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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Mer 6 Oct 2021 21:12 
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Le mardi, le chef de service qui m'avait opéré est venu me présenter ses excuses. Son interne avait dû le faire venir 2 fois car il pensait que j'étais un cas sérieux. Au départ, il croyait qu'un caillou essayait de passer dans le canal et occasionnait la douleur. S'il avait attendu pour m'opérer, mon cas bénin aurait été fatal.

Le jour où je suis sorti, la patient de la chambre d'à-coté a eu 2 infirmiers qui ont passé 40 minutes pour l'aider d'aller de son lit à la porte de sa chambre. 40 minutes pour faire 3 mètres, pas à pas. Et quand il y est arrivé, ils l'ont félicité car c'était la première fois depuis 3 mois qu'il arrivait à aller jusqu'au couloir. La réalité est que les équipes médicales savent quand il faut que quelqu'un sorte et quand ils doivent le garder. En créant le CRDS, c'est pour les gens qui n'ont plus besoins de soins lourd ou la présence continue d'une équipe médicale. Ils n'ont pas l'autonomie nécessaire pour vivre seuls à la maison. Donc, il y a cette structure qui permet de faire le lien. Les soignants qui les surveillent peuvent appeler en urgence les médecins de l'hopital qui est proche. Bref, en cas de besoin, en moins d'une heure, la personne peut être dans une salle d'opération. Plus rapide que si elle est à la maison. Aussi rapide que si elle était à l'hopital. Mais, le CRDS n'est pas pour les patients "à risque". Donc, cela est du domaine du possible, mais devrais rester exceptionnel. Un CRDS, c'est aussi pour les gens très fatigués et qui ne peuvent pas se reposer dans leurs logements. Je connais un covid-long qui y a déjà fait 3 séjours.

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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Mer 6 Oct 2021 21:35 
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Pour le management lié à la rentabilité, il est certain qu'il y a des limites à ne pas dépasser dans la pression qu'on met sur les personnels.

Toutefois je suis un peu déconcerté que les syndicats du personnel hospitalier en soient encore à contester la tarification à l'acte : pour moi il faut bien un indicateur du volume d'activité pour toute la quantité de travail effectuée chaque jour dans un hôpital.

Je trouverais moyennâgeux de considérer un hôpital comme un grand tout, où des tas de gens font des tas de choses, sans essayer d'avoir des outils d'analyse et d'évaluation de cette activité.
Evidemment, cas limite, ça ne fait pas l'affaire de maternités isolées où il y a moins de 365 naissances par an, mais perso je n'y vois aucun inconvénient.

On se plaint assez de politiques publiques où le résultat des investissements n'est jamais évalué, perso je trouve qu'essayer de voir un peu clair dans la performance réelle d'une entité aussi compliquée qu'un grand hôpital est une démarche naturelle.

Alors évidemment c'est évalué en Euros, ce qui peut conduire à des dérives. (on pourrait imaginer des tableaux de bord avec des indicateurs d'activité, mais serait-ce assez incitatif ?) Et puis en même temps je vois mal comment agréger autrement des opérations qui prennent 5 mn et d'autres qui mobilisent différentes catégories de personnels pendant des heures.

Je me demande même si ce n'est pas un bon moyen de remettre davantage d'argent dans des hôpitaux qui traitent tout ce qui passe, notamment aux urgences, face à des cliniques qui font à la chaine des opérations simples.

Bref, la plainte syndicale contre la tarification à l'acte ne suffit pas à me convaincre qu'elle constitue en soi une incitation à pressurer les gens, mais en revanche je pense très probable qu'elle contribue à les charger davantage, parce qu'elle permet de mesurer plus précisément l'activité et de la planifier de plus près.

Mais bon, j'ai eu droit moi aussi à une célioscopie pour m'enlever la vésicule, j'ai dû attendre jusqu'à 4 h du matin qu'on s'occupe de moi (avec des antalgiques) parce qu'il y avait un monde fou aux urgences, et donc je n'ai été opéré que le surlendemain, mais dans les services j'ai trouvé que les aides soignantes et les infirmières avaient encore le temps de discuter et de se soucier des malades.

Il y a tellement de services publics et d'administrations qui me mesurent pas leur activité et encore moins leur performance que je ne vois pas motif à protester lorsque l'hôpital le fait.


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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Mer 6 Oct 2021 23:08 
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Citation:
Pour le management lié à la rentabilité, il est certain qu'il y a des limites à ne pas dépasser dans la pression qu'on met sur les personnels.

