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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Sam 21 Déc 2019 22:57 
Le FMI publie deux fois par an – avril et octobre – son World Economic Outlook. Lors de sa conférence de presse organisée le 15 octobre 2019 à Washington, Gita Gopinath, l’économiste en chef du FMI, a indiqué que la croissance mondiale ne devrait pas ainsi dépasser 3 % en 2019.


https://www.lemonde.fr/economie/article ... _3234.html
Citation:
L’inquiétant trou d’air de l’économie mondiale
Selon le Fonds monétaire international, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 3 % en 2019, soit son rythme le plus faible depuis la crise financière de 2009.
Par Julien Bouissou Publié le 15 octobre 2019

La mise en garde est sans appel. « A 3 % de croissance, il n’y a pas de place pour les erreurs politiques », a prévenu Gita Gopinath, l’économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), en dévoilant les dernières perspectives économiques pour 2019, mardi 15 octobre. Et celle-ci de presser les décideurs politiques de réduire « urgemment » les tensions commerciales. Sous peine de risquer de « saper gravement la confiance, la croissance et la création d’emplois ». Les frictions entre Washington et Pékin expliquent en effet, en partie, la nouvelle révision à la baisse des prévisions de croissance pour 2019.

• Le rythme de la croissance mondiale ralentit
La croissance mondiale ne devrait pas ainsi dépasser 3 % en 2019. Soit son rythme le plus faible depuis la crise financière de 2009 (contre 3,6 % en 2018). C’est 0,3 point de moins que les dernières prévisions de l’institution en avril. Parmi les raisons invoquées par le FMI : les incertitudes liées au Brexit et les tensions commerciales entre les deux plus grandes puissances économiques de la planète, la Chine et les Etats-Unis, qui ont entraîné une hausse des tarifs douaniers et entamé la confiance des entreprises. Selon les calculs du FMI, les tensions commerciales devraient coûter 0,8 point de PIB à la croissance mondiale en 2020. Et encore, leurs effets ont été amortis par une politique monétaire accommodante aux Etats-Unis et dans de nombreux autres pays avancés et émergents. « En l’absence de ce stimulus monétaire, la croissance mondiale aurait été plus faible de 0,5 point de PIB en 2019 et 2020 », affirme Mme Gopinath.
D’autres raisons plus structurelles sont mises en avant pour expliquer ce ralentissement, à savoir la faible hausse de la productivité et la démographie vieillissante dans les économies avancées. Pour 2020, le FMI anticipe une légère accélération (à 3,4 %), soutenue par les pays émergents, tandis que dans le même temps l’activité devrait être moins dynamique dans un groupe de pays comprenant le Japon, les Etats-Unis, l’Europe et la Chine, soit la moitié du PIB mondial.

• La Chine est entrée dans une phase de « ralentissement structurel »
« Après un ralentissement prononcé sur les trois derniers trimestres de l’année 2018, la croissance dans les économies avancées s’est stabilisée à un rythme faible durant le premier semestre 2019 », observe le FMI. Celle-ci ne devrait pas dépasser, dans les pays riches, 1,7 % en 2019 et 2020. La croissance américaine s’est poursuivie à un rythme soutenu au premier semestre 2019, grâce au dynamisme de sa demande intérieure et à la vigueur de son marché de l’emploi. Elle devrait atteindre 2,4 % en 2019 avant de décélérer à 2,1 % l’année suivante. La zone euro a davantage souffert d’une baisse de la demande extérieure et d’une diminution des stocks de ses entreprises : la hausse du PIB européen ne devrait pas dépasser 1,2 % en 2019, avant de légèrement rebondir à 1,4 % en 2020. Le FMI a abaissé ses prévisions de croissance pour l’Allemagne et la France, deux pays qui ont souffert d’une baisse des exportations au premier semestre 2019 plus importante que prévu.
« Les pays asiatiques émergents et en voie de développement restent les moteurs de l’économie mondiale », constate le FMI, qui précise toutefois que la Chine est entrée dans une phase de « ralentissement structurel ». La première économie d’Asie devrait enregistrer une croissance de 6,1 % en 2019 et de 5,8 % l’année prochaine, en dessous des dernières prévisions d’avril, en raison d’une baisse de ses exportations et de l’assainissement de son secteur financier menacé par l’explosion de la dette.

