Alain.g a écrit:
Il est vrai que la première privatisation de France Télécom remonte à 1997, au début des années Jospin, et que la société a sans cesse changé de statut, cependant qu'elle était soumise, en vertu des règles européennes d' interdiction du monopole, à une concurrence très dure, faisant craindre de graves difficultés.
La préparation de la privatisation a commencé dès 1994, voire plus tôt. Au moment de la privatisation, FT était déjà découpé en centres de profits (BU = Business Unit) et le regroupement, la rationalisation des équipes était prêt. Par ailleurs l'organisation des agences commerciales avait évolué pour en faire des "boutiques de service", avec un accueil personnalisé du public et des techniciens de SAV associés.
En 97, France Télécom a été confiée à l'un de nos meilleurs managers, Michel Bon, issu de la grande distribution et qui faisait un passage remarqué à la tête de l'ANPE.
Conscient que l'ouverture à la concurrence allait réduire ses marges sur le marché français, Michel Bon a joué la croissance externe sur le marchés émergents, en particulier les pays de l'est, marchés mal équipés et appelés à grandir. Inconvénient : endettement et retour d'investissement à échéance difficile à prévoir.
Citation:
A certains moments, notamment quand les concurrents ont offert le téléphone gratuit et que les résiliations d'abonnement à FT se sont multipliées, l'entreprise devait être désemparée. Le personnel a du mal vivre cette situation particulièrement pénible.
Mais ses concurrents n'ont pas offert le téléphone gratuit !
Free, Neuf télécom et autres ont fait la preuve qu'on pouvait vivre (et bien vivre) avec la téléphonie sur Internet à 30€. J'ai expliqué plus haut que FT a commis une erreur stratégique majeure en n'alignant pas son offre. Après cela, évidemment, FT est victime d'une hémorragie d'abonnés.
Encore une fois, la DG de France télécom est responsable de la situation de l'entreprise. (perso, je pense que virer Michel Bon a été une grave erreur. Mais les choix à ce niveau sont souvent davantage motivés par la politique que par la rationalité.)
Et oui, vous avez raison, aujourd'hui les salariés de FT font partie d'une entreprise en restructuration qui licencie. Et ça, c'est anxiogène dans toutes les entreprises.
Au passage, même si FT n'entre pas dans ce cas de figure, l'évolution de la culture du travail dans les services publics, ça se gère. Aujourd'hui, je trouve que c'est singulièrement mal conduit dans l'éducation nationale. On y assiste à une réduction purement comptable du nombre d'enseignants, sans que leur mission et leurs objectifs soient redéfinis. L'incapacité des ministres successifs à proposer un vrai défi culturel aux enseignants est consternante.
Règle générale : on ne peut pas mobiliser les gens avec des objectifs comptables. Il faut leur proposer des objectifs opérationnels. Concrets et parlants. (c'est vrai dans le public comme dans le privé.)
Tiens, à l'ANPE, Michel Bon avait posé d'entrée un objectif : l'ANPE doit devenir le premier recruteur de France et atteindre 30% du marché du recrutement. Bouffer le marché des cabinets de recrutement, voila un objectif propre à motiver des agents d'un service public.
Le message est plutôt bien passé auprès des agents, et les bêlements inévitables des syndicats sur le thème du bradage du service public tombaient un peu à plat. (J'aurais aimé voir la suite...)