Un autre témoignage est disponible sur la "toile" : l'audition du colonel Martini, commandant un OMLT en 2009:
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cr ... 910022.aspQuelques extraits significatifs:
"Il est difficile d’établir une typologie générale des insurgés : nous sommes confrontés à plusieurs types d’insurrections, qui mêlent étroitement délinquants et talibans. Pour dix insurgés, au sens large, on compte deux vrais talibans, convaincus et formés, et huit combattants intermittents ou contractuels qui viennent prêter main-forte contre rétribution ; la participation à la pose d’un IED par exemple est rémunérée entre 100 et 200 dollars, soit largement plus d’un mois de salaire. Les insurgés, constitués en groupes de 3 à 20 personnes, connaissent parfaitement le terrain qu’ils arpentent pour certains depuis plus de trente ans. Ils nous observent et connaissent bien nos techniques auxquelles ils s’adaptent très rapidement, ce qui nous contraint à des évolutions permanentes.
La faiblesse du gouvernement afghan tient essentiellement à celle de sa police, qui souffre d’un recrutement local et de soldes trop faibles, deux facteurs favorisant la corruption. J’insiste sur un point : les OMLT de formation de la police afghane (POMLT) ont un bilan très positif. On a observé dans la zone française une bonne coordination entre les unités encadrées par les OMLT et les forces de police supervisées par les POMLT. Des actions communes ANA-ANP crédibles ont été menées sous commandement français.
Le métier de soldat est, en Afghanistan, un métier comme un autre. Le choix répond à des raisons conjoncturelles. Il ne faut pas oublier la notion d’équilibre entre les personnes. Avant l’invasion soviétique, les individus se sentaient redevables envers leur famille, leur village puis leur ethnie. L’intervention a quelque peu modifié ces équilibres, par l’introduction de dépendances financières, de liens dus aux combats, de la corruption, etc. Une personne peut ainsi se retrouver redevable envers un taliban à travers un membre éloigné de sa famille. Il en vient à ne pouvoir refuser de poser un IED, action pour laquelle il sera en outre rémunéré. Il faut lui donner un métier, le faire participer à la construction d’une route afin qu’il refuse d’y poser un IED ou, au moins, puisse financièrement se soustraire à cette obligation.
La clef est économique. Si nous parvenons à donner du travail aux afghans, la rébellion se trouvera circonscrite au fond des vallées et nous aurons réussi : la population se rendra compte que grâce à l’État et à l’armée afghane, elle a retrouvé prospérité et sécurité."