Narduccio a écrit:
(...) ils le feront dans quelques années. Une fois que la situation sera mieux rétablie, et qu'un peu d'inflation ne risque pas de ruiner les efforts de redémarrage.
Je répète qu'il ne suffit pas d'« un peu d'inflation » pour résoudre le problème de la dette. Je me suis déjà exprimé en février :
Si l'on veut régler le problème de l'endettement avec l'inflation, il faudrait au moins 5% d'inflation annuel pendant une dizaine d'années.Au sein de la BCE, la volonté de favoriser une forte inflation n'existe pas aujourd'hui. Il est peu probable qu'elle existe dans 4 ans, dans 6 ans, dans 10 ans, dans 12 ans.
Un autre sujet ne doit pas être négligé : les banques centrales en Europe (BCE, BoE, BNS, etc.) sont-elles capables de vaincre la désinflation si elles décident un jour qu'une forte inflation est préférable à une inflation modérée ?
Quand on voit que le Japon n'a pas été capable de vaincre totalement la "déflation" qui a sévi pendant très longtemps, on est en droit de se poser des questions. Le Japon a péniblement réussi à faire passer le taux d'inflation au dessus de zéro. Maintenant les Japonais espèrent que l'inflation restera durablement supérieur à zéro et de préférence supérieure à 1%. On n'ose pas espérer une inflation à 2% car cela semble trop beau pour être vrai.
Contrairement à certains économistes, je ne crois pas au scénario de
« japonisation » de l'Europe. Mais c'est quand même une hypothèse qu'on ne peut pas exclure.
Narduccio a écrit:
Alors effectivement j'aurais dû écrire : "Dans le cas qui nous préoccupe, on ne va tenter de réintroduire de l'inflation actuellement, car cette inflation, surtout si elle n'est pas maitrisée risque de bloquer le redémarrage après la stabilisation de la situation sanitaire. Dans le cas où les gouvernements de l'Europe se mettraient d'accord pour résoudre le problème de la dette de cette manière, ils le ferontdans quelques années. Une fois que la situation sera mieux rétablie, et qu'un peu d'inflation ne risque pas de ruiner les efforts de redémarrage.
C'est moi qui colorise en bleu.
J'ai bien compris que vous ne croyez pas à un retour de l'inflation à court terme. Je n'y crois pas non plus.
La BCE a publié en janvier ses nouvelles prévisions d'inflation :
2021 : 1 %
2022 : 1,1 %
2023 : 1,4 %
On est encore loin d'une inflation à 2%. A fortiori, on est loin de 5%.
Dans quelques mois, la BCE publiera de nouvelles prévisions. Elles seront probablement différentes car une légère accélération de l'inflation est déjà perceptible.
Vous ne croyez pas à un retour de l'inflation à court terme, mais vous annoncez qu'une forte accélération de l'inflation est quasiment inévitable ultérieurement. Je constate que nous sommes en désaccord.
Narduccio a écrit:
Il est difficile de dire ce sera comme ceci ou ce sera comme cela, car la plupart des pays, quand ils se sont trouvés dans des situations particulières ont su s'adapter. L'Allemagne ne fut pas toujours anti-inflationniste. Et, rien ne dit qu'elle le sera à jamais dans le futur.
Quelle est la probabilité que l'Allemagne encourage une forte inflation ?
Narduccio a écrit:
La BCE est indépendante car les 28 l'ont voulu ainsi. Ce qu'un groupe d’États a fait, le même groupe d’États peut le défaire... Soyez plus réaliste dans ce qu'il peut être fait ou pas ...
C'est précisément parce que je suis "réaliste" que je doute d'un changement radicale de la mission de la BCE.
Quelle est la probabilité que les 19 pays membres de la zone euro se mettent d'accord sur un changement radicale ?
Théoriquement, l'existence d'une monnaie unique en Europe était quasiment impossible. Nous sommes tous d'accord sur ce point. C'est indiscutable. Il faut se souvenir des décisions qui ont été prises dans les années 1990. Si les Européens ont réussi à créer la monnaie unique (euro), c'est parce que certains pays ont exigé une banque centrale indépendante avec un objectif d'inflation modérée. Cette exigence était la condition sine qua non pour que certains pays, notamment l'Allemagne, acceptent la création de la monnaie unique. Si l'exigence n'avait pas été satisfaite, plusieurs pays auraient refusé la création de l'euro.
Narduccio a écrit:
Vous avez compris que je prônais une inflation.
Non, je n'ai jamais pensé que vous êtes favorable à l'inflation. Dans votre vision du monde (ou de l'Europe), vous pensez que la résurgence de l'inflation est quasiment inévitable dans quelques années (au plus tard dans une dizaine d'années). Vous ne souhaitez pas cette inflation, mais vous pensez qu'elle est quasiment inévitable.