Arkoline a écrit:
J'ai cité ce paragraphe d'un article de Jacques Delpla publié le 16 janvier dans Les Echos :
Pour le climat, plutôt que financer le présent à un coût prohibitif (voiture électrique, éoliennes, photovoltaïque) pour des résultats faibles, nous devrions financer massivement la science (R&D) et les technologies susceptibles de rendre l'énergie décarbonée peu chère et stockable : fusion nucléaire, stockage massif du carbone, nouveaux matériaux, géo-ingénierie, cleantechs, hydrogène, ville et réseaux intelligents... Combien faudrait-il ? Nous dépensons 1,5 % de notre PIB pour notre défense. La France et l'Union européenne devraient dépenser au moins autant pour la R&D climatique (sans changer les dépenses de défense), car le climat est un risque beaucoup plus grave et probable.Maintenant voyons l'article intégralement :
Citation:
Retraites et climat : même combat !
Par Jacques Delpla
Publié le 16 janv. 2020
Le débat actuel sur la réforme des retraites est analogue à celui sur le climat. L'enjeu est le même : face à un problème collectif majeur à venir, nous sommes dans le déni ou pas prêts aux efforts nécessaires. La solution passe par beaucoup d'innovation et de R&D.
Premièrement, trop de gens sont encore dans le déni de réalité. Pour le climat, ce sont les climato-sceptiques. Pour les retraites, ce sont tous les syndicats et partis politiques qui refusent le recul de l'âge de la retraite, dans le déni de la démographie et de ses conséquences sur le ratio cotisants/retraités.
Deuxièmement, personne n'est prêt à payer pour résoudre le problème. Pour le climat et les retraites, il y a toujours un argument à ce que d'autres paient avant moi.
Troisièmement, le refus de l'universalité. Le rejet de la retraite universelle à points est un refus de l'universalité des droits face à la retraite. Pour le climat, c'est le refus d'une solution simple, efficace et universelle : un prix unique (ou minimal) pour émettre du carbone (pollueur-payeur), soutenu par la plupart des économistes.
Quatrièmement, le Deus ex machina. Les opposants à l'équilibre budgétaire des régimes de retraite arguent qu'il n'y a pas besoin de faire d'effort financier car il existe des réserves d'argent caché (par exemple les 7 milliards d'euros de la CRDS). C'est oublier que la CRDS sera utilisée pour de nouveaux déficits sociaux (suite à une récession) ou pour financer de nouveaux risques (dépendance). Idem pour le climat, il suffirait de taxer les grandes entreprises pour financer la transition climatique.
S'il est si difficile de réformer les retraites, il sera bien plus difficile encore de faire accepter les politiques de réduction de la consommation de carbone. Ces politiques de réduction de la demande (de carbone ou de retraite) sont utiles, mais très coûteuses politiquement. Nous ne devons pas croire qu'elles seules nous sauveront. Si nous ne voulons périr sous le poids des retraites ou par le réchauffement climatique, nous devons trouver une autre solution par l'offre, par l'innovation de masse.
Pour le climat, plutôt que financer le présent à un coût prohibitif (voiture électrique, éoliennes, photovoltaïque) pour des résultats faibles, nous devrions financer massivement la science (R&D) et les technologies susceptibles de rendre l'énergie décarbonée peu chère et stockable : fusion nucléaire, stockage massif du carbone , nouveaux matériaux, géo-ingénierie, cleantechs, hydrogène, ville et réseaux intelligents… Combien faudrait-il ? Nous dépensons 1,5 % de notre PIB pour notre défense. La France et l'Union européenne devraient dépenser au moins autant pour la R&D climatique (sans changer les dépenses de défense), car le climat est un risque beaucoup plus grave et probable.
Pour les retraites, il faudrait un choc d'offre et d'innovation majeur pour augmenter la croissance (et les revenus des systèmes de retraite), un choc d'offre massif de destruction créatrice à la Schumpeter. Nos politiques économiques devraient beaucoup moins financer le passé (retraites) ou s'opposer au changement (préservation des rentes). Elles devraient financer massivement le progrès technique et les conditions sociales de mise en oeuvre d'innovations économiques disruptives, en finançant les perdants - alors qu'aujourd'hui nous favorisant de facto les opposants à l'innovation. Quel choix collectif ferons-nous : progrès ou chaos ?
J'irais même plus loin : il pose un diagnostic erroné. En clair, il part du principe que les solutions actuelles ne fonctionnent pas pour dire, arrêtons d'investir de l'argent pour rien, mettons-le dans la R&D pour trouver de vrais solutions.
Sauf que c'est faux. Les solutions actuelles pourraient marcher s'il y a une volonté politique de les déployer à grande échelle. Et la volonté politique est absente car la population est partagée et à peur de payer trop cher l'addition. En gros, on est en train de tomber d'un immeuble de très grande hauteur et tant qu'on n'a pas touché le sol on se dit qu'on a le temps d'inventer le parachute... Sauf que là, le sol se rapproche dangereusement. On n'a plus le temps d'attendre. Les solutions qu'il propose seront opérationnelles dans 1 siècle, peut-être 50 ans. Sauf que dans 10 ans, il sera TROP TARD. En fait, certains rapports du Giec laissent entendre qu'il est peut-être déjà trop tard.
Environ 85% du parc immobilier est isolable. Quelques pourcents sont bien isolés. On peut estimer que pour environ 80% on peut mieux faire. La bonne question serait : pourquoi on ne l'a pas déjà fait ? On peut développer les transports en communs. On a des pistes de réflexions là-dessus. Dans certaines villes la gratuité a donné de très bons résultats. Dans d'autres les résultats sont au mieux mitigés. Il faudrait étudier pourquoi et en tirer les leçons. Pourquoi les habitants de telle ville moyenne qui travaillent à la métropole voisine préfèrent perdre du temps dans des bouchons plutôt que de prendre un train et un bus ou un tram ? Alors que 90% de nos trajets pourraient être faits en véhicule électrique, pourquoi il n'y en a pas plus en circulation ? Pourquoi des gens ont préféré acheter massivement des véhicules avec un malus en décembre 2019, plutôt que de choisir un véhicule avec bonus ?
Les solutions technologiques EXISTENT. Elles ne sont pas efficace, car elles ne sont pas déployées à leur juste besoin. Votre Delpla est peut-être un grand économiste .... Mais, un grand économistes ferait-il une telle erreur de débutant ? Ou manœuvre-t-il son public ?