pierma a écrit:
En revanche, une question : pour quelle(s) raison(s), si vous avez un avis, ne réussit-on pas à atteindre 2% d'inflation ?
C'est une énigme. Quand les banques centrales (BCE, Fed, BoE) ont commencé leur politique de "quantitative easing", la plupart des économistes avaient annoncé que cela risquait d'entrainer une très forte inflation. Certains membres de la BCE étaient farouchement opposés à ce "quantitative easing". Il n'y avait pas de consensus au sein de la BCE quand la décision a été prise.
Pouzet a écrit:
Je dirais que la faiblesse de l'inflation est due d'abord, malgré les politiques d'assouplissement quantitatif des banques centrales, au fait que la masse monétaire dans la plupart des pays augmente raisonnablement lentement (en particulier par rapport aux années 1970).
S'il y a une relation étroite entre masse monétaire (
money supply) et inflation, pourquoi les banques centrales n'ont-elles pas simplement pris des dispositions pour augmenter cette masse monétaire ?
Les banques centrales disposent-elles des outils qui leur permettent de piloter la masse monétaire ?
La politique monétaire n'est pas un sujet facile. Quelque fois, j'ai l'impresion de ne rien comprendre. Mais je continue mes recherches.
Le FMI publie deux fois par an – avril et octobre – son World Economic Outlook. Lors de sa conférence de presse organisée le 15 octobre 2019 à Washington, Gita Gopinath, l’économiste en chef du FMI, a souligné que l’économie mondiale est entrée dans une phase de « ralentissement synchronisé ». Sans le soutien des politiques monétaires accommodantes, la croissance 2019 et 2020 serait inférieure de 0,5 %.
Gita Gopinath a évoqué la faiblesse de l'inflation. C’est l’un de ces phénomènes du paysage économique contemporain qui déboussolent les économistes. La reprise de la croissance mondiale, de 2016 à 2018, « ne s’est pas accompagnée d’une hausse soutenue des prix à la consommation », note le rapport du FMI publié mardi. Selon la théorie économique classique, les périodes de croissance soutenue et de chômage bas entraînent une hausse des salaires, laquelle pousse les prix et enclenche une spirale inflationniste considérée comme saine. C’est pourquoi nombre de banques centrales – dont la Banque centrale européenne, BCE – se fixent un « objectif d’inflation » « en dessous et proche de 2 % » dans le cas de la BCE. Or, les banques centrales des « pays avancés » ont beau avoir injecté des milliards d’euros, de dollars ou de yens dans l’économie et ont beau tenter de stimuler l’activité avec des taux d’intérêt très bas, l’inflation n’a pas décollé. Avec le ralentissement généralisé de la croissance en 2019, le FMI prévoit une inflation moyenne de 1,5 % dans les pays riches, contre 2 % en 2018. « La faible inflation dans les économies avancées pourrait s’ancrer », met en garde le FMI. Et en cas de baisse de l’activité, les banques centrales qui ont baissé leurs taux à des niveaux historiques pour stimuler – en vain – les prix se retrouveraient sans marge de manœuvre pour donner davantage d’oxygène à l’économie.