"Management", "rentabilité" et "limites à ne pas dépasser" sont des termes qui devraient être étrangers à tout service public.
Je suis en train de le vivre actuellement dans le mien : fuite d'eau dans le toit non réparée depuis plus d'un an (forcément le sol est fichu depuis après toutes les précipitations tombées :mrgreen: ), panne récurrente du chauffage (on bosse bien en hiver avec 11° dans son bureau :mrgreen: ), agents logés non remplacés (ce qui fait que les grilles n'ouvrent plus que 5 minutes avant le début de la journée, faut rien perdre... :mrgreen: ), ordinateurs qui mettent 15 minutes à se lancer faute d'un système d'entretien correct, ménage fait par une entreprise privée un jour sur trois (imaginez l'état des lieux les deux autres jours avec 1500 personnes sur site, impec ! ;) ), matériels divers vétustes au bout de 3 ans faute d'entretien également, et... j'en passe... comme par exemple le non remplacement d'un départ à la retraite sur deux alors qu'il n'y a jamais eu autant d'"usagers" à "satisfaire".
Mais bon, il y en aura toujours pour consentir que c'est toujours mieux que rien et qu'il y a plein d'avantages à cela. C'est vrai, par exemple, l'horrible moquette qui avait seulement 15 ans (500 000 Euros pour tout le bâtiment) sera remplacée par un sol bien meilleur plus rapidement (les prix ont monté on tombe au million).
Pas grave c'est de la dette en plus et les économies successives de bout de chandelles amènent à une facture encore plus salée... cela me rappelle d'ailleurs quelque chose ! :mrgreen:

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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2021 00:06 
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Hôla ! Je te parle "management", "rentabilité" (dans un service public je parle plus volontiers "d'efficacité" dans la mesure où il n'y a pas de prix de vente des services, dans la plupart des cas le mot "rentabilité" n'y a aucun sens) et tu me réponds "incurie", "laisser-aller", "gaspillage absurde", "absence d'entretien"...

Mais c'est tout le contraire : aucun manuel de management (qu'il s'agisse de management d'affaires ou de management des services publics, qui est spécifique) ne conseille de se laisser envahir par le bordel et de laisser courir les fuites dans le toit.

J'y vois plutôt la preuve que ton établissement est un cas d'école (c'est le mot) de ce qu'il ne faut pas faire : un service public qui n'a pas les moyens d'entretenir ses bâtiments est forcément sur une mauvaise pente.

Là il n'est même pas nécessaire de critiquer la méthode d'organisation : un peu de bon sens suffirait.

Et comme tu le dis, le jour où on commencera à parler de rembourser la dette (ou déjà, avant même cela, de réduire le déficit) on ne va pas rigoler...


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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2021 07:18 
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J'avais bien compris. Moi je faisais état du "management" appliqué dans de nombreux services publics en France, ce qui impacte gravement les conditions de travail des uns et des autres.
Les sage-femmes et les infirmières qui manifestent aujourd'hui ne disent pas autre chose.

Citation:
un peu de bon sens suffirait

Si seulement !

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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2021 12:22 
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Duc de Raguse a écrit:
"distanciation sociale" afin d'éviter aux microbes de venir déranger les organismes, encadrement maternant et surprotecteur (fiches d'autorisation de sortie), etc.
Ces "remèdes" me font davantage penser à une société d'enfants, très fragiles, qu'il faut protéger contre les rigueurs de la vie.

Duc de Raguse a écrit:
L'Occident médiéval est bien passé sur la grande peste de 1348-1349... pourquoi pas nous ? Enfin, à condition qu'on ne nous transforme pas en enfants incapables et incompétents.


Au lieu de la peste médiévale, j'aurais fait un parallèle avec la grippe espagnole, dont nous sommes beaucoup plus proches.
La réaction à cette pandémie me semble aller plutôt dans le sens d'une société solide et résiliente. Les exemples cités ne vont pas dans le sens d'une société maternée, mais au contraire d'une prise de conscience collective d'un intérêt plus grand que l'individu, et d'une responsabilisation. Pendant le confinement, les fiches de sortie étaient auto-déclaratives, et non soumises à l'autorisation d'un tiers.


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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2021 12:31 
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Le gros problème lié à notre service de santé est bien un problème de "rentabilité", mais pas au sens dont l'entends Duc de Raguse. En fait, quand on se compare à l’international, on a un service de santé qui a de relativement bons résultats, mais à un prix faramineux par rapport à ce que font d'autres pays. Vu les sommes que les français dépensent, les résultats pourraient être meilleurs. En plus, "on" sait que certains secteurs engrangent des bénéfices substantiels ... certains seraient même tentés de dire indécents. Donc, l'un des boulots des gestionnaires du système est d'essayer de faire en sorte que ceux qui gagnent beaucoup acceptent de réaliser des opérations déficitaires pour compenser. Avec parfois de drôles de résultats, dans le sens que certaines cliniques privées arrivent à faire des bénéfices avec ces opérations déficitaires...

