Le salon géopolitique de Passion-Histoire

On nous bassine à longueur de temps sur l'inflation. Bon, les plus anciens se souviennent avoir connu une inflation à 13% au début des années 80. Mais la question que je me pose est de savoir si celle-ci est due à des causes conjoncturelles, prix de l'énergie, Covid et son confinement, mauvaises récoltes ou à des causes plus classiques, l'impression masive de monnaie par le biais du quantitative easing. Nous avons que la trop grande abondance de monnaie engendre une inflation.

Si la première cause est la bonne, la hausse des taux n'est pas la bonne solution, elle l'est dans la seconde. Mais quelle est la raison de cette inflation ?

Même si celle-ci a débuté avec la politique du"quoiqu'il en coûte" lié à la gestion du COVID, l'explosion des prix actuelle est avant tout liée aux conséquences du conflit en Ukraine et sa gestion géopolitique : se couper volontairement d'une énergie peu chère, pratiquer des sanctions économiques à l'égard de certains partenaires commerciaux, s'endetter pour produire des armes, etc., cela a fait exploser les prix.

C'est ce que j'incline à penser aussi, sans compter qu'il y a eu un déficit d'offre due à la pandémie. Dans ce cas, la hausse des taux ne ce justifie pas, elle nuit à l'offre par déficit d'investissement et à la demande par une hausse du coût de l'argent, c'est un jeu à somme nulle. Pourtant, avant le Covid, je pensais que les tombereaux d'argent magique sans que cela déclenche l'inflation me faisait croire que la période était déflationniste.

Moi aussi.
Cela dit, l'explosion du prix des énergies (et le fait que le prix de l'électricité soit indexé sur celui du gaz) a fortement grevé les coûts de production dans tous les domaines : que ce soit dans l'alimentation ou la production industrielle, voire tout simplement dans le chauffage de gros locaux tertiaires.
Je ne comprends d'ailleurs toujours pas pourquoi les élites européennes se sont ainsi tirés une balle dans le pied, devenant encore plus dépendants aux énergies extra-européennes (qui ont rapidement augmenté leurs prix devant cette aubaine), ce qui n'est pas sans conséquences politiques.
Les dirigeants français font preuve d'une stupidité incroyable dans ce domaine depuis près de 15 ans, mais ce qui m'a surpris ce sont les Allemands, si dépendants aux hydrocarbures russes : ils n'ont même pas bronché lorsque des barbouzes "ukrainiens" ont fait sauter Nord Stream 1 et se sont couchés devant les Américains qui ne voulaient pas de Nord Stream 2 (depuis le début des années 2010 en fait et l'administration Biden à réussi à obtenir de leur part en 2021 - soit avant le début de "l'opération spéciale" - qu'ils aident l'Ukraine à développer des énergies "vertes").
En échange de ce virage géopolitique majeur opéré par les Allemands, qui ont même fini par livrer des armes lourdes à l'Ukraine, les Américains ont placé l'Allemagne sous domination totale. Les énergies sont vitales à toute économie industrielle.

D'ailleurs, je ne pense pas que nous puissions retourner en arrière de ce qui vient de se produire face à ces choix funestes : l'inflation sera notre "amie" pendant au moins une décennie (à moins que le régime de Kiev ne prenne Moscou) et la dépendance énergétique de l'Europe sera totale. Nous le vivons, nous ne nous en rendons encore pas bien compte (sauf lorsqu'on va faire ses courses...) mais ce phénomène sera durable, signe de la fin d'une énergie bon marché (cette inflation n'a rien à voir avec celle des années 1980).
Cette victoire géopolitique à la Pyrrhus des Etats-Unis - mise sous tutelle totale de l'Europe occidentale et poursuite de leur politique de roll back à l'encontre de la Russie entamée depuis le milieu des années 2000 - risque de coûter fort cher sur le long terme à une Union Européenne plus vide politiquement que jamais et à sa population s'appauvrissant inévitablement.

Je ne crois pas que ça dure une décennie. Je ne sais plus qui disait que la production de biens est de l'énergie transformée, mais c'est très vrai. Nous nous sommes tirés une balle, que dis-je, une rafale dans le pied en interdisant toute recherche sur le gaz de schiste sur le territoire national et au large de la Guyane. Si ça continue, nous serons verts, mais morts. Mais les Allemands seront morts avant nous.

Exactement de l'énergie transformée et nous n'en avons pas beaucoup seuls...
Nous avons changé nos fournisseurs et nous les payons bien plus qu'auparavant.


Cela fait peur tout de même, c'est pire qu'une décennie d'inflation (même devenue modérée).

Lorsque j'ai acheté mon appartement à la fin de l'année 1980, l'inflation était à 13 % et le taux d'emprunt était à 16. Seulement les salaires suivaient peu ou prou, ce qui fait qu'année après année, la charge devenait moins lourde. Une forte inflation allège la charge des emprunts à taux fixes, nos ancêtres ont connu ça avec les emprunts de la Grande Guerre, ils ont donné des Francs germinal, on leur a remboursé des francs Poincaré dont le pouvoir d'achat avait fortement baissé. Il faut dire qu'il n'y avait pas eu beaucoup d'inflation depuis la réforme de 1726, ils ne savaient pas.Je ne parle pas de ceux de 1939, mais là, ils savaient.

Sauf que là les salaires ne suivent pas vraiment...

Effectivement, là est le problème.

Déjà, un tout petit rappel, j'ai le souvenir absolument pas médiatisé d'une grosse claque inflationniste lors du passage à l'euro. Certes, un rééquilibrage par la suite, mais durant cette période il aurait mieux valu ne pas être étudiant, alors que dire de celles et ceux d'aujourd'hui. . .



La planche à billet y contribue également, à l'avoir trop massivement utilisée, ils n'ont plus de marge de manœuvre et une dégradation de la note par les agences. A mettre l'économie sous perfusion, on contribue à nourrir un marché qui n'opère pas de choix de sobriété. En gros, les entreprises embauchent remplissent leur carnet de commande la consommation est maintenue. Ca donne du temps, à d'autres, aux plus prudents de se préparer à un avenir moins rose. Pourquoi pas, si cela avait été mieux ciblé.

Mais oui, une tendance inflationniste sur une petite dizaine d'années pourrait bien s'inviter dans notre quotidien. Cela me semble probable. La prochaine étape s'est forcément la grosse purge dans le privé avec une augmentation importante des faillites d'entreprises, une hausse du chômage bien que mécaniquement modérée par la démographie), et une consommation en berne. Des prix à la hausse dans un sauve qui peut général. Le temps de retrouver l'équilibre dans un pays où le poids des retraités va être toujours plus pesant, avec une fiscalité étouffante et des salaires incompatibles avec la volatilité de la demande...
Le seul point positif, l'immobilier devrait, dans les grandes villes, baisser. Je ne crois pas à l'idée d'un crack immobilier.

Plus vite on produira de l'électricité propre et à moindre coût, plus vite on sortira de ce marasme.
Et puis, la Norvège notre principal fournisseur de gaz vient peut-être de trouver son plus gros gisement.

Alors, une goutte d'espoir.