• Trou d’air du commerce, inquiétudes sur les services
La décélération de la croissance mondiale s’est traduite par un ralentissement de la production industrielle, dont l’indice a été divisé par deux depuis le début de l’année 2018. Le secteur automobile, qui a dû s’adapter à de nouvelles normes d’émission de CO2 en Chine et dans l’Union européenne, a même vu ses ventes mondiales baisser de 3 % l’année dernière. Les nouveaux droits de douane sur les importations américaines en provenance de Chine et l’issue incertaine des négociations entre Washington et Pékin ont incité les entreprises à limiter ou à reporter leurs achats de biens d’équipement. Cette baisse de la demande en produits intermédiaires, qui représentent la moitié des échanges dans le monde, a pesé sur le commerce mondial, dont la croissance n’a pas dépassé 1 % au premier semestre 2019, son rythme le plus faible depuis le premier semestre 2012.
L’activité des services, dont les échanges sont moins soumis aux aléas du commerce mondial, a bien résisté, permettant au marché de l’emploi de conserver son dynamisme et aux salaires d’augmenter dans les économies avancées. « Cette trajectoire divergente entre les activités manufacturières et de services s’est poursuivie sur une durée inhabituellement longue, et nous nous préoccupons de savoir si la faiblesse du secteur manufacturier pourrait se propager à celui des services et à quel moment », note Mme Gopinath.

• Le FMI plaide pour une relance budgétaire et des réformes structurelles
Dans son rapport, le FMI énumère les nombreux risques qui pèsent sur la conjoncture mondiale : niveau d’endettement élevé de certains pays, baisse de la croissance chinoise plus brutale que prévu, Brexit sans accord ou encore aggravation du conflit commercial entre Washington et Pékin. Pour protéger au mieux les économies, l’institution appelle les gouvernements à « désamorcer les tensions commerciales, à redynamiser la coopération multilatérale et à soutenir l’activité économique là où c’est nécessaire ». Soulignant que la relance budgétaire en Chine et aux Etats-Unis a permis de minimiser l’impact de la hausse des barrières douanières, le FMI recommande aux pays qui disposent d’une marge de manœuvre suffisante de suivre leur exemple. L’Allemagne est ainsi pointée du doigt : « Le pays devrait tirer profit des emprunts à taux négatif pour investir dans le capital humain et les infrastructures, ne serait-ce que du point de vue du rapport coûts-bénéfices. »
Dans les pays à bas revenus, particulièrement en Afrique subsaharienne et dans une moindre mesure au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique, l’institution appelle à des réformes structurelles.


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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Ven 17 Jan 2020 23:00 
Pouzet a écrit:
Modestement, je crois qu'il y a une chance qu'il n'y ait pas de crise économique en 2020, du fait de la politique des banques centrales.
Elles ne comptent pas relever leurs taux, pendant au moins plusieurs années

Il est possible, et même probable, que les banques centrales restent accommodantes pendant plusieurs années.
Si la politique monétaire reste accommodante jusqu'en 2023, alors vous pensez qu'on n'aura pas de récession avant 2023 ?


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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Mer 22 Jan 2020 21:04 
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Citation:
, alors vous pensez qu'on n'aura pas de récession avant 2023 ?


Personne ne peut le savoir.....

Il y a des cycles en économie notamment du fait de l'investissement, et en particulier dans le bâtiment.
Voir Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_%C3%A9conomique
Par ailleurs la bourse de Wall Street est largement surévaluée.
Je ne serais pas étonné qu'on ait une récession au cours de la décennie 2020, comme cela a eu lieu tous les 20 ans depuis 50 ans en France, (récession en 1975, 1993, 2008/2009)
Mais au fond je n'en sais rien, comme tout le monde !
:mrgreen: :mrgreen:

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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Sam 1 Fév 2020 20:33 
Pouzet a écrit:
Il y a des cycles en économie notamment du fait de l'investissement, et en particulier dans le bâtiment.
Par ailleurs la bourse de Wall Street est largement surévaluée.
Je ne serais pas étonné qu'on ait une récession au cours de la décennie 2020,

Vous enfoncez des portes ouvertes. Il est évident que la récession aux Etats-Unis et autres pays de l'OCDE aura lieu avant 2030.
La question est de savoir si on aura une récession prochainement (avant 2023).


