Le salon géopolitique de Passion-Histoire

On va de plus en plus vers un "hard-brexit", et personne ne semble s'en préoccuper. Il y a quelques associations professionnelles qui se posent des questions sur comment tout cela va se faire. Mais il semble que personne n'est capable de leur répondre : A six mois du Brexit, les entreprises du transport routier restent dans le flou

J'ai lu un article de Nessim Aït-Kacimi dans Les Echos.
L'absence de progrès dans les négociations du Brexit et la conjoncture dégradée pénalisent la devise britannique. L'euro a dépassé le niveau de 0,92 livre et la devise anglaise a baissé sous 1,29 dollar.

C'est normal, l'économie britannique a beaucoup à craindre d'un hard-Brexit... Donc, les marchés anticipent.

Si quelqu'un peut m'expliquer rapidement, face à ce contexte inquiétant, quelle est la motivation de Boris Johnson, j'en serai très heureux.

Peut-être simplement gagner les prochaines élections ... Une forte partie du peuple britannique se replie sur l’identité nationale. Ce repli viscéral n'est pas rationnel. Ce repli risque de perdurer pendant 5 à 10 ans. L'homme politique qui accompagnera ce repli peut espérer rester au pouvoir pendant un certain temps. Or, pas mal de monde dit que la plupart des hommes politiques feront tout pour gagner les prochaines élections...

Merci, c'est très clair. (Et les Britanniques ne sont pas les seuls à se replier ainsi sur eux-mêmes.)

Il est logique de faire baisser la livre, cela facilitera les exportations en annulant par cette baisse la hausse des droits de douane. Il suffit de jouer sur la TVA et autres impôts pour modérer les hausses que devront subir les consommateurs. Sans oublier les accords de libre-échange avec les pays du Commonwealth et tout autre pays qui voudra en signer, et je ne doute pas qu'ils seront nombreux.

Sinon, je suis d'accord, un homme politique ne voit pas plus loin que la prochaine élection, c'est ce qui le distingue de l'homme d'Etat, denrée qui se fait rare de nos jours.

Sauf qu'on ne fait rien "pour la faire baisser". Le fait qu'elle baisse est le signe que les marchés n'ont pas confiance dans l'économie britannique pour faire face à un brexit dur dans le contexte actuel. Et la livre baisse par rapport à de nombreuses monnaies. Or, sur les places financières, la livre s'était positionnée comme une monnaie de réserve, et on en a déjà discuté. Or, quel financier laisserait ses placements dans une monnaie de réserve qui baisse ... et qui fait qu'il s'appauvrit au fur et à mesure que le temps passe. C'est bien la position de la place financière de Londres qui est en danger.

Le gouvernement pourrait la soutenir, il n'en voit pas l'intérêt et je trouve qu'il a raison.

J’ai quand même de sacrés doutes sur l’efficacité de tout ça.
La livre baisse. Le commerce extérieur du RU est déficitaire, donc globalement même si les exportations sont favorisées (et encore, les produits manufacturés qu’exporte le Royaume-Uni feront appel à des matières premières importées plus coûteuses), la hausse des importations va impacter le pouvoir d’achat des Britanniques. Si c’est l’État qui compense par des baisses d’impôts, en plus de faire de la relance post-COVID, je crois que ça devra s’arrêter un jour.

Si Johnson cherche à limiter la hausse des importations liée à un no-deal avec l’UE, il lui faut des accords de libre-échange avec d’autres pays, et même comme cela les relations commerciales extérieures du RU ne vont pas se réorganiser du jour au lendemain puisque l’UE représente la moitié du commerce extérieur britannique.
Que d’autres pays aient envie de signer de tels accords avec le RU, je n’en doute pas. Ces pays avaient en général déjà un accord avec l’UE qui englobait le RU ; cet accord ne couvre plus le RU, tout le monde a intérêt à le rétablir.
Ce qui me semble plus hasardeux, c’est d’imaginer ce que Johnson va gagner en négociant ces nouveaux traités.
Si il fait un quasi-copier-coller du traité de l’UE avec ces pays (cela semble être le cas avec le Japon), alors le Royaume-Uni ne peut espérer qu’un gain marginal.
Si il veut vraiment des traités de libre-échange plus favorables que ceux de l’UE, il va falloir qu’il accepte de « donner » plus en échange… Or avec des pays dont les standards sociaux, sanitaires, environnementaux et autres sont éloignés de ceux de l’UE et du Royaume-Uni, comme la Chine, l’Inde ou même les USA, je ne suis pas sûr qu’ils y parviennent. En tout cas cela semble coincer pour l’instant avec les USA.