Mes commentaires.
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L’affrontement futur « ne verra pas s’opposer la classe moyenne oubliée aux nantis européistes, la gauche à la droite, la province à Paris, prophétise l’éditorialiste du Figaro, mais l’idéologie coranique aux démocraties occidentales fatiguées ».
Pour moi, une guerre civile oppose les individus d'une même communauté, les citoyens, et jusqu'aux membres de certaines familles, entre eux. Une guerre inter-communautaire n'est pas une guerre civile, à moins de considérer les guerres civiles comme des guerres entre civils. Le Cambodge ou le Vietnam étaient déchirés par des guerres civiles, pas le Rwanda ni le Burundi. Les djihadisme sunnite constitue également une guerre civile, véritable fitna internationale, entre sunnites, divisant certaines familles.
Néanmoins, même dans les guerres civiles, on peut trouver des conflits inter-lignagers (rivalités dynastiques, partisanes, géographiques, de classes sociales...) qui, comme je l'ai souvent écrit ici, sous-tendent la majorité de tous les conflits du monde.
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Serions-nous sans le savoir à la veille d’une fracture rédhibitoire ? « Non », tranche Elie Barnavi, auteur d’une thèse sur la Ligue catholique pendant les guerres de Religion (1562-1598), trente-six ans d’affrontements et de massacres dans un pays coupé en deux. « C’est un fantasme absolu. Pour faire une guerre civile, rappelle l’historien israélien, il faut deux camps organisés et armés. »
Il a raison. Dix pourcents de protestants instruits n'ont pu tenir face à 90 % de catholiques sous-éduqués en France, ce n'est pas la frange d'extrême droite de quelques 5 % de musulmans (qui font passer à 70 % la République avant l'islam) qui menace quoi que ce soit, sauf à exciter ses comparses "identitaires", bien plus nombreux et instruits.
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C’est le scénario n° 2 : « La séparation ». L’apartheid, diraient d’aucuns.
L'usage du terme
apartheid est presque toujours usurpé. L'apartheid est une discrimination civique et légale, comme pour les "dhimmis", les non juifs d'Israël, ou auparavant les Afro-Américains aux USA, les non catholiques en Occident, etc.
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couper définitivement les fidèles du Coran de la communauté nationale et provoquer une guerre civile dont ils s’imaginent sortir vainqueurs. »
J'aime cette lucidité au sujet des conflits sunnites.
Les sunnites ne progressent depuis la décolonisation qu'en temps de paix et régressent systématiquement, mécaniquement, inéluctablement dès qu'ils recourent aux armes. Il n'y a aucun contre-exemple.
Les Palestiniens enregistraient des victoires à long terme entre deux guerres (ne serait-ce qu'en accroissant leur supériorité démographique) et ont tout perdu à chaque conflit armée qu'ils ont mené (pertes humaines, exils, souveraineté, respectabilité avec le terrorisme et leurs trahisons des pays d'accueil, murs israéliens, guerres civiles, radicalisation israélienne, grignotage des abords frontaliers avec Israël...), jusqu'à parvenir au point où ils n'ont plus rien à échanger aux Israéliens contre la restitution de leurs territoires perdus depuis 1948, ce qui était leur
priorité géopolitique absolue.
Les extrémistes sunnites ne leurrent pas les gens clairvoyants. En combattant, ils ont perdu le sud du Soudan, l'Afghanistan, toutes leurs guerres contre l'Inde (et le Bangladesh dans la foulée), ils sont en train de soulever victorieusement le Kurdistan ; ils se sont fait écraser en Algérie, au Mali, en Irak, en Syrie. Il n'y a qu'à Mogadiscio qu'ils dominent, et à quel prix, l'anarchie et la misère attenante ! Les Saoud ne tiennent l'Arabie saoudite qu'en se tenant à carreau et, avec tout leur équipement technologique, se font balader contre des rebelles sous-équipés au Yémen !
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L’ancien ambassadeur d’Israël en France prend très au sérieux le terrorisme. […] « Il faut le combattre sans faiblesse, avec acharnement. J’ajouterai : avec une pointe de cruauté dont l’Occident semble avoir perdu l’usage ». […] Pour empêcher la désagrégation, « il faudrait des politiques autoritaires… que la démocratie moderne réprouve ».
Je n'ai pas attendu de lire cet article pour évoquer la torpeur occidentale, attirant de nombreuses critiques. J'attends ici vos hoquets !
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« Casser les ghettos, disperser les populations, imposer la mixité à l’école, recréer, comme la IIIe République a su le faire, une religion républicaine laïque ou tout le monde est égal, faire ânonner aux gamins “Nos ancêtres les Gaulois”, comme on le faisait jadis avec les jeunes Guadeloupéens et les rejetons des familles juives polonaises, complète l’historien. La méthode nous semble aujourd’hui ridicule, mécanique, idiote, mais elle a été efficace. Elle a créé du lien social et culturel, elle donnait naissance à des patriotes. »
Toujours le trépied de toute communauté : accepter de vivre ensemble, mourir ensemble, tuer ensemble.