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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Lun 3 Fév 2020 00:06 
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Citation:
Il est évident que la récession aux Etats-Unis et autres pays de l'OCDE aura lieu avant 2030.


Non ce n'est pas du tout évident, un pays peut tenir des dizaines d'années sans récession comme cela été le cas de la France de 1945 à 1974.....

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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Lun 3 Fév 2020 21:53 
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Pouzet a écrit:
Citation:
Il est évident que la récession aux Etats-Unis et autres pays de l'OCDE aura lieu avant 2030.


Non ce n'est pas du tout évident, un pays peut tenir des dizaines d'années sans récession comme cela été le cas de la France de 1945 à 1974.....

Arkoline, expliquez-nous comment fonctionne votre boule de cristal si affirmative ?


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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Mar 11 Fév 2020 22:48 
Pouzet a écrit:
Il y a des cycles en économie notamment du fait de l'investissement, et en particulier dans le bâtiment.
Je ne serais pas étonné qu'on ait une récession au cours de la décennie 2020,

Vous avez raison, une récession avant 2030 n'étonnerait pas grand monde. Ce qui nous étonne est qu'elle n'a pas encore commencé. Je ne parle pas d'un etonnement extrême. Tout est relatif. Ce qui serait encore plus étonnant est une longue période sans contraction du PIB. Une longue période jusqu'en 2029 ou 2030.
Les faits donnent tort à ceux qui avaient annoncé une récession aux Etats-Unis. Cette récession se fait attendre. L'Amérique joue les prolongations.
Vous parlez des "cycles". C'est cela qui nous fait douter d'une longue période de temps sans récession.
J'écoute régulièrement BFM Business qui donne la parole à de nombreux experts (Heyer, Plane, Lemoine, Riche-Flores, Petit, Lorenzi, Artus, etc). Les experts n'aiment pas trop dire à quel moment va commencer la récession, mais ils semblent croire que l'Amérique (et la Zone Euro) sont en sursis. L'animateur radio ne demande pas à ces experts si la fin du cycle va commencer avant 2030. Une telle question ferait sourire car il est très probable qu'elle commencera prochainement (avant 2023). C'est un scénario très optimiste si un de ces experts affirme demain à la radio que le cycle de croissance durera jusqu'en 2026, et encore plus optimiste s'il songe à 2030.



Pouzet a écrit:
Non ce n'est pas du tout évident, un pays peut tenir des dizaines d'années sans récession comme cela été le cas de la France de 1945 à 1974.....

J'avais cru que cette longue phase d'expansion, qu'on a appelé les "trente glorieuses", était restée dans les mémoires comme une période extraordinaire.
Je suggère qu'un des économistes vedettes (stiglitz, roubini, krugman, blanchard, summers, etc) nous prépare un bouquin qui annonce une longue période de croissance dans l'OCDE jusqu'en 2030. Sensations garanties. Mais ils n'oseront pas faire ça car c'est leur réputation qui est en jeu, et ils ne veulent pas perdre leur crédibilité.
Roubini avait été critiqué en 2005-2007 car il annonçait une grave crise économique liée au "subprime". Pendant l'année 2007 les experts disaient "alors où est donc cette crise dont nous parle Roubini ?".
Les critiques ont disparu en 2008, notamment la deuxième moitié de l'année 2008.
Roubini avait pris un risque considérable en annonçant cette grande crise.
Ceux qui sortent des sentiers battus ont tort. C'est la règle. L'avertissement de Roubini au sujet du "subprime" est une exception à la règle.


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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Dim 1 Mar 2020 02:56 
Pouzet a écrit:
Il y a des cycles en économie notamment du fait de l'investissement, et en particulier dans le bâtiment.
Voir Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Cycle_%C3%A9conomique

Oui. J'ai vu un article de Denis Ferrand qui explique que l'activité est relativement moins cyclique quauparavant. Mais l'activité est cyclique quand même.


