Le salon géopolitique de Passion-Histoire

J'ai vu aujourd'hui un reportage sur Arte diffusé hier.
C'est la dame de "les dessous des cartes" qui a introduit le sujet ou le thème.
Pour moi ça donne une vision de ce qui est derrière la façade de la politique internationale.
Ici l'histoire des "Frères musulmans" et le soutien de Qatar pour cette branche radicale, qui voulait prendre pied sur tous les continents et spécialement en Europe avec un siège à Londres. Même un président Sarcozy a laisser se séduire (rouler?) par les apparences.
Le documentaire souligne le financement et l'influence doctrinaire du Qatar et par ça venu en conflit avec l'Arabie Saudite, pourtant dans mon opinion aussi wahabite. Ou est-ce que l'hégémonie politique sur le monde arabe est plus important, que l'Islam même?
Le Qatar semble même avoir interferé dans la guerre de Syrie, à coté d' Al Qaîda. Peut-être que les "White Helmets", n'étaient pas si neutrales comme mon compatriotte belge Carlo??? et moi ont dit lors de la discussion des attaques chimiques?
Le documentaire à voir je pense pendant quelque temps...
https://www.arte.tv/fr/videos/080544-00 ... -d-europe/

Qu'est-ce que c'est la réaction et les commentaires des honorables intervenants sur ce reportage?

Cordialement, Paul.

Nous avons pour alliés et clients des gens qui sont nos ennemis mortels sur le plan de la religion.

Pierma, je vous remercie pour votre réponse immédiate.

Cordialement, Paul.

Bonjour Paul,

Je ne comprends pas votre dernière question.
Le "monde arabe" est un concept erroné. Il n'a aucun fondement ethnique, culturel, politique, religieux, à peine une base linguistique, historique et géographique. Il y a eu un projet politique similaire à celui de l'Union européenne pour unifier, sous égide pro-soviétique, des États et des populations soi-disant arabes. D'autres populations soi-disant arabes pourraient s'associer derrière un projet néo-ottoman sous souveraineté turque (par exemple, les dirigeants des pays musulmans à drapeaux à étoile pleine à cinq branches ou le parti des Frères musulmans et associés).

Il y a des familles ou clans, des lignages ou généalogies, qui luttent entre eux pour dominer les autres. Certaines factions peuvent même émerger entre cousins ou demi-frères et demi-sœurs.

Il y des peuples qui, comme avec l'Empire romain, ont été envahis, se sont soumis plus ou moins pacifiquement et ont adopté un fond linguistique arabophone propre à chaque région, tout en conservant souvent d'autres langues vernaculaires à côté. Parmi les soi-disant Arabes se trouvent des Araméens, des Levantins, des Égyptiens, des Libyens de l'est et du sud, et de nombreuses tribus berbères, qui peuvent s'ignorer ou revendiquer leurs identités.

Les seuls Arabes historiques sont les populations de Jordanie, d'Irak et de la péninsule arabique, plus les soi-disant descendants des envahisseurs arabes résidant en Syrie (l'actuelle rébellion arabe sunnite) et en Afrique du Nord (ceux qui s'étaient établis en Afrique orientale ont été éliminés lors des indépendances).

L'islam, comme toute religion, n'est qu'un outil politique. Généralement, les soi-disant Arabes qui se revendiquent du sunnisme descendent des premières tribus arabes sunnites, ou se sont soumis à leur protectorat ou à celui des Turcs, notamment ottomans. Les soi-disant Arabes non sunnites (chiites, alaouites, chrétiens, juifs...) descendent des Arabes mésopotamiens partagés entre les influences romaines et perses, ou bien de lignages non arabes et soumis par la force (Araméens, Levantins, Berbères...), et s'ils ne sont pas sunnites, c'est précisément pour contrer l'influence politique des sunnites ; c'est un rejet du sunnisme et des factions sunnites dominantes.

La quasi-totalité des populations, gouvernements et mouvements musulmans de la région sont d'extrême droite. Ils se combattent les uns les autres pour dominer la région.

(En somme, ce que Marx et ses suivants avaient prédit pour le "capitalisme", qui s'autodétruirait de manière prédictible, l'extrême droite l'effectue. Actuellement, le Qatar finance les Frères musulmans, qui trahissent les "Arabes" pour manger dans l'écuelle d'Erdogan, qui soutient aussi Daech ; al-Qaïda engendra Daech, qui l'a détruite et qui prend maintenant les talibans à la gorge ; le Hamas avait trahi l'internationale chiite pour les Frères musulmans avant de les abandonner au premier revers de fortune en Égypte ; l'Arabie saoudite et les pétromonarchies, hors Qatar, se liguent contre le Qatar, les Frères musulmans, les Yéménites et l'internationale chiite ; le Fatah n'en peut mais et combat le Hamas ; la Russie soutient l'internationale chiite et pigeonne de temps en temps Erdogan entre deux accrochages armés ; Erdogan s'est réconcilié avec Israël sans qui la Turquie est ridicule ; les rois de Jordanie et du Maroc sont tous seuls et poursuivent de manière cohérente leur politique pro-occidentale ; Algérie et Libye sont des États survivant miraculeusement à l'inimitié entre les nations qui les composent ; le Maroc occupe toujours le Rif et le Sahara occidental...)

À la fin, toutes ces nations se sépareront pour vivre chacune dans son État, avec quelques fédérations, confédérations et unions douanières pour les plus intelligentes.

Geopolis,

je vous remerchie pour votre réponse cohérente et je m'incline (?) pour votre plus grande connaissance du sujet (I bow for your greater knowledge).
Enfin je dois m'enseigner avec les quelques documentaires que je vois de temps en temps et je n'ai pas (même à mon âge (76)) le temps nécessaire pour étudier le sujet au fond. Et je m'excuse pour interferer avec si peu de bagage concernant le sujet.

Cordialement, Paul.

Bonsoir,

Le Qatar et l'Arabie Saoudite sont les deux seuls États wahhabites mais la différence entre les deux est cependant suffisamment marquée. Le Qatar n'a pas connu l'étroite collusion entre pouvoir politique et religieux que connait l'AS où cohabite deux dynasties, celle des Saoud et celle des cheikh Al ach, descendant de Mohammed ben Abdelwahhab, théologien hanbalite fondateur du wahhabisme. Par contraste, le Qatar a toujours été un État plus sécularisé, moins marqué en tout cas par le conservatisme religieux que son voisin.

Les monarchies du Golfe ont pour la plupart voulu jouer, avec les fonds laissés à disposition par la rente pétrolière, la carte de l'influence politique et religieuse. Et là encore le Qatar s'est montré plus audacieux que l'AS, appuyant des groupes plus modernes et militants comme les Frères Musulmans ou des groupes salafistes.

La guerre en Syrie comme l'intervention au Yémen ont peu à peu fissuré l'apparente unité des États sunnites du Golfe. Ce qui ne semblait une vague divergence d'action, s'est transformé en positions inconciliables. L'AS est le maillon faible et elle le sait bien. Coincée entre son conservatisme et une population de plus en plus nombreuse, elle comprends que prêcher la révolution à l’Étranger peut se révéler une arme à double tranchant. Le Qatar au contraire se conforte malgré les revers en Syrie sur une ligne maximaliste d'autant qu'il peut compter sur le soutien politique de la Turquie et qu'elle a toujours bien traité ses élites chiites, s'offrant des ponts avec Téhéran.