Citation:
je proposerais pour ma part un point de vue plus nuancé en mettant en avant le côté "gauche" d'Obama
Le côté gauche d'Obama? Ca relève largement du fantasme projectif: les seuls qui y croient sont ceux des électeurs américains qui croient encore aux promesses et envolées rhétoriques de la campagne présidentielle. Certains Européens aussi, qui pensent naivement que tout noir américain est automatiquement de gauche parce qu'il est noir. Ou les Républicains, pour qui quiconque est moins à droite que Dick Cheney est socialiste: actuellement, ce sont bien les seuls aux US a encore ajouter foi à la notion que BO est de gauche. Et c'est à peu près tout.
Et avant de ramener sur le tapis pour la Xème fois l'histoire du community organizer, n'oubliez pas que certains néoconservateurs ont commencé dans la périphérie du trotskisme et que nombre de figures de proue du flower power sont devenus de florissants entrepreneurs capitalistes hyperlibéraux.
Obama n'est pas de gauche. S'il a eu un côté gauche dans sa jeunesse comme beaucoup, il n'a pas été plus à gauche que Bill Clinton et Hillary, et de toute façon il y a longtemps qu'il est passé aux choses sérieuses . C'est essentiellement un politicien centriste modéré, prudent, voire même timoré, franchement conservateur sur certains problèmes, et excessivement consensuel.
Nommez moi une seule réforme vraiment progressiste qu'il ait soutenue depuis son arrivée au pouvoir. Je n'en vois aucune.
Et ne citez pas la réforme de santé: dans sa formulation actuelle, c'est essentiellement un cadeau aux HMOs, qui auront ainsi 40 millions d'assurés en plus, grâce à des aides de l'Etat prises dans la poche des contribuables, et pas des contribuables très riches, essentiellement de ceux qui ont simplement un job décent et bénéficient d'une bonne assurance de la part de leurs employeurs. Le socialisme, est-ce que ce n'est pas plutôt quand l'Etat prend l'argent des riches pour le redistribuer aux pauvres? Là, l'Etat prend l'argent des classes moyennnes pour le donner aux grandes compagnies d'assurance.
Si BO avait vraiment un côté gauche, il aurait soutenu un système "single payer" du type de ceux qui existent en Europe (sous des gouvernements de droite).
EN plus d'être entouré d'une clique d'ex de Goldmann Sachs et de Citigroup, il a dispensé des sommes énormes aux grandes banques, compagnies d'assurances US etc, sans vraie contrepartie ou sans leur poser des conditions strictes dans le cadre du bailout. L'aide européenne aux banques a été, elle, accordée de façon beaucoup plus rigoureuse et exigeante envers les institutions bancaires ainsi secourues. Les électeurs de base peinent à comprendre pourquoi les banques, qui ont reçu du gouvernement des prêts de sauvetage à taux zéro, leur prêtent maintenant cet argent à des taux allant jusqu'à 20% pour les cartes de crédit.
BO n'a fait passer que des mesures comparativement peu importantes pour aider les simples citoyens touchés par le chômage et/ou menacés de perdre leurs maisons--d'où le mécontentement qui enfle en ce moment aux US parmi les électeurs de base et dont le mouvement populiste des Tea Parties est une expression: ils se sentent oubliés par Washington au profit des multinationales et des banques et le plan de sauvetage de BO est vu par ces mécontents comme du "socialisme pour les riches"..
BO est très réticent à introduire une vraie régulation des marchés financiers. La proposition d'une agence protégeant les usagers des banques et institutions financières ne va nulle part. Le président a contribué à saborder Copenhague. Il a envoyé quelque 30 000 troupes supplémentaires en Afghanistan; il ne fermera pas Guantanamo. Il s'oppose à toutes poursuites judiciaires contre ceux qui ont institué ou pratiqué la torture sous Bush. Etc.
Le coté gauche n'existe que dans les discours et dans l'image que certains (de moins en moins nombreux) ont de BO; dans sa politique, le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas évident.
Mais nous sortons du sujet; si le sujet "Obama est-il de gauche" intéresse, on peut ouvrir un fil ad hoc.