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 Sujet du message: Le spectre de la guerre civile (en Occident)
MessagePosté: Jeu 27 Oct 2016 20:36 
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C'est un marronnier, je cite ces extraits parus en juin dans un Point qui brasse différentes opinions.
Citation:
Mais ces débordements doivent-ils empêcher de proclamer à la manière d’Alain Resnais : « La guerre civile est finie » ?

Oui, à en croire les avertissements lancés depuis la rive droite, « dure » pour les uns, « sans complexe » pour les autres, dont le pamphlet d’Ivan Rioufol, « La guerre civile qui vient » est le symptôme. […] L’affrontement futur « ne verra pas s’opposer la classe moyenne oubliée aux nantis européistes, la gauche à la droite, la province à Paris, prophétise l’éditorialiste du Figaro, mais l’idéologie coranique aux démocraties occidentales fatiguées ». […] Ses troupes ? « Une armée de l’ombre » bénéficiant « de la passivité des cités, de la myopie du pouvoir, de la collaboration des premiers traîtres ». C’est le scénario n° 1 : « Demain, la guerre civile en France ». […]

Serions-nous sans le savoir à la veille d’une fracture rédhibitoire ? « Non », tranche Elie Barnavi, auteur d’une thèse sur la Ligue catholique pendant les guerres de Religion (1562-1598), trente-six ans d’affrontements et de massacres dans un pays coupé en deux. « C’est un fantasme absolu. Pour faire une guerre civile, rappelle l’historien israélien, il faut deux camps organisés et armés. » […] La réalité du pays, c’est « l’indifférence et la moquerie, si ce n’est la haine, d’un côté ; le nationalisme borné, de l’autre, dans une Europe en passe de créer une société de ghettos où des communautés se regardent en chiens de faïence ». […] C’est le scénario n° 2 : « La séparation ». L’apartheid, diraient d’aucuns.

Scénario n° 3 : « La guerre civile larvée », mais d’un autre nature que dans l’entre-deux-guerres. Le sociologue Jean-Pierre Le Goff traque depuis des années les « postures du conformisme individualiste » et sonde la société française. […] Les individus « se bricolent tant bien que mal des identités », entre un monde ancien qui n’en finit pas de se décomposer et un renouveau qui tarde. Dans ce « moment critique », nous répète-t-il, des conflits d’un type nouveau peuvent survenir, y compris des « formes de guerre civile larvée, prenant une tournure ethnique ». […] Ce scénario est assez proche de celui de l’historien néoconservateur américain Daniel Pipes après sa visite de « no-go zones », les zones interdites aux autorités et aux populations extérieures au quartier – les « quartiers sensibles », dans notre « novlangue » – en Europe et aux États-Unis : « La guerre civile, confiait-il au Figaro, vous l’avez de temps en temps, par exemple lors des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises. »

[…] Dans son dernier livre, « Terreur dans l’Hexagone. Genèse du djihad français », l’universitaire Gilles Kepel rappelle qu’en posant en ligne, en 2005, l’« Appel à la résistance islamique globale », le Syrien d’Alep Al-Souri souhaite que la société française surréagisse aux attentats et déclare la guerre aux musulmans, tandis que les islamistes les plus radicaux déclencheraient des insurrections depuis leurs enclaves : les quartiers. L’essayiste Pascal Bruckner est parvenu à des conclusions similaires dans une chronique au Point : « C’est exactement ce que veulent les djihadistes ; couper définitivement les fidèles du Coran de la communauté nationale et provoquer une guerre civile dont ils s’imaginent sortir vainqueurs. » […] L’ancien ambassadeur d’Israël en France prend très au sérieux le terrorisme. […] « Il faut le combattre sans faiblesse, avec acharnement. J’ajouterai : avec une pointe de cruauté dont l’Occident semble avoir perdu l’usage ». […] « Casser les ghettos, disperser les populations, imposer la mixité à l’école, recréer, comme la IIIe République a su le faire, une religion républicaine laïque ou tout le monde est égal, faire ânonner aux gamins “Nos ancêtres les Gaulois”, comme on le faisait jadis avec les jeunes Guadeloupéens et les rejetons des familles juives polonaises, complète l’historien. La méthode nous semble aujourd’hui ridicule, mécanique, idiote, mais elle a été efficace. Elle a créé du lien social et culturel, elle donnait naissance à des patriotes. »