La crise du covid a aussi mis en lumière le fantastique cloisonnement de notre système de santé qui semble bâti sur des oppositions, là où on devrait trouver des synergies :
- hôpital privé vs hopital civil;
-médecine de ville vs service des urgences;
- infirmières libérales vs service des urgences ou vs certains médecins de ville;
- pharmaciens vs médecine de ville;
...

Bref, tout le monde essaye de marcher sur les plates-bandes des voisins en prétendant que l'herbe est plus verte à coté, tout en demandant aux régulateurs de ne pas venir jeter un œil dans leur pré carré...

En fait, tout le monde est d'accord ou presque sur un point, il faudrait tout remettre à plat... mais chacun préfèrerait qu'on commence par le secteur du voisin. En fait, la convention de la sécurité sociale qui sert de base au remboursement n'a jamais été révisée depuis son instauration. Il y a des accords plus ou moins informels pour reconnaitre que telle opération qu'on ne réalisait pas en 1946, vaut x fois tel acte. D'où le fait qu'on sait que les professionnels gagnent plus sur telle opération et que cela compense ce qu'ils perdent sur telle autre.

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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2021 12:45 
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Beaumont a écrit:
Au lieu de la peste médiévale, j'aurais fait un parallèle avec la grippe espagnole, dont nous sommes beaucoup plus proches.
La réaction à cette pandémie me semble aller plutôt dans le sens d'une société solide et résiliente. Les exemples cités ne vont pas dans le sens d'une société maternée, mais au contraire d'une prise de conscience collective d'un intérêt plus grand que l'individu, et d'une responsabilisation. Pendant le confinement, les fiches de sortie étaient auto-déclaratives, et non soumises à l'autorisation d'un tiers.


Tout à fait, les commentateurs qui sont allés voir ce que les autres européens, ou les américains pensaient de notre système de santé ont été sidérés de voir qu'ils étaient nombreux à applaudir aux exploits du système médical français. Alors, on va tout de suite tuer une vieille lune, celle selon laquelle on aurait pour la première fois fait des tris et des choix. Un médecin réanimateur, en fin-février 2020, lorsqu'on lui a posé la question de savoir s'il avait peur de devoir faire des choix à simplement répondu au journaliste médusé qu'en fait, il fait tous les jours des choix, car une mise en réanimation est un acte médical lourd et qu'il arrive qu'il aggrave le pronostic vital. Le problème de la crise du covid est qu'elle a fait apparaitre cela au grand jour, et que cet argument a été accaparé par pas mal de commentateurs malveillants.

Alors, au fait, pour quelles raisons les soignants étrangers ont félicités les soignants français ? En premier pour notre capacité à "pousser les murs". Là où il y avait 30 lits disponibles en réa, les hôpitaux civils ont parfois été capables de multiplier les "lits" par 3 ou 4, voire plus. Quand on parle de 'lits" en réa, on ne parle pas seulement du "meuble", mais de tout le gréement matériel et personnel qui va faire que ce lit fonctionne. Dans certains hôpitaux, on a vu des chefs de service perceuse à la main pour fixer les conduites d'oxygène, ou donner un coup de main pour retourner un malade.
Un autre point où nous avons étonné est le choix des petites chambres. Les italiens, et d'autres sont allés jusqu'à transformer des gymnases en salles de soins. Avec parfois 50 malades alignés. Et quand ils ont vu l'exemple français, ils ont compris qu'ils étaient dans l'erreur, les grandes structures facilitent les contaminations et les recontaminations. Il vaut mieux avoir des salles de petites dimensions avec des malades qui en sont au même stade.

Après, on a découvert les faiblesses administratives du système. Des soignants qui étaient venus d'ailleurs aider n'étaient pas identifiés dans les systèmes parce que le personnel administratif avaient été réquisitionné et personne ne savait combien d'heures ils avaient faites, et parfois simplement qu'ils avaient opéré dans tel hopital...

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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2021 13:22 
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Citation:
Pendant le confinement, les fiches de sortie étaient auto-déclaratives, et non soumises à l'autorisation d'un tiers.

Ce que de nombreux Allemands avaient relevé pour écrire que nous nous trouvions en "Absurdistan".
Au passage, je ne vois pas trop en quoi cocher une case sur un papier pour aller promener son chien est un signe de responsabilisation. Tant qu'il n'y avait pas de contrôle, chacun pouvait d'ailleurs cocher ce qu'il voulait et reproduire le papier toutes les heures de la journée...

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 Sujet du message: Re: Sommes-nous si fragiles ?
MessagePosté: Jeu 7 Oct 2021 13:29 
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Certes, mais ce n'est pas non plus un signe de société maternée, abuser du temps de sortie n'a pas été la norme mais l'exception. Il y a eu des situations absurdes un peu partout dans le monde. Je me souviens de tel habitant sur une plage déserte interdit de sortir alors que personne n'habitait alentour. Que dire de l'Australie ou des Etats-Unis? Encore plus absurdes dans l'historique de leurs mesures.


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