J'imagine que les USA ont dû entendre des conversations entre dirigeants iraniens leur permettant de connaître la destination de cet uranium trop enrichi pour servir dans le civil.
De nombreux pays du Moyen-Orient (Algérie, Egypte...) disposent de centrales civiles sans que personne n'y trouve à redire. La focalisation sur le programme nucléaire iranien n'est à mon avis pas gratuit.
On peut certes objecter les accusations périmées des Anglo-Saxons à l'encontre de Saddam Hussein, mais Bush avait envie de faire la guerre en Irak alors que personne ne veut faire la guerre en Perse, pour d'excellentes dont le masochisme chiite n'est pas la moindre.
C'est peut-être d'ailleurs ce masochisme qui fait définitivement coincer l'affaire. Jusqu'alors, tous les détenteurs d'armes nucléaires ont proclamé leur intention d'y survivre. L'actuel président iranien est un personnage particulier ayant affirmer sa croyance que l'Apocalypse était proche et qu'il convenait de s'y diriger avec le plus de zèle possible, par exemple :
Citation:
15 septembre 2005. Je suis à New York […]. En marge de ces travaux, une rencontre est organisée par Kofi Annam entre le président iranien, Javier Solana et les trois ministres des Affaires étrangères européens qui conduisent les négociations avec l’Iran sur la question nucléaire : le Britannique Jack Straw, l’Allemand Joschka Fischer et moi-même. […] Alors que les discussions tournent en rond, Mahmoud Ahmadinejad change subitement de registre et s’adresse à nous : « Savez-vous pourquoi il faut absolument souhaiter le chaos ? Parce qu’après le chaos il y aura Dieu. »
Philippe Douste-Blazy, Des affaires pas si étrangères
C'est la perspective d'une arme nucléaire entre les mains d'un pervers iranien qui fait hurler les Israéliens, les Saoudiens, les Américains et le reste du monde.
Si l'Iran envoie ou laisse envoyer une bombe sur Israël (deux bombes nucléaires suffiraient à vitrifier cet Etat), Israël anéantira probablement en représailles les mondes arabe et persan, laissant une cicatrice atroce au monde.
Je crois que c'est pour éviter absolument tout risque de ce genre qu'Israël est sanctuarisé par ses principaux voisins et alliés (y compris les USA qui n'ont, d'après Peyrefitte, garanti les frontières israéliennes qu'après qu'Israël ait la bombe atomique).
Et pour sanctuariser Israël, mieux vaut éviter que des bombes atomiques soient produites en Perse aujourd'hui.
Du reste, je pense que quel que soit la volonté des scientifiques et dirigeants iraniens, leur pays sera bombardé, voir partiellement vitrifié avant qu'ils ne puissent terminer quelque bombe atomique que ce soit.
Je pense que les ayatollahs et les Iraniens le conçoivent et qu'ils hésitent à fabriquer une telle bombe pour s'éviter un si pénible avenir.
Une bombe atomique est destinée à sanctuariser un pays ou, par défaut, à exercer des représailles démultipliées à un agresseur mortel. Mais quel intérêt garde-t-elle quand sa conception même vous destine à être écrasé et à en rester de toute manière dépourvu ?
La Perse dispose déjà d'atouts suffisamment solides pour avoir dissuadé l'URSS même. Par la simple fabrication d'une bombe atomique, elle se transformerait en cible à détruire en urgence.