Le cas d'Ennahda est intéressant : quand on lit bien, on doute qu'il dise "séparer le religieux du politique" ou s'il le fait, cela se traduit simplement dans l'article par : "séparer les activités politique du parti des activités religieuses". Autrement dit, ne plus parler politique dans les mosquées ! Tout en continuant bien sur à tout mélanger dans "l'action sociale, éducative, caritative"... C'est un genre de discours assez amusant qui semble destiné aux Occidentaux et à leurs idées de séparation des pouvoirs, des domaines sacrés et profanes, alors que ces éléments sont inextricablement liés dans les autres sociétés, musulmanes en particulier.
Même en Tunisie, il a fallu attendre 2017 pour abolir la circulaire obligeant le conjoint d'une tunisienne à se convertir à l'islam pour que le mariage soit reconnu. Et cet
article indique que c'est encore loin d'être accepté dans les faits.
La difficulté pour séculariser les sociétés musulmanes, c'est que cela implique de ne plus se reporter au à la pratique du droit musulman et de la jurisprudence, c'est-à-dire rendre superflues la quasi-totalités des études dispensées dans les grandes universités (Al-Hazar, Médine, La Mecque...). Il faut dès lors annoncer à tous les professeurs et les étudiants (et 80% de la population d'Arabie Saoudite y est passée) qu'ils doivent apprendre un vrai métier. Une petite résistance au changement est à prévoir...
Une piste pourrait être de mettre l'accent sur les religiosités soufies ou maraboutiques, qui, du fait de leur aspect folklorique, véhiculent une vraie dimension culturelle et pourraient être aisément tenues à l'écart de la gestion de la société.