Jean-Marc Labat a écrit:
Toujours est il qu'il semble que ce soient des personnes âgées où déjà malades qui succombent majoritairement et que nous sommes en train de sacrifier la génération montante empêchée d'étudier et de trouver du travail. Et ça, ce n'est guère réjouissant.
C'est une opinion qu'on voit beaucoup circuler. Mais, il faut lire ce qu'en disent les spécialistes médicaux. Effectivement, si on se concentre sur les morts, la grande majorité ont plus de 80 ans. SI on regarde les malades, et ceux qui survivent, le tableau est différent. Déjà, on ne met pas quelqu'un de plus de 80 ans en réanimation, le bénéfice risque/avantages est trop faible. Il ne sert à rien de mettre en réanimation quelqu'un dont on est sûr à 100% qu'il va mourir, soit à cause de la maladie, soit à cause des séquelles des techniques intrusives qu'il va subir pour essayer de guérir. Donc, 100% des gens qui se trouvent en réanimation sont des gens dont l'espérance de vie, donc l'impact sur l'économie dépasse les 10 ans.
Ensuite, si on regarde chez les "survivants", la plupart s'en sortent sans séquelles, enfin pas tout à fait. Déjà, les gens mis en réanimation vont devoir suivre une rééducation qui va durer jusqu'à 12 mois. Donc, pendant ce temps-là, ils ne produisent pas, mais ils coûtent à la société. Les autres ? Les cas sont variables. Certains reprennent le travail dès la disparition des symptômes, mais beaucoup de jeunes et de moins-jeunes sont touchés par des symptômes persistants, voire le covid-long. Là aussi, comme pour les gens qui sortent de réanimation, un suivi médical qui s'échelonne sur des mois avec parfois de longues phases d'hospitalisation.
En fait, l'opinion ici professée tient presque de la fake-news dans le sens où elle est une vision déformée de la réalité pour présenter à des gens qui sont convaincus qu'on tue l'économie pour pas grand chose, et qu'il faut changer de méthode. Dans mon quotidien régional, j'ai vu des reportages sur des restaurateurs jeunes (entre 30 et 40 ans) qui sont tombés malades et qui s'en sont sortis assez bien. Ils le reconnaissent, avant leur maladie, eux-aussi pensaient "que nous sommes en train de sacrifier la génération montante empêchée d'étudier et de trouver du travail", maintenant, ils avent à quel point cette phrase est fausse. On empêche aussi que de nombreux jeunes et moins-jeunes, se contaminent, et qu'ils ne souffrent ensuite de séquelles dont personne n'est aujourd'hui capable de dire pour combien de temps ils auront à les subir. Et cela sera plus grave, un jeune qui ne va pas trouver de travail pendant 2-3 ans, on a déjà connu, et les libéraux qui hurlent actuellement au loup, nous expliquaient à l'époque que c'était normal et que c'était la dure loi de l'économie libérale. Aujourd’hui, alors que cela se fait pour limiter l'impact de la crise sanitaire sur le futur, on voit les mêmes qui s'offusquent. Je trouve cette vision court-termiste désolante.