Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Paris et Berlin s’accordent sur la création d’un «fonds de relance». La Commission européenne lèverait 500 milliards d’euros pour aider les pays les plus touchés par la crise du coronavirus.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s'est "réjouie de la proposition constructive de la France et de l'Allemagne".
Les tensions sur la dette italienne se relâchent, dans un climat d’optimisme prudent sur la zone euro. Le début de déconfinement en Italie s’est accompagné d’une émission obligataire record de 22 milliards d’euros cette semaine. Cette obligation à cinq ans du Trésor à taux d’intérêt de 1,4% a été souscrite en majorité par des investisseurs particuliers.
La proposition franco-allemande d’un fonds de relance européen axé sur un emprunt mutualisé de 500 milliards d’euros, lundi 18 mai, et l’attente du plan de la Commission de Bruxelles sur le sujet la semaine prochaine contribuent à ce regain d’optimisme. Les taux italiens à dix ans sont passés de 1,85% à 1,60% cette semaine, leur plus fort recul en deux mois.

La proposition d'un « fonds de relance » par Macron et Merkel est conforme aux attentes du gouvernement italien.

Vendredi 3 avril, Giuseppe Conte, chef du gouvernement italien, a souhaité que l’Union européenne se montre plus ambitieuse, unie et courageuse face à l’épidémie de coronavirus.
« Nous sommes appelés à effectuer un saut qualitatif qui permettrait que l’on se qualifie d’union politique et sociale, et non pas seulement économique », a souligné Giuseppe Conte. « La solidarité doit être l’encre avec laquelle nous écrivons cette page d’histoire, a poursuivi le chef du gouvernement italien. »
« Face à une tempête comme le Covid-19 qui nous concerne tous, il n’y a pas besoin d’un gilet de sauvetage pour l’Italie mais d’un solide canot de sauvetage européen qui conduirait nos pays unis en lieu sûr », a-t-il dit.

Confindustria, le syndicat patronal italien, avait demandé, en avril, la mise place d'un « nouveau Plan Marshall ».
Confindustria avait demandé une action de politique économique immédiate pour garantir les liquidités aux entreprises et éviter que ne disparaissent entièrement des filières industrielles. « Entreprises à risque, Italie à risque » est le titre du rapport qui demande un effort non seulement au gouvernement italien mais aussi à l’Europe. « C’est le dernier moment où elle peut prouver qu’elle est à la hauteur » selon le centre d’études de Confindustria. Il évalue qu’un plan européen d’investissements de 500 milliards d’euros sur trois ans avec des mesures portant sur la liquidité des entreprises, la santé, les infrastructures et le numérique permettrait une croissance de 2,5 % en Italie et de 1,9 % dans l’ensemble de la zone euro.


Source : Les Echos, 1er avril https://www.lesechos.fr/monde/europe/co ... on-1191048
https://afriqueactudaily.com/index.php/ ... epression/

La proposition d'un « fonds de relance » par Macron et Merkel est conforme aux attentes du patronat italien.

Le 12 mai, les trois principaux syndicats patronaux en Europe (Confindustria – BDI – Medef) ont exprimé conjointement leur souhait de voir l'Europe faire un grand plan d'investissement.

Alors que l’Italie serait le premier bénéficiaire du fonds « Next Generation EU », avec une aide globale de 172,7 milliards d’euros (dont 82 milliards de subventions), la Commission de Bruxelles a demandé à Rome de lui présenter, en septembre, un plan d’utilisation de ces fonds qui soit un véritable programme de transformation du pays.


Source : Figaro 18-06-2020 https://www.lefigaro.fr/conjoncture/en- ... r-20200618

Sujet: L'UE à la croisée des chemins


Si le programme "Next Generation EU" n'est pas nécessaire, on se demande pourquoi le gouvernement italien était favorable à ce plan.
Heureusement que le plan a été adopté car le spread de l'Italie (et du Portugal dans une moindre mesure) aurait grimpé plus ou moins vite et plus ou moins haut, ce qui aurait incité la BCE à intervenir pour acheter encore des obligations de l'Etat italien. Je respecte la BCE, mais je crois pas qu'elle puisse jouer les pompiers éternellement. Une intervention ponctuelle est envisageable, comme on l'a vu au mois de mars. Mais je n'imagine pas la BCE partir dans une fuite en avant.

Tout simplement parce qu'un plan de relance ne fonctionne jamais. Je commence à avoir un peu de bouteille pour avoir connu tous les avatars de plans divers et variés depuis celle de Chirac en 1974. Est ce que ça a fait baissé le chômage, non, est ce que la désindustrialisation de la France a été stoppée, non. Mais nous avons de beaux ronds points.

Sur le plan financier, l'annonce de ce plan a déjà eu un impact : une très forte baisse des taux des banques vis-à-vis de la dette souveraine de certains pays de l'UE. Je n'ai que des articles en italien sur cela, il semble que les médias français s'en désintéressent royalement. C'est d'ailleurs notable, parce que le plan n'est pas encore signé et promulgué, mais, le simple fait qu'on annonce un accord entre les 27 a déjà une incidence. Certains demandaient à quoi sert l'UE ... Il suffit d'ouvrir les yeux et de se remémorer comment les choses se seraient passées dans les années 70 ou 80.

Alors oui, les plans de relance sont souvent peu utiles... mais souvent c'est parce qu'ils ne visent pas les bonnes cibles. Le plan de Chirac ne visait pas à ré-industrialiser la France, chemin suivi par l'Allemagne, mais à aller vers une société de service à l'instar de ce qu'on voyait fonctionner au Royaume-Uni, et qui a fonctionné aux Pays-Bas. Quelque part, le plan a réussi, et il nous a fragilisé.

Il y aussi celle de 81 pour relancer les mines de charbon.

Bref, le pognon débloqué va permettre à l'Etat italien de faire quelque chose, mais quoi ?

Ça, c'est la vraie question. Ils ont des forces, et beaucoup de faiblesses. Ils ont quelques fleurons industriels, mais cela ne fait pas un secteur industriel fort. Et politiquement le pays est très divisé, ce qui risque d'augmenter le risque de saupoudrage pour faire plaisir à un tas d'intérêts électoraux.