[…] Pour empêcher la désagrégation, « il faudrait des politiques autoritaires… que la démocratie moderne réprouve ». […]

Et s’il était trop tard ? C’est le scénario n° 4, et cauchemardesque, de Gabriel Martinez-Gros : « La guerre est perdue sans même avoir été engagée ». Le spécialiste de l’islam médiéval, professeur à Nanterre, est sans équivoque. […] Nos sociétés se situent plutôt dans le schéma de “Soumission”, le roman de Michel Houellebecq. Mieux, celui défini par Ibn Khaldun [1332-1406]. » Que dit donc le grand historien arabe du XIVe siècle ? Dans une société de faible croissance économique, la méthode optimale pour mobiliser et produire de la richesse tout en dégageant des gains de productivité, si faibles soient-ils, consiste à spécialiser et diversifier les fonctions entre les producteurs désarmés – l’immense majorité de la population sédentaire – et les détenteurs d’armes, chargés de maintenir l’ordre et de combattre. […] « Cette division du travail, disparue avec la révolution industrielle, est peut-être de retour avec le ralentissement de la croissance mondiale », parie l’auteur de « Brève histoire des empires. Comment ils surgissent, comment ils s’effondrent ». […] « Aux États-Unis et dans les sociétés dont le modèle se répand partout dans le monde, la violence que l’État combat et dont il se nourrit est aux marges. Ainsi les Latinos et les Afro-Américains constituent-ils à la fois la masse des délinquants et des victimes de la criminalité quotidienne et un pourcentage croissant des effectifs de la police et de l’armée. Dans les deux cas, ils ont le monopole de la violence. À terme, deux peuples sont en voie de constitution, l’un chargé de la production, l’autre de la violence. »

[…] Mais quel avantage une population retire-t-elle de la soumission à cet ordre nouveau ? Réponse : la paix dans une société ravagée par la violence. […] Dans la Chine ancienne, les empereurs d’origine barbare se hâtaient de se siniser, tout en continuant d’affecter les fonctions de gouvernement et de violence à leur peuple d’origine.

Pourtant, un autre scénario est envisageable, selon le spécialiste d’Ibn Khaldun : la nomination ou l’élection d’un autochtone, par exemple un président français au patronyme fleurant bon le terroir, ou un WASP aux États-Unis : deux potiches acceptables, la réalité du pouvoir étant assurée par leur second, un Premier ministre musulman. […] Dans l’islam ottoman, des califes exclus des fonctions du gouvernement et de la guerre ont été choisis pour leur seul patronyme arabe, lequel, en renvoyant à al religion des origines, conférait sa légitimité à l’organisation de l’empire. […] L’antique terre des Phéniciens n’est-elle pas dirigée de fait par le Hezbollah chiite, même si elle l’est officiellement par les sunnites, à la tête du gouvernement, avec un président chrétien, selon le principe du partage confessionnel des fonctions ? Au Liban, les apparences sont sauves et la guerre civile est évitée. […] En 1938, on a inventé une formule qui a fait date : « Lâche soulagement. »

2016, Le Point 2285, 140-143


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 Sujet du message: Re: Le spectre de la guerre civile (en Occident)
MessagePosté: Jeu 27 Oct 2016 21:42 
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Citation:
L’affrontement futur « ne verra pas s’opposer la classe moyenne oubliée aux nantis européistes, la gauche à la droite, la province à Paris, prophétise l’éditorialiste du Figaro, mais l’idéologie coranique aux démocraties occidentales fatiguées ».

