Nathalie Steiwer, journaliste au journal Les Echos, nous informent de la fragilité actuelle du secteur bancaire en Allemagne.
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L'inquiétude grandit autour des banques allemandes
La banque centrale allemande s'inquiète de la vulnérabilité du secteur face au risque de repli conjoncturel. L'agence de notation Moody's juge « négatives » les perspectives pour les banques allemandes.
Par Nathalie Steiwer
Publié le 22 nov. 2019
Ce n'est pas une surprise, mais la nouvelle jette un froid dans le secteur : l'agence de notation Moody's a baissé la semaine dernière la perspective des banques allemandes de « stable » à « négative ». Ses craintes portent sur la profitabilité et la solvabilité des banques pour les douze à dix-huit prochains mois, dans un contexte de taux d'intérêt au plancher.
Cette nouvelle salve arrive juste après l'avertissement lancé par la banque centrale allemande. Le système est « très vulnérable » face à « un ralentissement économique inattendu et une hausse brutale des primes de risque », a prévenu Claudia Buch, la vice-présidente de la Bundesbank, en présentant jeudi le dernier rapport de l'institution sur la stabilité financière.
Selon elle, « les risques de crédit futurs pourraient être sous-estimés et la valeur des garanties telles que les biens immobiliers surestimée ». Avec la baisse des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE), un prêt immobilier sur deux dépasse désormais dix ans, ce qui accentuera les charges à venir si les taux remontent ou si la valeur des hypothèques descend, prévient la Bundesbank.
Cette dégradation devrait alimenter le discours critique des banques allemandes contre la politique des taux bas menée par la BCE. En attendant, peu d'entre elles auraient les reins assez solides pour faire face à un choc. La rentabilité déjà faible des banques continuera de se détériorer, prévient Bernhard Held, senior credit officer chez Moody's, alors qu'elles dépensent déjà 83 centimes pour chaque euro engrangé en moyenne.
Les coûts restent mal maîtrisés malgré les restructurations en cours. Deutsche Bank a déjà annoncé la suppression de 18.000 emplois, soit 20 % de son effectif, à horizon 2022. Petite lueur au fond du tunnel, la première banque allemande a été considérée vendredi comme moins dangereuse qu'avant pour la stabilité du système financier global par le Conseil de stabilité financière.
Le secteur public est lui aussi sous pression. Les caisses d'épargne allemandes ont lancé les grandes manoeuvres pour se regrouper, mais rien n'y fait. Si la BCE commence à reconnaître elle-même les risques que les taux bas font courir au secteur bancaire, Christian Sewing pense que l'Europe doit aller plus loin pour aider ses banques. Vendredi, le patron de Deutsche Bank a proposé la création d'un « Fannie Mae européen » qui permettrait aux banques d'alléger leurs bilans.