Jean-Marc Labat a écrit:
Nous sommes obnubilés par la petite explitation qui fait partie de l'ADN du pays sans nous rendre compte que ce temps est terminé, sauf à faire de la haute qualité à un haut prix.
C'est très réducteur comme vision de l'agriculture. J'ai visité une exploitation de ce type avec mes camarades de l'époque, il y a une trentaine d'années et notre professeur d'économie qui en faisait tant d'éloge, nous nous en sommes aussi vite détourné. Elever des bestiaux dans des manèges avec des tourniquets et une rationalisation à l'extrême de l'exploitation, je comprend que la mayonnaise n'ai pas prise en France. Nous ne manquons pas de surfaces agricoles. Par contre notre modèle d'exploitation n'est peut-être pas compatible avec les exigences environnementales européennes à destination du modèle intensif. Entre un cheptel moyen de 20 vaches laitières et 1000 vaches comme vous le dites, il y a un impact environnemental à prendre en compte, c'est concevable. Mais pour le pauvre exploitant de 20 vaches, devoir se plier à des règles aussi contraignantes me semble absurde. C'est pourtant, je crois, la réalité. Peut-être qu'il faudrait assouplir les règles en fonction de la taille de l'exploitation agricole.
Un autre point concerne la distribution, on a vu l'émergence de commerce en circuit court, également des cantines scolaires qui proposent des produits locaux. Il y a une autre dynamique à prendre en compte en parallèle de l'intensif. Les collectivités ont un rôle important à jouer dans cette orientation. Les prix, je ne sais pas, à moins d'être dans des centres villes où l'immobilier le justifie, on peut trouver de bons produits à de bons prix, le consommateur a sa part de responsabilité dans cette équation et elle ne relève pas forcément du portefeuille.
Mais à mes yeux, le gros problème de ce secteur me semble relever de la main d'œuvre. L'enjeu, l'avenir de la petite exploitation agricole réside dans sa capacité à déléguer du travail, organiser collectivement le travail, en somme être capable de prendre du temps pour soi, du repos. Pendant des siècles, la ruralité s'est organisée autour de la production agricole, le retour à une démographie plus homogène va peut-être l'y aider.
Enfin, je me pose la question de la PAC, on est le pays d'Europe où celle-ci est la plus distribuée, environ 24 000e par exploitation, et malgré tout, le nombre d'exploitants baisse, faut-il y voir une corrélation, un effet négatif ?