Pour moi, une guerre civile oppose les individus d'une même communauté, les citoyens, et jusqu'aux membres de certaines familles, entre eux. Une guerre inter-communautaire n'est pas une guerre civile, à moins de considérer les guerres civiles comme des guerres entre civils. Le Cambodge ou le Vietnam étaient déchirés par des guerres civiles, pas le Rwanda ni le Burundi. Les djihadisme sunnite constitue également une guerre civile, véritable fitna internationale, entre sunnites, divisant certaines familles.

Néanmoins, même dans les guerres civiles, on peut trouver des conflits inter-lignagers (rivalités dynastiques, partisanes, géographiques, de classes sociales...) qui, comme je l'ai souvent écrit ici, sous-tendent la majorité de tous les conflits du monde.
Citation:
Serions-nous sans le savoir à la veille d’une fracture rédhibitoire ? « Non », tranche Elie Barnavi, auteur d’une thèse sur la Ligue catholique pendant les guerres de Religion (1562-1598), trente-six ans d’affrontements et de massacres dans un pays coupé en deux. « C’est un fantasme absolu. Pour faire une guerre civile, rappelle l’historien israélien, il faut deux camps organisés et armés. »

Il a raison. Dix pourcents de protestants instruits n'ont pu tenir face à 90 % de catholiques sous-éduqués en France, ce n'est pas la frange d'extrême droite de quelques 5 % de musulmans (qui font passer à 70 % la République avant l'islam) qui menace quoi que ce soit, sauf à exciter ses comparses "identitaires", bien plus nombreux et instruits.
Citation:
C’est le scénario n° 2 : « La séparation ». L’apartheid, diraient d’aucuns.

L'usage du terme apartheid est presque toujours usurpé. L'apartheid est une discrimination civique et légale, comme pour les "dhimmis", les non juifs d'Israël, ou auparavant les Afro-Américains aux USA, les non catholiques en Occident, etc.
Citation:
couper définitivement les fidèles du Coran de la communauté nationale et provoquer une guerre civile dont ils s’imaginent sortir vainqueurs. »

J'aime cette lucidité au sujet des conflits sunnites.

Les sunnites ne progressent depuis la décolonisation qu'en temps de paix et régressent systématiquement, mécaniquement, inéluctablement dès qu'ils recourent aux armes. Il n'y a aucun contre-exemple.

Les Palestiniens enregistraient des victoires à long terme entre deux guerres (ne serait-ce qu'en accroissant leur supériorité démographique) et ont tout perdu à chaque conflit armée qu'ils ont mené (pertes humaines, exils, souveraineté, respectabilité avec le terrorisme et leurs trahisons des pays d'accueil, murs israéliens, guerres civiles, radicalisation israélienne, grignotage des abords frontaliers avec Israël...), jusqu'à parvenir au point où ils n'ont plus rien à échanger aux Israéliens contre la restitution de leurs territoires perdus depuis 1948, ce qui était leur priorité géopolitique absolue.

Les extrémistes sunnites ne leurrent pas les gens clairvoyants. En combattant, ils ont perdu le sud du Soudan, l'Afghanistan, toutes leurs guerres contre l'Inde (et le Bangladesh dans la foulée), ils sont en train de soulever victorieusement le Kurdistan ; ils se sont fait écraser en Algérie, au Mali, en Irak, en Syrie. Il n'y a qu'à Mogadiscio qu'ils dominent, et à quel prix, l'anarchie et la misère attenante ! Les Saoud ne tiennent l'Arabie saoudite qu'en se tenant à carreau et, avec tout leur équipement technologique, se font balader contre des rebelles sous-équipés au Yémen !
Citation:
L’ancien ambassadeur d’Israël en France prend très au sérieux le terrorisme. […] « Il faut le combattre sans faiblesse, avec acharnement. J’ajouterai : avec une pointe de cruauté dont l’Occident semble avoir perdu l’usage ». […] Pour empêcher la désagrégation, « il faudrait des politiques autoritaires… que la démocratie moderne réprouve ».