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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Jeu 5 Mar 2020 23:28 
Selon Denis Ferrand, trois éléments expliquent le caractère amorti des cycles :
– l'affaiblissement de l'industrie
– le poids croissant des amortisseurs sociaux
– l'intervention des Etats


Citation:
Pourquoi les cycles de croissance sont moins prononcés qu'auparavant
Par Denis Ferrand
Publié le 5 nov. 2019

A mesure que se prolonge la phase de croissance que connaît l'économie mondiale et malgré les craintes d'une prochaine récession, la tentation de prononcer l'acte de décès du cycle économique se renforce. Celui-ci, en tant qu'enchaînement de phases d'expansion et de ralentissement de l'activité n'a toutefois pas disparu. Il est avant tout beaucoup plus amorti que par le passé. Une observation simple pour s'en convaincre consiste à mesurer la variance de la croissance, c'est-à-dire la volatilité de la croissance sur une période donnée. Estimée sur une période de, par exemple, cinq années glissantes, la variance de la croissance est aujourd'hui au plus bas depuis le début des années 1950 aux Etats-Unis comme en France, où les cycles sont en règle générale moins marqués.
Le premier renvoie à l'évolution de la structure des économies les plus développées. Les cycles économiques ont longtemps trouvé leur origine dans le comportement de stockage des entreprises industrielles qui, en induisant une modulation du rythme d'activité, leur permettait de faire face aux à-coups de la demande. Le secteur industriel a ainsi toujours été un amplificateur des mouvements de la conjoncture et il l'est encore. Mais, avec les baisses tendancielles du poids de l'industrie dans l'économie et de celle du niveau de leurs stocks, l'empreinte de ces mouvements sur l'économie s'est amenuisée.
Le deuxième tient au poids pris par les systèmes d'assurance sociale. En lissant l'évolution des revenus des ménages, ils permettent une plus grande régularité de la demande interne dont la sensibilité aux évolutions de l'emploi s'est ainsi amoindrie.
La troisième, enfin, tient au pilotage du policy mix. Même si la crise des dettes souveraines en zone euro a pu conduire à une procyclicité globale au début des années 2010, les politiques budgétaires jouent toujours dans l'ensemble un rôle contracyclique puissant. Celui-ci ne s'est jamais autant exprimé que durant la période de 2008-2009. Surtout, par sa réactivité en Europe comme aux Etats-Unis, la politique monétaire, dans toutes ses dimensions, a fait les preuves de son efficacité en matière de réglage conjoncturel de l'économie.
Les mouvements conjoncturels sont moins marqués mais, pour autant, les risques récessifs n'ont pas disparu. Là où les retournements d'activité procédaient de l'exercice régulier de l'activité économique et se nichaient au coeur des mouvements de prix, ceux-ci sont désormais avant tout dictés par la manifestation de chocs exogènes qui peuvent alors induire une versatilité démultipliée, à l'image de la violence du choc subi en 2008-2009. Ces chocs peuvent être nichés dans les mouvements des cours pétroliers ou associés aux disruptions nées des tensions commerciales. Ils sont aussi de plus en plus liés au renversement de conventions qui se forment sur les prix de certains actifs (bulle Internet avant-hier, immobilier résidentiel hier, valorisations d'entreprises demain ?). Avec l'écrasement généralisé des rendements, les actifs sont devenus le réceptacle d'une inflation qui a déserté le marché des biens et services.
Longtemps dictés par des mouvements de nature fondamentalement économique, les cycles trouvent désormais leur origine avant tout dans la sphère financière. Les banques centrales ne peuvent que l'acter au moment de définir l'orientation de leur politique monétaire ainsi que cela a été le cas lors du tournant adopté par la Fed à la fin de 2018.


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 Sujet du message: Re: Bientôt une récession mondiale ?
MessagePosté: Mar 10 Mar 2020 23:39 
Pouzet a écrit:
Non ce n'est pas du tout évident, un pays peut tenir des dizaines d'années sans récession comme cela été le cas de la France de 1945 à 1974.....

Une longue période de croissance est possible. Peut-être pas aussi longue que celle que l'on a vu entre 1945 et 1974. Mais assez longue pour faire mentir ceux qui annonçaient une récession en 2020.
Si l'on fait abstraction du virus "corona" – qui était impossible à prévoir au début de l'année 2020 – les experts optimistes qui annonçaient un prolongement de la croissance avaient des arguments qui n'étaient pas stupides. Ainsi Patrick Artus décortique la politique de la « surchauffe ». Cette stratégie consistant à continuer à soutenir la demande en période de plein-emploi semble effectivement permettre de prolonger les périodes de croissance. Mais il ne faut pas attendre de miracle prévient Artus.


