Savinien a écrit:
Dites-moi donc où est le risque d'holocauste nucléaire aujourd'hui ?
Par définition le risque de conflagration nucléaire existe dès lors que plusieurs entités aux intérêts antagonistes détiennent des vecteurs à capacité nucléaire. Quand je dis "aux intérêts antagonistes", il ne faut pas se méprendre: c'est vérifiable pour toutes les nations ensembles et simultanément. Evidemment le risque croit à mesure qu'augmente les antagonismes. Autrement dit l'un est fonction de l'autre, ce qui n'a rien de révolutionnaire dans le concept vous me le concéderez. Et j'ajouterai qu'autant il serait tout à fait déplacé diplomatiquement de reconnaître, par exemple, que les Etats-unis au cours de la guerre froide eussent pu intégrer à leur planification stratégique relative à l'usage de leur armement nucléaire certain de leurs alliés comme cible potentielle (la France sous de Gaulle est d'ailleurs toute indiquée); autant concevoir que ce ne fût absolument jamais le cas relève selon moi d'une naïveté confondante.
Savinien a écrit:
Et j'admire votre paradoxe qui est d'affirmer in fine d'une part que ce risque existe toujours et d'autres part, que l'Iran a droit à sa bombe.
Et bien ce paradoxe n'en est pas un dans la mesure où il se trouve être le fondement même du principe de dissuasion ! C'est à dire de "non-emploi" des armements nucléaires. Mais cela a au moins le mérite de me confirmer vos déficiences en la matière.
Pour ce qui est du "droit" à l'Iran de posséder la bombe, je crois justement que le débat dépasse largement ces considérations (c'est cela que je m'échine à vouloir mettre en évidence depuis ma première intervention sur ce fil, mais vous ne cessez de polluer les débats). Cela pour la simple et bonne raison que le droit est bafoué systématiquement par les uns et les autres en fonction de l'évolution du rapport de force. Et donc - logiquement - du fait notamment des plus puissants, Etats-unis en tête. Je ne fais pas ici de morale, ce qui semblerait dérisoire, mais je pointe du doigt l'incohérence et en définitive la dangerosité d'un discours qui voudrait que soit strictement respecté le droit, les traités, les conventions ect... dès lors qu'il s'agit de puissances modestes; mais surtout, désignés nommément comme "axe du mal" par ceux la même qui les foulent au pied dés lors que cela sert leurs intérêts stratégiques. Au-delà d'une évidente hypocrisie, c'est une idéologisation de la géopolitique qu'il nous faut absolument combattre car elle met en péril des équilibres déjà fort précaires. La période bushiste devrait amplement suffire à le démontrer, et cela même au devant des consciences les plus timorées.
Savinien a écrit:
Il n'en demeure pas moins que les démocraties occidentales, USA compris, y vont bcp plus soft que les autres. Il est donc hors de question de les mettre sur un pied d'égalité. Un vol à l'étalage n'est pas un vol avec effraction.
Je ne suis absolument pas d'accord. Déjà factuellement, où voyez-vous que l'offensive sur Gaza et l'embargo, l'invasion puis l'occupation de l'Iraq furent "beaucoup plus soft" que la dernière guerre de Géorgie, ou même les répressions au Tibet ? C'est presque indécent de tenir ce genre de propos.
Mais bien plus encore, sur les principes: c'est essentiellement la famille occidentale qui enveloppe, sur la scène internationale, sa rhétorique par de hautes considérations morales tels que les droits de l'homme. Ce faisant elle s'engage moralement au contraire de tous ceux qui n'ont la prétention - plus certainement le réalisme - de s'imposer de telles chimères idéologiques. La confrontation du réel détruit par conséquent sa crédibilité et dévoile aux yeux de tous sa duplicité. Donc encore une fois: trêve d'idéologie !
Savinien a écrit:
Dites-moi qui elle menace alors ?
Elle menace quiconque voudrait s'attaquer à ses intérêts vitaux ou menacerait la souveraineté de son territoire. Et précisément, je vous faisais remarquer qu'en matière de dissuasion nucléaire, ce qui est valable pour Israël serait valable le cas échéant pour l'Iran. Sauf, et j'entends l'argument profondément stupide mais ô combien intéressé propagé par les officines, à vouloir démoniser l'adversaire et le considérer comme un acteur purement irrationnel. Ce à quoi l'Iran ne peut être réduit en l'état actuel des choses, c'est à dire en l'état d'une culture même rudimentaire...
Savinien a écrit:
L'Iran n'est absolument pas un régime calme : il a déjà donné dans la piraterie la plus éhontée, lance des discours très dangereux pour la paix etc. Quand un état parle d'en exterminer un autre et qu'il déclare vouloir la bombe ...
La encore, la comparaison ne vaut pas.
Evidemment que la comparaison ne vaut pas puisque vous adoptez une posture typiquement occidentalo-centrée. A part reprendre les marroniers et les épouvantails lancés par tous les canaux de la propagande de guerre, seriez-vous en mesure de nous dire la phrase exacte rapporté par Ahmadinejad qui a fait tant de bruit, afin de prendre conscience du degré de manipulation - et de diabolisation - qui a actuellement cours ?
Savinien a écrit:
Et pis, Depuis quand existe le régime des Ayatollah, quand l'intégrité territoriale de l'Iran a t-elle été menacée ? Pourtant je vous rappelle que l'Iran a bafoué toutes les règles internationales, ce qui donna lieu à l'irangate .. Et ils ne se sont pas pris de missiles US sur la gueule pour autant, ils ont même reçu des armes. Votre raisonement est donc bancal.
Au risque de me répéter inlassablement (mais je vous sais à présent récalcitrant
) vous négligez une fois encore le précédent irakien et la nouvelle donne qu'il institue de facto dans toutes les chancelleries, en particulier celles qui n'avaient les grâces de l'Oncle Sam. Il est vain de croire que cette guerre, hors du cadre des Nations Unies et sous des prétextes mensongers qui en d'autres temps auraient valu à ses responsables l'inculpation de haute trahison, n'ait eu de conséquences sur la psycho-sociologie des dirigeants iraniens qui, dès lors, ont estimé de leur point de vue qu'il eut été plus sage - et sans doute plus salvateur - de pousser dans la voie d'une confrontation politique avec les Etats-unis et son allié israélien. Pensez-donc, pourquoi diable vouloir négocier quoi que ce soit et faire montre de bonne volonté (inspection par l'AIEA des sites qui font polémique, contrition publique quant à l'état des programmes militaires...) quand on sait malgré tout le jeu pipé d'avance ?