Je n'ai pas attendu de lire cet article pour évoquer la torpeur occidentale, attirant de nombreuses critiques. J'attends ici vos hoquets ! ;)
Citation:
« Casser les ghettos, disperser les populations, imposer la mixité à l’école, recréer, comme la IIIe République a su le faire, une religion républicaine laïque ou tout le monde est égal, faire ânonner aux gamins “Nos ancêtres les Gaulois”, comme on le faisait jadis avec les jeunes Guadeloupéens et les rejetons des familles juives polonaises, complète l’historien. La méthode nous semble aujourd’hui ridicule, mécanique, idiote, mais elle a été efficace. Elle a créé du lien social et culturel, elle donnait naissance à des patriotes. »

Toujours le trépied de toute communauté : accepter de vivre ensemble, mourir ensemble, tuer ensemble.
Citation:
Et s’il était trop tard ? C’est le scénario n° 4, et cauchemardesque, de Gabriel Martinez-Gros : « La guerre est perdue sans même avoir été engagée ». Le spécialiste de l’islam médiéval, professeur à Nanterre, est sans équivoque. […] Nos sociétés se situent plutôt dans le schéma de “Soumission”, le roman de Michel Houellebecq. Mieux, celui défini par Ibn Khaldun [1332-1406]. »

Je récuse le scénario pour deux raisons :

1) la concurrence lignagère jouera démographiquement (sans compter les différentiels économiques, technologiques, intellectuels et moraux) en défaveur de soi-disant musulmans où que ce soit en Occident, sans oublier que la majorité des musulmans ne combattra pas ou combattra contre les extrémistes sunnites, et que les extrémistes sunnites s'entretueront également entre eux sur des logiques de lignages spermatiques et de "plus arabe que moi, tu meurs" et équivalents (scénario andalous) ;

2) les valeurs occidentales ont été influencées en profondeur par le pacifisme issu des deux Guerres mondiales, insidieusement appuyé par l'Union soviétique dans l'objectif de "démoraliser" (c'était le terme du KGB, signifiant "démobiliser la combativité de") l'Occident ; or ces influences s'éloignent dans le temps (ce à quoi j'impute un réveil des nationalismes en Occident, accéléré par les agressions extrémistes sunnites) ; il en découle que les Occidentaux reviennent à des valeurs oubliées, "enterrées", correspondant à un bellicisme effréné qui avait submergé la planète (et l'Occident lui-même) à partir du Moyen Âge. Il se pourrait que le souhait de Barnavi d'une redécouverte de la cruauté, de la férocité traditionnelle des Occidentaux (et d'Europe centrale), à côté desquelles l'énergie russe n'est qu'un doux élan, advienne, par et contre l'extrémisme sunnisme et tout ce qui pourrait y être amalgamé.

Que les extrémistes sunnites se souviennent que ce fut l'extrémisme de deux souverains turcs qui attira sur l'Orient deux catastrophes inoubliables, les croisades et les Mongols.
Citation:
Que dit donc le grand historien arabe du XIVe siècle ? Dans une société de faible croissance économique, la méthode optimale pour mobiliser et produire de la richesse tout en dégageant des gains de productivité, si faibles soient-ils, consiste à spécialiser et diversifier les fonctions entre les producteurs désarmés – l’immense majorité de la population sédentaire – et les détenteurs d’armes, chargés de maintenir l’ordre et de combattre. […] « Cette division du travail, disparue avec la révolution industrielle, est peut-être de retour avec le ralentissement de la croissance mondiale », parie l’auteur de « Brève histoire des empires. Comment ils surgissent, comment ils s’effondrent ». […] « Aux États-Unis et dans les sociétés dont le modèle se répand partout dans le monde, la violence que l’État combat et dont il se nourrit est aux marges. Ainsi les Latinos et les Afro-Américains constituent-ils à la fois la masse des délinquants et des victimes de la criminalité quotidienne et un pourcentage croissant des effectifs de la police et de l’armée. Dans les deux cas, ils ont le monopole de la violence. À terme, deux peuples sont en voie de constitution, l’un chargé de la production, l’autre de la violence. »

[…] Mais quel avantage une population retire-t-elle de la soumission à cet ordre nouveau ? Réponse : la paix dans une société ravagée par la violence. […] Dans la Chine ancienne, les empereurs d’origine barbare se hâtaient de se siniser, tout en continuant d’affecter les fonctions de gouvernement et de violence à leur peuple d’origine.

