Narduccio a écrit:
En quoi est-ce inquiétant ? Quels sont les intérêts stratégiques à vendre de la technologie aux Russes. Encore pire, en quoi est-ce intéressant de leur vendre le savoir-faire pour qu'eux mêmes deviennent les futurs concurrents de notre industrie ?
En quoi est-ce inquiétant ? M'enfin, dans la mesure évidemment où Sarkozy, de part ses prises de position intempestives et son comportement erratique voir carrément truqueur aux fins de recueillir l'approbation d'une opinion qui manifestement se détourne de lui, abaisse la fonction présidentielle conjointement au fait qu'il décrédibilise la parole du chef de l'Etat voyons !
Le problème étant qu'il ne la décrédibilise pas seulement vis à vis de l'opinion française, ce qui serait un moindre mal, mais aussi et surtout vis à vis des chancelleries étrangères auprès desquelles il va finir par passer pour un hurluberlu prêt à tout pour remonter de quelques points dans les sondages. Ce reproche lui avait d'ailleurs déjà était fait je crois du temps de G. Bush par rapport à un grossier mensonge concernant un certain appel diplomatique, et dont la presse anglo-saxonne s'était fait l'écho (Tonr pourra sans doute me démentir si je me trompe). La presse étrangère, et pas seulement people si je me fie à
Courrier International, ne manque pas non plus de l'épingler face à certaine de ses frasques et déclarations à l'emporte-pièce. Si il n'y a que moi que ça inquiète tant mieux après tout, mais je ne le crois pas.
Ensuite vos indignations sont clairement sélectives. Car lorsque vous dites que nous risquerions de former nos futurs concurrents, c'est exact dans une certaine mesure, mais surtout cela vaut pour de nombreux secteurs stratégiques dont nous ne nous privons pas pourtant d'exporter, et de transférer le cas échéant, les technologies correspondantes et cela à biens d'autres pays que la Russie. Je pense notamment à l'EPR pour la Chine, les sous-marins Scorpène à l'Inde dont
pas un seul des six de la série ne sera construit en France, ou encore les Rafales pour le Brésil dont une seule faible tranche
aurait dû être produite en France. Et on pourrait ainsi décliner à l'envie.
D'ailleurs d'un strict point de vue de l'ingénierie navale à vocation militaire (ou bien d'autres secteurs de l'armement), au vue des réalisations qu'elle pu concevoir puis produire par le passé, et qu'elle continue de concevoir et produire aujourd'hui, ne vous en déplaise, la Russie se trouve être logiquement, de tous ceux que j'ai cité, le concurrent potentiel où le risque de transfert est sans le moindre doute le plus faible tant qualitativement que quantitativement. Votre posture est donc incohérente puisque visiblement biaisée. Par quoi...
Et vous ne répondez pas non plus à une question pourtant essentielle: si notre intention n'était réellement pas de négocier la vente de ces matériels à la Russie, pourquoi donc avoir entamé des négociations en ce sens ? Pour le simple plaisir peut-être d'humilier ses dirigeants et nous les mettre à dos ? Vision pour le moins fantaisiste.
Méandre a développé une interprétation intéressante qui mérite d'être creusée. Et si ce contrat était aussi, en réalité, une main diplomatique tendue en vue de (re)nouer un partenariat privilégié entre nos deux pays ? Quelle occasion gâchée alors. A moins que vous ne considériez bien entendu qu'il n'y ait absolument pas lieu de l'entreprendre, et qu'il faille au contraire lui préférer l'épreuve de force avec notre puissant voisin continental ? Quand dans le même temps les allemands n'ont nullement de scrupules à développer des liens commerciaux et politiques très importants et étroits. Quelle belle vision stratégique, en effet, nous aurions là !
Mais je ne doute pas que vous allez maintenant nous détailler la votre.