Quelles sont et quelles seront les conséquences économiques du Brexit pour l'économie britannique et pour l'économie des pays de l'UE ?
Je sais qu'il existe déjà une discussion sur le Brexit, mais elle ne met pas l'accent sur l'économie.
En ce qui concerne la France, nous avons ici un article :
https://www.liberation.fr/checknews/201 ... ce_1717317Citation:
Quelles seront les conséquences économiques du Brexit sur la France ?
Par Luc Peillon 4 avril 2019 à 11:19
Bonjour,
Les dix jours à venir devraient être – réellement – décisifs pour l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et le reste de l’Union européenne. Après trois refus de l’accord de retrait par la Chambre des communes, la situation est plus que jamais incertaine sur la nature plus ou moins violente du prochain divorce entre l’UE et nos voisins d’outre-Manche : hard Brexit le 12 avril en cas de sortie sans accord, soft Brexit en cas de vote finalement positif sur le texte dans les prochains jours, permettant un départ ordonné du pays le 22 mai.
Hard ou soft, le Brexit aura, quoi qu’il en soit, un impact économique, et notamment sur la France. Différentes études se sont intéressées, depuis quelques mois, à en évaluer les conséquences.
Dans sa dernière note de conjoncture (mars 2019), l’Insee y consacre ainsi un dossier. Concentré uniquement sur les relations commerciales, l’institut fournit différents scénarios (hard ou soft Brexit) liés au rétablissement des droits de douane (de 3,3 à 7,3 points en cas de sortie avec ou sans accord), puis, dans un second temps, à l’instauration de barrières non-tarifaires (contrôle, réglementations…). Avec comme préalable assez logique que les effets du Brexit sur les membres de l’UE sont étroitement liés à l’intensité de leurs échanges respectifs avec le Royaume-Uni.
Dans ces conditions, la France ne devrait pas trop mal s’en tirer. Ses exportations outre-Manche ne représentant que 2,4% de son PIB. Quant aux «effets seconds», c’est-à-dire liés à la part de la production française incorporée dans les produits d’autres membres de l’UE exportés vers le Royaume-Uni, ils devraient également être limités : «Les exportations des autres pays vers le Royaume-Uni contiennent relativement peu de produits français, à l’exception de la Belgique (4%) et de l’Espagne (3,8%)», estime l’Insee. Résultat : les conséquences pour l’Hexagone seraient comprises entre 0,3% et 0,6% de son PIB (l’équivalent de 6,8 à 13,7 milliards d’euros à l’échelle du PIB annuel).
A titre de comparaison, le pays le plus affecté, l’Irlande – ses exportations vers Londres représentant 16,4% de sa richesse nationale – pourrait connaître un impact représentant 1,4% à 4,1% de son PIB.
Les effets s’étaleraient sur plusieurs trimestres, à partir de 2021 en cas de soft Brexit, «sans période de transition» en cas de hard Brexit, explique l’Insee.
Cette estimation n’inclut pas, cependant, ce que l’on appelle les barrières non tarifaires (BNT: règles sanitaires, techniques, etc.). Un paramètre difficile à évaluer mais qui, selon l’Insee, pourrait doubler, voire tripler, l’impact d’une sortie du Royaume-Uni. Ainsi, en incluant les BNT, le PIB de la France serait amputé, «à plus long terme», de 0,6% en cas de Brexit soft et de 1,7% en cas de hard Brexit. Des résultats «entourés de beaucoup d’incertitudes», prévient toutefois l’Insee, qui met plutôt en avant les chiffres précédemment cités (de 0,3% à 0,6% du PIB).
Autre étude qui s’est penchée sur le sujet : celle de l’Institut allemand Bertelsmann. Basée sur un temps plus long que celle de l’Insee, elle prend en compte l’adaptation d’autres paramètres. «Une hypothèse implicite importante est que le taux de change équilibre par la suite les soldes courants», note l’économiste Catherine Mathieu, de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). Résultat : les effets économiques d’un hard Brexit anticipés par cette étude sont moins importants que ceux de l’Insee. Selon Bertelsmann, une sortie sèche du Royaume-Uni coûterait 7,7 milliards à l’Hexagone (0,34% du PIB annuel). Soit près de deux fois moins que ceux attendus par l’Insee.
Quoi qu’il en soit, un hard Brexit représente in fine un coût économique assez faible pour la France : 0,6% de PIB pour l’Insee, 0,34% de PIB pour Berteslmann. «A moyen ou long terme, les conséquences au plan macroéconomique d’un Brexit sur la France sont en effet peu importantes, estime Catherine Mathieu. Certains secteurs, cependant, seront plus touchés que d’autres : notamment l’agriculture, si le Royaume-Uni monte fortement les droits de douane dans ce domaine ou encore la pêche s’il n’y a pas d’accord sur le sujet.» Rien à voir, toutefois, avec le Royaume-Uni, qui devrait encaisser un coût de 57 milliards d’euros, selon l’étude Bertelsmann.
A noter, enfin, que l’effet d’un hard Brexit pourrait être d’autant moins important que le Royaume-Uni a annoncé unilatéralement, le 13 mars, une forte baisse de ses droits de douane. Une annonce non prise en compte par les deux études précédentes et qui conduirait 87% de ses importations en valeur à être exemptés de droits, contre 80% aujourd’hui. Pour les pays de l’UE, on passerait de 100% aujourd’hui (en raison du marché unique) à 82% en cas de hard Brexit.