Jean-Marc Labat a écrit:
Je n'y crois guère, la population augmente toujours, les divorces sont plus nombreux, donc il faut plus de logements. Avec la loi zéro artificialisation nette, à part construire de nombreuses tours, je ne vois pas la solution.
Or, comme tout ce qui est rare est cher, ça ne va pas baisser. Sauf à réinventer l'appartement communautaire.
Au cours des 10 dernières années - c'est même sans doute plus ancien - la pénurie de logements était liée en grande partie à l'allongement de l'espérance de vie, et effectivement à l'explosion du nombre de divorces.
Les personnes âgées, en couple ou restées seules, mais dont le nombre n'a cessé d'augmenter, continuaient d'occuper le logement dans lequel elles avaient élevé leur petite famille bien des années avant. C'est autant de logements qui n'étaient (ne sont) pas remis sur le marché.
Les couples divorcés multipliaient par deux la demande de logements correspondante.
Si on y ajoute la baisse du nombre d'enfants par famille, le premier résultat, le plus spectaculaire, a été un record dans la surface habitée / personne. Jamais les Français n'ont été logés si grand. Ce qui peut être agréable mais aussi parfois un inconvénient : la surface n'est pas gratuite, il faut l'entretenir et la chauffer. Ainsi l'espace à vivre s'élargit, mais cela voisine avec la précarité du logement (familles monoparentales, chômeurs,...) et la précarité énergétique. (Pour une femme restée veuve avec une pension de réversion, payer le chauffage au fuel de la maison peut être très difficile.)
Ainsi ce sont des changements dans le mode de vie (si on y intègre l'augmentation de la durée de vie) qui ont le plus influencé la demande immobilière. Le phénomène a surpris les professionnels du domaine et même les démographes et sociologues, qui ne l'avaient pas vu venir avec cette ampleur. (Expliqué à postériori ça parait logique, mais ce n'était pas si évident à anticiper.)
C'est ce qui me rend prudent pour l'avenir : l'espérance de vie et le taux de divorces ne vont pas exploser : c'est déjà fait. Mieux vaut sans doute se demander quels phénomènes de ce genre vont impacter massivement la demande dans les 10 ans qui viennent.
- Jean-Marc a signalé l'exigence éventuelle des pouvoirs publics sur la performance énergétique : ça peut être meurtrier si c'est fait trop vite et sans discernement. (sans compter l'impact sur le nombre de sans abris : un taudis mal isolé c'est malgré tout un toit.) A moins d'imaginer une sorte de plan Marshall avec des prêts bonifiés que les économies obtenues permettront de rembourser. Sans doute plus facile à dire qu'à faire...
- Peut-être pas anodin, l'explosion du nombre d'étudiants : aujourd'hui tout le monde fait des études après le Bac. (Et il y a longtemps que les étudiants ont réinventé l'appartement communautaire, mais les colocations ne sont pas disponibles à volonté.)
- Les phénomènes qu'on n'a pas encore repérés comme facteurs déterminants sur l'immobilier. (La disparition des emplois non qualifiés ? D'autres, encore ?)
Tout ça pour dire que si on peut sans doute faire des projections à un an, cela devient beaucoup plus difficile sur une décennie, je pense.