C'est la partie que je trouve la plus intéressante. J'essaie de vous alerter ici sur les méfaits de la démilitarisation de la société française.

Pour moi, les Germains avaient confisqué le pouvoir aux peuples romains en leur confisquant les armes (division de la société en nobles guerriers et plèbe productrice). C'est la même "protection" que fournirent les rajahs aux Indes, les princes musulmans chez eux, et toutes les mafias du monde dans leurs recoins. Les roturiers, les dhimmis, les esclaves sont en général désarmés. Bref, c'est du racket institutionnalisé.

Les armes de jets, les pertes humaines et l'inflation des armées ont progressivement remplacé les nobles (élites combattantes) par des roturiers dans les conflits menés par les Européens (ou les Turcs par des non Turcs en Orient), réarmant les "protégés" qui ont fini par pouvoir se débarrasser de ces castes monopolisant les armes.

Avec la suppression du service militaire, les Français se trouvent partiellement démobilisés et peuvent se trouver à la merci d'une oligarchie armée (je ne pense pas aux musulmans, plutôt aux élites économiques occidentales), même si policiers et militaires font peu partie des élites et plutôt du peuple (les politiques français sont en train de le constater actuellement et tentent de les amadouer...). Une armée de mercenaires ou une caste privilégiée pourraient aider une élite non combattante à "protéger" (racketter) un peuple désarmé (comme dans les petites pétromonarchies du Golfe submergées par les étrangers et s'appuyant sur des mercenaires), mais ça peut se finir comme avec les pachas d’Égypte (d'anciens mercenaires albanais ont viré les Ottomans d’Égypte).

L'inconvénient d'un peuple en armes peut être le bellicisme, comme pour la France (la Commune de Paris a conduit les guerres révolutionnaires et voulait poursuivre la guerre contre la Prusse en 1871, on pense également au bellicisme revanchard de 1914).

On pourrait voir ainsi deux tendances concurrentes, un peuple armé souverain (identitaires européens et américains) contre des élites souhaitant désarmer le peuple (contre le port d'armes aux USA, "l'Europe, c'est la paix" en Europe) mais pouvant en profiter pour le dominer et le racketter à l'abri d'une caste armée ou de mercenaires.

Pour l'instant, ce qui attise le peuple peu ou prou désarmé est la passivité des élus à l'abri dans leurs beaux quartiers, créant une sorte de ressentiment qui me rappelle la mauvaise presse des "rois fainéants" inactifs face aux invasions lombardes, hongroises ou vikings.


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 Sujet du message: Re: Le spectre de la guerre civile (en Occident)
MessagePosté: Ven 28 Oct 2016 01:23 
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À mon tour de commenter, pour formuler juste une remarque sur un des "camps" de cette guerre civile fantasmée : j'ai constaté que les individus qui revendiquent la qualité de "français patriote", et qui fantasment sur la Remigration ou tout processus de réduction forcée du nombre de musulmans dans la population française, sont en général plutôt âgés (au minimum la quarantaine) et la plupart d'entre eux ne feraient coup sûr pas le poids face à ne serait-ce qu'un seul musulman rigoriste de dix-quinze ans de moins, et qui a pour lui (la plupart du temps) d'avoir grandi dans un environnement violent qui donne un avantage en cas de conflit. Du coup, ces messieurs rêvent de mobiliser l'agressivité des plus jeunes au profit de leur dessein martial.

