Tepes a écrit:
Quelle différence y aurait il entre les pays communautaristes et la France si ça arrivait?
Historiquement, la France a toujours éliminé ses minorités considérées par la majorité comme non intégrées, que ce soit les seigneurs félons, les cathares, les vassaux des Anglois, les Flamands, les juifs ou les protestants. Les protestants sont définitivement acceptés en 1789. Les juifs attendront la Première Guerre mondiale en payant le "prix du sang" dans les tranchées (l'image d'un rabbin tendant un Nouveau Testament à un soldat catholique mourant y a beaucoup contribué), même si certains Français tenteront encore de les éliminer sous le gouvernement de Vichy.
Tepes a écrit:
Qu'est ce que ces pays ont de plus que la Yougoslavie qui les vaccine?
La démocratie et le droit à l'autodétermination évite les guerres civiles et d'indépendance tant qu'une large majorité en accepte les règles.
Tepes a écrit:
Les pays anglo-saxons parlent de communautés sans complexe, la France considère ce principe comme néfaste puisqu'elle n'admet pas d'intermédiaire entre l'Etat et les citoyens. En quoi cela pourrait modifier le déroulement d'un tel événement ?
Dans les pays anglo-saxon, la suprématie du groupe ethnique dominant est tacitement prévue et supposée comme acceptée. Les autres communautés ne sauraient être que tolérées, passagères, peut-être assimilées en partie.
La République en France présuppose une négation des communautés et de toute forme de féodalité familiale, seigneuriale, religieuse, ethnique, etc. entre elle et ses habitants/citoyens. L'acceptation de particularités collectives opposables à l'ensemble des citoyens doit théoriquement signer sa désintégration. C'est même un peu ce qui se passe en 1940-44 ou depuis les années 1980/1990.
Cette phrase du comte Stanislas de Clermont-Tonnerre pour défendre l'intégration des juifs à la nation française en 1791 fonde l'intégration républicaine en France :
Citation:
Il faut tout refuser aux juifs en tant que nation et tout leur accorder en tant qu'individus ; il faut qu'ils ne fassent dans l'État ni un groupe politique ni un ordre : il faut qu'ils soient individuellement citoyens.
Remplacez "juifs" par "homosexuels", "musulmans", "Roms", "fonctionnaires", etc., et vous obtenez le dogme de l'intégration républicaine en France. A mon avis, ce dogme est trahi par un grand nombre d'habitants et de politiciens soi-disant républicains mais nous menant vers un système pluri-communautaire dont l'évolution me paraît aller vers un retour des féodalités hétéronomes (où la gestion des individus n'est plus assurée par eux-mêmes mais par le groupe d'appartenance => unions conjugales interdites, impositions de tabous religieux à la communauté et si possible à l'ensemble du pays, etc.).
Tepes a écrit:
Mais en Belgique, des bourgmestres flamands prétendent obliger les wallons a ne pas parler français dans leurs villes, même et surtout s'ils y habitent. Ce qui est en contradiction flagrante avec cette notion de libre-circulation des citoyens européens.
L'extrême droite nationaliste flamande se déclare ouvertement comme anti-européenne. Sa logique est communautariste tandis que la logique de l'UE est, comme pour la République française, une intégration supracommunautaire (ses détracteurs diraient apatride).