens qui attendent le V2G, soit le Vehicule To Grid. En français, le véhicule au réseau. Donc, un recours aux kWh stockés dans les batteries des véhicules électriques pour secourir le réseau au moment où celui-ci en a besoin. Faisons un calcul simple, la batterie de ma zoé fait 22 kWh. Imaginons que j'ai un contrat qui me permet de profiter d'un prix intéressant pour ma recharge si je fais du V2G, et que j'ai pris l'option 20 kWh. En fait, chose que peu de gens savent, mais qu'ils découvrent s'ils surveillent leur consommation lors de l'achat d'un VE, la charge a un certain rendement. Il est d'environ 80%, ce qui veut dire que pour mettre 20 kWh dans ma batterie, je tire 24 kWh du réseau. Il existe aussi un rendement en ce qui concerne la restitution de l'électricité comprise dans ma batterie vers le réseau. Elle devrait être aussi d'environ 80%. Donc, quand je restituerais de l'électricité vers le réseau, mes 20 kWh se transforment en 16 kWh effectivement présents sur le réseau. Et comme, si je charge ma batterie, c'est quand même parce que je dois m'en servir pour me véhiculer, à la fin de la pointe de consommation, je vais retirer 24 kWh du réseau pour remplir ma batterie. Conséquence, j'ai consommé 48 kWh, pour en revendre 16 au réseau et en reprendre 20 dans ma batterie... Ce sera globalement la même chose pour la plupart des opérations de stockage. Certaines ont même démontré des rendements inférieur, comme le P2H ou le P2F.
Le P2H, souvent aussi nommé P2G, on prend de l'électricité issue d'ENR "gratuite", et on la transforme en hydrogène. Le rendement moyen serait au mieux de 18%. Depuis quelques temps certains ont la,cé l'idée d'un fuel issu de cet hydrogène en ajoutant du CO au H2. Bref, en carbonnant cet hydrogène. Le rendement serait d'environ 10%... Mais, l'avantage serait de pouvoir utiliser les moteurs thermiques actuels.
_________________ Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable
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