Quand un acteur de la FrancAfrique se lâche et raconte les dessous du lâchage de Bockel :
http://blog.rtl.fr/aphatie/20090907/robert-bourgi-invite-de-rtl-ce-matin-07-09.htmlCitation:
L’invité de RTL, ce matin, à 7h50, était inhabituel. Robert Bourgi est avocat. Lui même reconnaît que ses plaidoiries sont rares. Son savoir faire est singulier. Grand connaisseur du continent africain, disciple de Jacques Foccart, il oeuvre dans la zone grise des relations que la France entretient avec ses anciennes possessions coloniales, Gabon, Côte d’Ivoire, Sénégal, etc.
L’élection présidentielle qui vient de se dérouler au Gabon, et qui a vu la victoire d’Ali Bongo, fils d’Omar, a été un prétexte pour lancer l’invitation. Celle ci correspondait à une envie ancienne. Plusieurs articles, parus ces derniers mois dans Le Point et Le Monde notamment, ont révélé à beaucoup de gens, et en tout cas à moi, le rôle de Robert Bourgi auprès de Nicolas Sarkzoy et Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée. Aux naïfs, dont j’étais, qui pensaient que les relations de la France avec l’Afrique passaient désormais par les canaux officiels, ces papiers démontraient que les vieilles habitudes demeuraient et que les pays africains francophones continuaient, continuent, de bénéficier d’un traitement particulier.
UN homme avait tenté, dans un passé récent, de normaliser ces relations. Il s’agit de Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la Coopération dans le deuxième gouvernement Fillon. Mal lui en a pris. Omar Bongo, alors président du Gabon, a demandé et obtenu sa tête de la part de Nicolas Sarkozy. Un papier, signé par Hervé Gattegno, dans Le Point, le 27 mars 2008, a raconté tout cela dans le détail. Et c’est ce papier qui révélait, en tout cas pour moi, le rôle du messager entre Nicolas Sarkozy et Ali Bongo, Robert Bourgi donc, avocat, confident, intermédiaire, personnage secret et théâtral, homme de réseaux et d’influence, un personnage de ces temps que l’on croyait révolu.
De loin en loin, son nom est revenu. L’homme qui s’était réfugié si longtemps dans l’ombre rencontrait visiblement beaucoup de journalistes. Le projet de l’inviter me trottait donc dans la tête et vendredi, je suis passé à l’acte.
Parfois, les chemins sont complexes pour contacter telle ou telle personne. Concernant Robert Bourgi, elles ont été très simples. Vendredi matin, j’ai tapé son nom sur l’annuaire, puis j’ai appelé son secrétariat à qui j’ai confié mon numéro de portable. Vendredi soir, Robert Bourgi m’a rappelé. Il a accepté aussitôt le principe d’une invitation que j’ai formalisé samedi en lui indiquant que nous serions heureux de l’accueillir à l’antenne ce lundi matin.
Il était clair, me semble-t-il, en entendant Robert Bourgi, ce matin, sur l’antenne de RTL, que son univers n’est pas le notre. Le sien est tissé par la culture africaine, nourri par les histoires qu’elle génère, alimenté aussi par des secrets que l’on ressent de manière presque palpable mais qui demeurent à leur état primitif.
Le phrasé, le rythme, les références historiques, cette manière si typique de se perdre dans les détails, tout cela disait bien, ce matin, l’univers particulier, et pratiquement parallèle qui est celui de Robert Bourgi. Permettre à des auditeurs d’entendre tout cela, même si le décryptage est impossible, représente en soi une information. Chacun de ceux qui a entendu Robert Bourgi ce matin sait que la diplomatie française officielle n’épuise pas le sujet des relations que l’Etat français entretient avec les pays africains.
Le passage le plus étonnant de l’entretien, et donc le plus fort, est celui ou Robert Bourgi décrit les conditions du limogeage de Jean-Marie Bockel du secrétariat d’Etat à la Coopération. L’épisode avait déjà été décrit. On avait déjà lu et entendu qu’Omar Bongo, feu président du Gabon, avait demandé et obtenu sa tête auprès de Nicolas Sarkozy. Mais en entendre le détail dans la bouche d’un des acteurs de la scène constitue un moment assez rare et particulier. Robert Bourgi a expliqué, sans fard, comment un chef d’Etat étranger avait obtenu le limogeage d’un ministre, un peu comme on congédiait un valet dans les temps anciens, et son remplacement par quelqu’un de sans doute plus docile, ou davantage à l’écoute des intérêts d’une part de l’Afrique dont la logique secrète risque de le demeurer longtemps.
Le récit n’est finalement à l’honneur de personne, notamment pas de Jean-Marie Bockel, promené depuis du secrétariat d’Etat aux Anciens combattants à celui de la Justice qu’il occupe désormais, sans que l’on sache exactement quel est son rôle à ce poste. Par ailleurs, on se demande comment Bernard Kouchner, ministre en titre des Affaires étrangères supporte, non pas ces incursions dans son domaine ministériel, mais le fait que son auteur ait décidé, désormais, de s’exprimer publiquement.
En fait, on peut se demander qui est le maître de ce jeu, les chefs d'États Africains qui peuvent se permettre de demander et d'obtenir la tête d'un ministre français ? Le président français qui fait "carpette" en échange de quelles faveurs ? La donne a changé et on peut se demander qui dirige quoi et pourquoi :
Citation:
Le plus affligeant est que cette stratégie du cynisme n'est plus que l'ombre de ses modèles gaullien ou mitterrandien, comme l'a illustré la pantalonnade de l'élection présidentielle gabonaise. Maîtres chanteurs, les gouvernements africains qui exigent le soutien de la France la dénigrent en public en brandissant à qui mieux mieux le spectre du colonialisme. Et les peuples qui vénéraientla France protectrice la renient pour invoquer la tutelle américaine ou chinoise. Certes, l'angélisme enfariné ne tient pas la route en géopolitique, et la realpolitik la plus cynique peut se justifier par sa nécessité et son efficacité. Mais renoncer à la vertu pour garder la puissance, et se retrouver dépouillé de l'une et de l'autre, voilà qui ressemble à une piteuse fin de partie. Car ce n'est plus la France qui profite de cette tutelle archaïque, ce sont quelques intérêts particuliers. La Françafrique est morte comme diplomatie efficiente, elle perdure comme entreprise privatisée.
Jean-Marie Bockel avait donc bien raison de chercher une fin pour cette politique, comme Nicolas Sarkozy était dans le juste en promettant la rupture, là-bas comme ici, durant sa campagne. L'apostasie africaine du président est l'une des plus grandes déceptions de sa géopolitique. "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire", affirma le président dans son fameux discours de Dakar, le 26 juillet 2007. Et si le drame de la France en Afrique était de ne pas être assez sortie de son histoire pour avoir le courage d'en écrire une autre?
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/gabon-banania-a-l-elysee_785842.html?xtor=RSS-186Ne serait-il pas temps de mettre fin à cette mascarade, pes seulement pour sauver les Africains, mais aussi pour sauver les Français ?