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Et s’il était trop tard ? C’est le scénario n° 4, et cauchemardesque, de Gabriel Martinez-Gros : « La guerre est perdue sans même avoir été engagée ». Le spécialiste de l’islam médiéval, professeur à Nanterre, est sans équivoque. […] Nos sociétés se situent plutôt dans le schéma de “Soumission”, le roman de Michel Houellebecq. Mieux, celui défini par Ibn Khaldun [1332-1406]. »
Je récuse le scénario pour deux raisons :
1) la concurrence lignagère jouera démographiquement (sans compter les différentiels économiques, technologiques, intellectuels et moraux) en défaveur de soi-disant musulmans où que ce soit en Occident, sans oublier que la majorité des musulmans ne combattra pas ou combattra contre les extrémistes sunnites, et que les extrémistes sunnites s'entretueront également entre eux sur des logiques de lignages spermatiques et de "plus arabe que moi, tu meurs" et équivalents (scénario andalous) ;
2) les valeurs occidentales ont été influencées en profondeur par le pacifisme issu des deux Guerres mondiales, insidieusement appuyé par l'Union soviétique dans l'objectif de
"démoraliser" (c'était le terme du KGB, signifiant "démobiliser la combativité de") l'Occident ; or ces influences s'éloignent dans le temps (ce à quoi j'impute un réveil des nationalismes en Occident, accéléré par les agressions extrémistes sunnites) ; il en découle que les Occidentaux reviennent à des valeurs oubliées, "enterrées", correspondant à un bellicisme effréné qui avait submergé la planète (et l'Occident lui-même) à partir du Moyen Âge. Il se pourrait que le souhait de Barnavi d'une redécouverte de la cruauté, de la férocité traditionnelle des Occidentaux (et d'Europe centrale), à côté desquelles l'énergie russe n'est qu'un doux élan, advienne, par et contre l'extrémisme sunnisme et tout ce qui pourrait y être amalgamé.
Que les extrémistes sunnites se souviennent que ce fut l'extrémisme de deux souverains turcs qui attira sur l'Orient deux catastrophes inoubliables, les croisades et les Mongols.
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Que dit donc le grand historien arabe du XIVe siècle ? Dans une société de faible croissance économique, la méthode optimale pour mobiliser et produire de la richesse tout en dégageant des gains de productivité, si faibles soient-ils, consiste à spécialiser et diversifier les fonctions entre les producteurs désarmés – l’immense majorité de la population sédentaire – et les détenteurs d’armes, chargés de maintenir l’ordre et de combattre. […] « Cette division du travail, disparue avec la révolution industrielle, est peut-être de retour avec le ralentissement de la croissance mondiale », parie l’auteur de « Brève histoire des empires. Comment ils surgissent, comment ils s’effondrent ». […] « Aux États-Unis et dans les sociétés dont le modèle se répand partout dans le monde, la violence que l’État combat et dont il se nourrit est aux marges. Ainsi les Latinos et les Afro-Américains constituent-ils à la fois la masse des délinquants et des victimes de la criminalité quotidienne et un pourcentage croissant des effectifs de la police et de l’armée. Dans les deux cas, ils ont le monopole de la violence. À terme, deux peuples sont en voie de constitution, l’un chargé de la production, l’autre de la violence. »
[…] Mais quel avantage une population retire-t-elle de la soumission à cet ordre nouveau ? Réponse : la paix dans une société ravagée par la violence. […] Dans la Chine ancienne, les empereurs d’origine barbare se hâtaient de se siniser, tout en continuant d’affecter les fonctions de gouvernement et de violence à leur peuple d’origine.
C'est la partie que je trouve la plus intéressante. J'essaie de vous alerter ici sur les méfaits de la démilitarisation de la société française.
Pour moi, les Germains avaient confisqué le pouvoir aux peuples romains en leur confisquant les armes (division de la société en nobles guerriers et plèbe productrice). C'est la même "protection" que fournirent les rajahs aux Indes, les princes musulmans chez eux, et toutes les mafias du monde dans leurs recoins. Les roturiers, les dhimmis, les esclaves sont en général désarmés. Bref, c'est du
racket institutionnalisé.
Les armes de jets, les pertes humaines et l'inflation des armées ont progressivement remplacé les nobles (
élites combattantes) par des roturiers dans les conflits menés par les Européens (ou les Turcs par des non Turcs en Orient), réarmant les "protégés" qui ont fini par pouvoir se débarrasser de ces castes monopolisant les armes.
Avec la suppression du service militaire, les Français se trouvent partiellement démobilisés et peuvent se trouver à la merci d'une oligarchie armée (je ne pense pas aux musulmans, plutôt aux élites économiques occidentales), même si policiers et militaires font peu partie des élites et plutôt du peuple (les politiques français sont en train de le constater actuellement et tentent de les amadouer...). Une armée de mercenaires ou une caste privilégiée pourraient aider une
élite non combattante à "protéger" (racketter) un peuple désarmé (comme dans les petites pétromonarchies du Golfe submergées par les étrangers et s'appuyant sur des mercenaires), mais ça peut se finir comme avec les pachas d’Égypte (d'anciens mercenaires albanais ont viré les Ottomans d’Égypte).
L'inconvénient d'un peuple en armes peut être le bellicisme, comme pour la France (la Commune de Paris a conduit les guerres révolutionnaires et voulait poursuivre la guerre contre la Prusse en 1871, on pense également au bellicisme revanchard de 1914).
On pourrait voir ainsi deux tendances concurrentes, un peuple armé souverain (identitaires européens et américains) contre des élites souhaitant désarmer le peuple (contre le port d'armes aux USA, "l'Europe, c'est la paix" en Europe) mais pouvant en profiter pour le dominer et le racketter à l'abri d'une caste armée ou de mercenaires.
Pour l'instant, ce qui attise le peuple peu ou prou désarmé est la passivité des élus à l'abri dans leurs beaux quartiers, créant une sorte de ressentiment qui me rappelle la mauvaise presse des "rois fainéants" inactifs face aux invasions lombardes, hongroises ou vikings.