Citation:
Et si nous avions trouvé l'antidote aux récessions ?
Par Patrick ARTUS
Publié le 18 déc. 2019

Dans le passé, dans les pays de l'OCDE, les politiques économiques (politique budgétaire, politique monétaire) étaient contracycliques. Pendant les récessions et au début des périodes de croissance, elles étaient expansionnistes. Dans la seconde partie des périodes de croissance, elles devenaient restrictives. L'objectif de ces politiques économiques était donc clairement défini : il s'agissait de lisser le cycle économique.
Mais, aujourd'hui, dans la zone euro et encore plus aux Etats-Unis, la pratique de politique économique est devenue très différente : les politiques économiques restent expansionnistes dans la seconde partie du cycle économique, alors même que l'économie est en croissance et qu'elle se rapproche du plein-emploi.
Dans la zone euro, le taux d'intérêt de la BCE est nul, avec une croissance nominale légèrement supérieure à 2 % et un taux de chômage vers ses plus bas historiques, légèrement supérieur à 7 %. Le déficit public de l'ensemble de la zone est un peu inférieur à 2 % du PIB.
Aux Etats-Unis, en 2019, le taux d'intérêt de la Réserve fédérale est de 1,5 % et le déficit public de 5 % du PIB, malgré un taux de chômage très bas (3,7 %) et une croissance nominale voisine de 4 %. On voit donc bien une nouvelle pratique de la politique économique dans ces pays avec le maintien de politiques économiques expansionnistes alors que les économies sont voisines du plein-emploi.
On a pu appeler cette nouvelle pratique la « théorie de la surchauffe », terme employé par l'ancienne présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen : lorsque le plein-emploi approche, il faut provoquer une « surchauffe » de l'économie en espérant des évolutions favorables.
Qu'observe-t-on aujourd'hui aux Etats-Unis, où cette politique a été clairement menée ? Des effets visiblement positifs de cette politique apparaissent. D'une part, l'emploi continue à progresser, le taux d'emploi et le taux de participation (la proportion de la population en âge de travailler qui se présente sur le marché du travail) augmentent encore malgré un taux de chômage très faible (3,7 %), les créations d'emplois continuent au rythme de plus de 100.000 par mois (129.000 en octobre 2019).
D'autre part, les gains de productivité se redressent : ils sont presque de 2 % par an depuis le milieu de 2017, alors qu'ils atteignaient à peine 1 % auparavant. Ceci implique que la croissance potentielle (de long terme) des Etats-Unis est revenue aux alentours de 2,5 % par an : on ne peut plus parler aux Etats-Unis de « stagnation séculaire ».
L'interprétation de ces évolutions est assez simple. Les entreprises américaines sont confrontées d'une part à une demande forte, d'autre part à de fortes difficultés d'embauche avec le retour au plein-emploi. Elles sont donc forcées d'attirer de nouvelles personnes sur le marché du travail, peut-être peu qualifiées et qu'il faut former. Elles doivent en outre devenir plus efficaces, donc améliorer leur productivité. Ceci explique le succès de la « politique de surchauffe » aux Etats-Unis.
Dans la zone euro, cette politique est moins prononcée, et n'a pas du tout redressé la productivité pour l'instant. Mais on y observe aussi la poursuite des créations d'emplois et la baisse du chômage. Cette stratégie consistant à continuer à soutenir la demande en période de plein-emploi semble effectivement permettre de prolonger les périodes de croissance.
A-t-on alors trouvé une politique miraculeuse qui fait disparaître les cycles et les récessions ? Cette politique a évidemment un inconvénient très grave : elle ne peut être menée qu'une fois. Lorsque, au plein-emploi, les taux d'intérêt sont très faibles et le déficit public très élevé, il n'est plus possible d'utiliser davantage dans le futur la politique budgétaire et la politique monétaire pour stimuler la demande. Les Etats-Unis et la zone euro auront donc « brûlé toutes leurs cartouches » à la fin de cette période d'expansion.


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