Arkoline a écrit:
Comment quatre petits pays peuvent-ils s'opposer au « rouleau compresseur franco-allemand » ?
L'annonce de Macron et Merkel avait justement ce but, comme ils l'ont déclaré : "aucune décision n'a jamais été prise sans l'accord de l'Allemagne et de la France". Donc, ils ont décidé de se mettre d'accord avant. Mais cela ne garantit pas que la décision s'imposera. En fait, il y aura sûrement des tractations entre le duo France-Allemagne et les 4 autres pays pour obtenir leur accord en leur faisant quelques concessions. Car, pour certaines décisions, ce n'est pas la majorité qui compte, mais il suffit d'un seul pays qui y soit opposé.
Après, les autres pays peuvent décider de mettre en place un accord plus restreint limité à ceux qui sont pour.
Au fait, vous qui êtes à l'affut de la presse économique, je m'étonne que vous n'avez pas fait suivre les articles parus la semaine dernière et qui montrait que 50% de l'aide européenne déjà promise était le fait de l'Allemagne aux industriels allemands :
Les aides massives de l'Allemagne à ses entreprises agacent en EuropeCitation:
"À l'heure actuelle, la moitié des aides d'État accordées aux entreprises européennes l'ont été par l'Allemagne", constatait le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, lors d'un échange récent avec un groupe de journalistes dont l'AFP.
Citation:
52% des aides approuvées par Bruxelles
Sur un total d'environ 1.900 milliards d'euros d'aides approuvées par Bruxelles, Berlin se taille la part du lion avec 52%, suivie de la France avec 17%, puis de l'Italie avec 16%.
Si l'Allemagne injecte 100 milliards d'euros d'aides dans ses entreprises et la France seulement 20 milliards, alors "il y a un risque de divergences sur le marché intérieur", prévenait récemment le Commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, ancien ministre français de l'Economie, dans les colonnes du Handelsblatt, un quotidien allemand des affaires.
Etonnamment, le plan européen prôné par la France et l'Allemagne a suivi quelques jours après et a éteint la polémique naissante. Toutefois, si à la place de nous offrir des articles comme autant de petites perles, vous vous lanciez un peu dans l'analyse des situations, vous constateriez très vite la différence entre les 4 pays opposés au plan et l'Allemagne :
- l'Allemagne s'est officiellement déclarée en récession;
- le moteur de l'économie allemande est constitué par l'exportation de produits hauts de gamme, elle a donc besoin d'acheteurs. La Chine est aussi en récession, donc les chinois vont moins acheter. La crise économique se profile aux USA = > les carnets de commande vont se vider.
CQFD : l'Allemagne a besoin que ses clients européens récupèrent vite des capacités de dépense, donc il faut qu'ils consomment. Les Pays-Bas, l'Autriche, le Danemark et la Suède sont dans une autre situation. Le politique économique des Pays-Bas est quasiment celle des paradis fiscal, du coup elle accueille un très grand nombre de sièges sociaux d'entreprises européennes. Elle doit donc penser qu'elle s'en tirera grâce à cela. L'Autriche a plutôt une économie de transit et elle vit aussi en partie grâce au tourisme des allemands. Et le plus grand client du Danemark et de la Suède, c'est l'Allemagne.
Au fait quelque part on voit les différences entre les tenants d'une Europe minimaliste et ceux d'une Europe plus fédéraliste... Du coup, le prochain sommet européen pourrait être "présentiel", donc avec les 27 chefs d’États présents dans la même pièce.