Cependant (et je me répète), j'imagine bien mal les jeunes Blancs/patriotes du Pouliguen, de Saint-Gauden, de Tournus, etc. se soulever massivement pour dégager les musulmans de Sevran ou d'ailleurs. Je les imagine tout aussi mal rejoindre en grand nombre les forces armées nécessaires à l'effort tant fantasmé par l'Extrême-Droite. C'est une chose d'avoir des convictions "identitaires", c'en est une autre de pouvoir les réaliser personnellement - ou créer une escouade suffisamment nombreuse pour avoir un réel impact.


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 Sujet du message: Re: Le spectre de la guerre civile (en Occident)
MessagePosté: Ven 28 Oct 2016 09:03 
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Zadrobilek a écrit:
À mon tour de commenter, pour formuler juste une remarque sur un des "camps" de cette guerre civile fantasmée : j'ai constaté que les individus qui revendiquent la qualité de "français patriote", et qui fantasment sur la Remigration ou tout processus de réduction forcée du nombre de musulmans dans la population française, sont en général plutôt âgés (au minimum la quarantaine) et la plupart d'entre eux ne feraient coup sûr pas le poids face à ne serait-ce qu'un seul musulman rigoriste de dix-quinze ans de moins, et qui a pour lui (la plupart du temps) d'avoir grandi dans un environnement violent qui donne un avantage en cas de conflit. Du coup, ces messieurs rêvent de mobiliser l'agressivité des plus jeunes au profit de leur dessein martial.

J'ai la quarantaine passée et je trouvais au contraire mes aînés globalement plus sages et pacifiques que mes cadets (jeunes délinquants compris). J'ai l'impression de faire partie des derniers représentants imprégnés des années 1980 (avec SOS Racisme, "Touche pas à mon pote", Coluche, le sans-frontiérisme...) et encore, j'ai vu quelques anciens camarades de classe tourner le dos à ces valeurs après quelques agressions. Au contraire, mes cadets ignorent ces valeurs, pensent en termes racialistes. Je pense qu'avec la disparition des enfants de résistants et des soixante-huitards, sensibles aux discours gauchisants, la proportion de votes droitiers et ultra-droitiers augmente aux élections.

Je pense que vous vous trompez sur la démobilisation des quadras et +. Votre hypothèse sur leur médiocrité militaire, à laquelle je souscrivais volontiers, est contredite par l'examen polémologique, les armées âgées surclassant régulièrement les armées jeunes, et même parfois dans des situations paraissant impossibles. C'est une question de discipline, de subordination, d'expérience et d'entraînement, dans un ordre d'importance qui me paraît décroissant.
Zadrobilek a écrit:
Cependant (et je me répète), j'imagine bien mal les jeunes Blancs/patriotes du Pouliguen, de Saint-Gauden, de Tournus, etc. se soulever massivement pour dégager les musulmans de Sevran ou d'ailleurs. Je les imagine tout aussi mal rejoindre en grand nombre les forces armées nécessaires à l'effort tant fantasmé par l'Extrême-Droite. C'est une chose d'avoir des convictions "identitaires", c'en est une autre de pouvoir les réaliser personnellement - ou créer une escouade suffisamment nombreuse pour avoir un réel impact.

Je ne partage pas votre point de vue. En plus d'avoir entendu les Français se remobiliser et légitimer à nouveau la violence ("légitime défense", etc.), je constate qu'ils accumulent chez eux des armes (m'oui, anciennes et modernes, mais très fonctionnelles) et s'inscrivent, non sans arrière-pensée pour certains, aux pratiques de combat (chasse, tir, arts martiaux, etc.). Ils se remilitarisent. De plus, nos cadres armés de réserve sont dispersés dans la population et sont parfaitement capables d'instruire en quelques semaines des forces de combat régulières ou paramilitaires relativement efficaces.

En face, je parle des voyous, ce ne sont qu'anarchies, trahisons et lâchetés. Leur unique atout est la responsabilité et le pacifisme de leurs victimes, à commencer par leurs voisins, y compris pas mal de musulmans puisque vous en parlez, qui aspireraient bien à s'en trouver débarrassés, d'autant plus qu'ils proviennent de cultures droitières ou ultra-droitières ne tolérant pas la criminalité.


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