Alain.g a écrit:
Est-ce que l'ancien bloc communiste n'est pas en train de se reconstituer autour de Chine, Russie, Chavez, Cuba ... ??
Où avez-vous pris que les Russses sont tombés dans les bras des Chinois ? Ces Chinois qu'ils aiment tant !
Ils ont la sagesse de régler sans conflit armé leur rivalité en Asie centrale, et même autour du pétrole de la Caspienne. Rien de plus.
S'ils se trouvent parfois des intérêts convergents, il s'agit de buisness, de lutte d'infuence à fleuret moucheté... et en aucun cas d'idéologie. (même les Chinois ne croient plus au communisme. Il faut entendre les idéologues du Parti expliquer sans rire que "le développement du socialisme passe nécessairement par une phase d'exploitation capitaliste." En réalité le PCC maintient le couvercle pour une seule raison : ils ont une véritable hantise de voir chez eux ce qui s'est produit pour l'Union Soviétique : l'éclatement.)
Je ne suis pas persuadé que l'évolution de la Russie vers la démocratie soit stoppée. Il y a un retour en arrière, mais qui s'accompagne d'une remise en ordre rendue indispensable par la folie des années Eltsine. Poutine est incontestablement populaire pour avoir rétabli (ou établi, lol) une situation où les Russes ont à manger et où les fonctionnaires sont payés. Il n'a pas besoin de trafiquer les élections pour être élu.
Aucun Russe ne verse de larmes sur Mikhaël Kodorkovsky, ancien patron du groupe pétrolier Ioukos, expédié de l'autre côté de l'Oural pour une dizaine d'années. (Après sa condamnation pour le motif surréaliste de "fraude fiscale"... dans un pays où il n'y avait aucune règle fiscale.) Les actionnaires américains qui avaient pris plus de 30% des parts de Ioukos ont beaucoup moins apprécié - ils se retrouvent actionnaires dormants et ne sont pas prêts de toucher un dollar de dividendes. Cet épisode a montré que Poutine laissait tomber l'alliance stratégique avec les Américains entamée après le 11 septembre 2001. Ils sont vraiment trop gourmands : le pétrole de la Caspienne, l'oléoduc Caucase-Turquie, etc...
Les institutions démocratiques restent en place en Russie. C'est purement formel dans la mesure où Poutine contrôle toute l'information, ainsi que le développement de partis concurrents. Mais il n'est pas certain que les élections locales, ou provinciales, soient dénuées d'enjeux. Evidemment l'évolution sera lente, mais quand on a pris goût aux élections...
Imaginer qu'il s'agisse d'un retour au communisme ne correspond à rien. C'est un retour au tsarisme : un pouvoir central fort qui essaie de conjurer l'éternelle pagaille russe. De façon autoritaire. Mais une fois cette menace conjurée, difficile de pronostiquer.
C'est l'éternel débat développement / démocratie. On s'aperçoit que le développement économique n'entraîne pas forcément l'apparition de la démocratie. Mais malgré tout il a tendance à promouvoir la circulation de l'information... Et puis les pays démocratiques sont plus efficaces économiquement, parce que la créativité y est libre, l'innovation plus ouverte...
Aussi il paraît impossible de pronostiquer que la Russie ne sera jamais une vraie démocratie. (Pour la Chine la question ne se pose pas encore : il s'en tiennent théoriquement au communisme.)