Le salon géopolitique de Passion-Histoire

Maintenant que nous nous orientons vers la paix...on peut tracer un premier bilan de cette guerre avec des gagnants et des perdants.

Les gagnants seraient à mon sens
- les États-Unis qui ont démontre leur capacité à imposer leurs choix - paix ou guerre- et à soutenir leurs alliés (voire à les laisser tomber)
- la Chine qui en soutenant la Russie s'est acquise un allié voire un dépendant
- l'Inde qui a prouve sa capacité à rester neutre (comme le Brésil et l'Afrique du Sud )
- l'Ukraine qui a malgré tout conservé son indépendance et 80% de son territoire.

Les perdants seraient selon moi
-' les Européens qui ont affiché une totale dépendance à l'égard des États-Unis
- la Russie qui malgré un petit gain territorial a affiché une capacité militaire limitée , est devenue dépendante des Chinois et a perdu la confiance des Occidentaux...
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Nous nous orientons effectivement vers une paix possible au printemps prochain - pas auparavant -, mais dans un contexte d'accroissement des engagements comme jamais à cette période de l'année (nous n'avons pourtant toujours pas atteint le stade d'une guerre à outrance ou totale au regard des effectifs engagés et des moyens mis en oeuvre, d'un côté comme de l'autre).
En effet, chaque belligérant cherche à arriver à la table des négociations avec un avantage sur l'autre.
Pour l'instant c'est Moscou qui tient la manche et il n'est pas impossible que les Russes cherchent à faire craquer les lignes du front tenues pas le régime de Kiev avant que les négociations ne débutent. Difficile de savoir s'ils y parviendront, mais il y a de larges signes de faiblesse du côté de l'armée ukrainienne.

Cela dit, il me semble trop tôt encore pour dresser un bilan de cette guerre, les négociations n'ayant même pas commencé.

Cependant, si d'aventure la situation demeurait en l'état, les "gagnants" seraient bien évidemment les Russes, qui auront récupéré le Donbass et obtenu que Kiev n'entre pas dans l'OTAN - de toute manière si ces deux éléments ne font pas partie de l'accord, Moscou poursuivra les combats - et plus largement les BRIC'S, qui sont entrés dans cette affaire dans une dynamique bien plus importante que les occidentaux, véritables perdants du conflit, les pays d'Europe occidentale jusqu'au-boutistes patentés, mais incapables de mettre en pratique une politique qui n'était pas la leur, en tête (l'affaiblissement politique de ces pays sera conséquent) et dans une moindre mesure Washington, qui ne sera pas parvenu à étendre son imperium jusqu'à Kiev.
La Chine n'a pas gagné un vassal dans cette histoire, c'est une lubie occidentale que de percevoir les choses ainsi. Ces deux puissances ont trop besoin l'une de l'autre, fortes, pour ne pas entrer dans des relations de domination : il ne faut pas confondre la manière d'exercer son hégémonie à travers le monde comme Londres ou Washington ont pu le faire dans l'Histoire et la manière de penser des asiatiques afin de la construire, petit à petit. Pour le moment Pékin a besoin de tout le monde, la Chine n'est pas assez forte pour mener sa barque encore toute seule. Elle dépend trop du marché occidental, des hydrocarbures russes et d'alliés en dehors de la sphère asiatique pour ressortir grande gagnante de ce conflit.
Les Etats-Unis cesseront de s'étendre à l'Est de l'Europe, c'est tout ce qui peut satisfaire la Chine.
Les vrais perdants seront bien entendu les vassaux de Washington, des plus insignifiants comme les ukrainiens - il est fort probable que Zelensky et sa clique pro-occidentale seront balayés après l'accord de paix et remplacés par un pouvoir pro-russe (ce sera l'éternelle histoire du peuple ukrainien : incapable de se gouverner par et pour lui-même, toujours à chercher des protecteurs étrangers...) - au plus puissants (encore que...) comme Londres et Paris. Ces deux là risquent de tomber si bas dans les relations internationales, que leur parole risque fort de ne plus avoir grand crédit. Les pays tiers iront directement dialoguer avec Washington, sans se soucier de ce que ses vassaux européens ont à dire...

Je ne sais pas pas qui sera gagnant, mais je connais déjà le perdant qui est l'UE. Tant que celle-ci n'au ra pas une politique indépendante, elle n'existera pas, et elle est bien partie pour sortir de l'histoire.

On pourrait ajouter tant qu'elle reste ce gigantesque marché de consommateurs qu'elle est, elle intéressera (un peu au moins) les autres (vraies) puissances.
Mais même ça ce n'est plus aussi certain... c'est elle qui s'est tirée une balle dans le pied - on pourrait ajouter toute seule, niaise comme elle est - dans le guêpier ukrainien.

S'il n'y avait que ça, nous sommes en train de perdre notre base industrielle à force d'injonction vertes dont le reste du monde se fout complètement. Nous voulons une énergie vere, ce qui est peut être louable sans laisser aux industries le temps de s'adapter et d'innover. On ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments.

Le phénomène est plus ancien et date de la fin des années 1990 (1980 pour les industries traditionnelles) et des stupidités d'un Tchuruk, entre autres, avaient fait le plus gros boulot : nos élites ont été hypnotisées par une société sans usines, tertiarisée à l'infini et sans raison, comme chez les anglo-saxons, bien plus précoces en la matière. Les consommateurs ont suivi, on a vu où cela nous a mené.
Depuis plus de 20 ans nous consommons avec des richesses produites ailleurs, dans très peu de temps ce deal ne tiendra plus.
L'injonction verte est un élément de langage venu plus tardivement, histoire de nous donner bonne conscience car nous émettons moins de GES qu'ailleurs et enveloppant un phénomène plus ancien, celui du redéploiement du tissu industriel ou de la division international du travail. Normal, les usines des derniers groupes industriels encore français - il n'y en a plus beaucoup - sont disséminées dans le monde entier et polluent massivement les pays en développement, dont les populations travaillent pour eux, au nom du "progrès".
Bref, entre schizophrénie et nihilisme, on ne sait trop quoi penser de cette "stratégie" mortifère venant de nos élites.
Il y a quelques siècles ces gens là auraient volé, mais aujourd'hui avec les écrans et les frigos de la société de consommation les populations ne pensent plus à se révolter.
Jour funeste sera celui qui verra ces écrans coupés ou ces frigos vidés, cela fera mal, plus mal qu'en 1789 ou en 1917...