Citation:
mais cette attitude de désintérêt profond d'Obama pour l'Europe est sans doute un facteur plus important, lié à la réalisation que si les intérêts stratégiques de la France sont encore liés à ceux des US, ses intérêts économiques sont ailleurs."
vous voulez dire que les usa n'ont plus d'intéret économique en france (et en europe)et doivent concentrer leur attention vers l'asie ? ou bien pluto que sarkozy constatant le désinteret d'obama pour l'europe et la france va comprendre qu'il a eu tort de chercher à se rapprocher des usa en 2007 ?
Les deux, puisque 2 est une conséquence de 1:
les intérêts économiques des US en Europe ne sont pas nuls, mais ils font pâle figure à côté de ceux qui sont en jeu, (et s'accroissent) avec la Chine, le Japon et d'autres pays asiatiques. Ces intérêts sont--c'est bien connu-- de deux ordres: le volume considérable des échanges commerciaux entre ces pays et les US, la balance commerciale US étant très déficitaire dans ces échanges d'une part.
Et d'autre part, le fait que la Chine et le Japon détiennent une très grand part de la dette publique américaine, bien que récemment la Chine ait ralenti les investissements de son fond souverain dans les Treasuries et cherche manifestement à se diversifier.
C'est ce qui fait dire aux commentateurs économiques que la Chine prête de l'argent aux US afin que ceux-ci puissent lui acheter les produits de son industrie.
L'Europe n'est plus qu'un partenaire économique secondaire pour BO; par contre il semble oublier qu'elle reste un partenaire stratégique important: ce sont surtout des troupes européennes qui combattent aux côtés des US en Afghanistan, pas des troupes chinoises, et ce n'est pas demain la veille qu'il y en aura.
Il y a un schéma répétitif qui se dessine dans la stratégie politique générale de BO: il tend à multiplier les concessions pour rallier ses adversaires, ou du moins ses non-alliés, et ce faisant à négliger ceux de son camp et à gouverner contre son propre parti: c'est observable dans la réforme du système de santé, où il a accepté de faire à la droite et aux HMOs des concessions qui dénaturent complètement le projet et le réduisent à l'état de coquille vide.
De même, il cherche à séduire les Chinois et autres pays asiatiques avec un voyage d'une semaine entière en Asie mais ne juge pas nécessaire de rendre visite à ses vieux alliés européens lors de la cérémonie des 20 ans de la chute du mur. Cette absence, d'après mes contacts de Bruxelles, a été très mal ressentie à Berlin.
Et donc, Sarkozy qui avait cru que son atlantisme anti-chiraquien lui vaudrait des bons points auprès de BO comme auprès de Bush (qui l'avait tout de même rencontré deux fois en moins d'un an et traité avec plus d'égards) se rend compte que ni la France ni même l'Europe n'intéressent BO. L'entrée dans l'OTAN est un fait acquis, et ce n'est pas nécessairement négatif, mais je crois que le président français a compris qu'il n'avait pas intérêt à en remettre dans l'atlantisme, et qu'il ne fallait pas attendre grand'chose de son homologue américain en retour de sa bonne volonté pro-américaine.
De plus, il a du se rendre compte aussi que BO trainait des pieds pour envisager toute réforme financière qui pourrait déplaire au big business, qu'il ne fallait pas compter sur lui pour mettre sur pied des projets globalisés novateurs dans ce domaine, et qu'il fallait plutôt compter sur d'autres pays européens pour ce faire, comme c'est le cas avec Brown et la taxe sur les bonus des traders.
A mon avis, BO a commis une erreur en accompagnant sa demande de 10 000 troupes alliées en renfort en Afghanistan d'un comportement aussi désinvolte envers l'Europe; sur la base de tout ça, je suis certain que les renforts consentis par Sarkozy resteront largement symboliques ou minimes.