En fait, on entends souvent l'antienne suivante : "En France, le travail coûte trop cher car il y a trop de charges et d'impôts...". Je vis dans un quartier où 70% des actifs travaillent en Suisse comme travailleurs frontalier. J'ignore si l'un de mes voisins est un smicard suisse, mais si c'était le cas, il gagne en net horaire une somme supérieure au brut horaire d'un smicard français. C'est aussi le cas à travail égal à tous les niveaux de rémunération... Une bonne partie des ingénieurs des écoles de chimie de Mulhouse se retrouvent à travailler à Bâle, car le salaire est nettement plus élevé... Surtout que les Suisses ne reconnaissent pas tous les diplômes et qu'ils les payent moins cher qu'un ingénieur suisse.
Bref, si le coût horaire brut est trop élevé en France, comment expliquer ce qui se passe en Suisse ?
Mieux, si on regarde le PIB par régions en France, les régions qui ont le PIB le plus élevé, sont aussi les régions où les salaires sont les plus élevés. Si je ne tiens compte que de la causalité, si on veut enrichir le pays, il faut augmenter les salaires ! Si je réfléchis, je constate que c'est plus compliqué.
En fait, la France "produit" trop peu d'ingénieurs pour son industrie. C'est l'un des constats. Mais, les raisons sont multiples. Premièrement, de nombreux jeunes sont orientés vers des filières plus rentables, commerciaux, "traders", sociologues… Deuxièmement, la France forme des ingénieurs et des scientifiques réputés, donc ils sont débauchés par divers autres pays : USA, Canada, Suisse, Pays du Golfe,... où ils trouvent des salaires plus conséquents. Accessoirement, des études ont montré que les français dits de la première génération ont une tendance très forte à s'expatrier, surtout après l'obtention d'un bon diplôme. C'est dû qu fait qu'ils galèrent à trouver un emploi en France, à cause de leurs patronymes, mais qu'ils vont le trouver plus facilement ailleurs, grâce à la réputation de nos grandes écoles, même si cette réputation diminue au fil des années.
En Alsace, on a vu des entreprises allemandes s'implanter dans nos zones industrielles. Elles sont à la recherche de personnel de qualité et elles font face au déclin de la population allemande. D'autres entreprises allemandes se sont implantées à la frontière, coté allemand, celles-là cherchent des employés à bas coût et elles profitent du SMIC allemands qui est plus bas.
Pour la Suisse, il y a le cas de l'aéroport de Bâle-Mulhouse. C'est un aéroport situé en France, mais qui a un statut particulier, il y a une zone industrielle suisse et française. Les entreprises installées autour du tarmac, ont donc le choix d'être soit sous droit français (dans la zone française, soit sous droit suisse). Malgré les coûts plus élevé du salaire suisse, elles sont majoritairement du coté suisse.
Alors, la situation française doit être améliorée, mais il faut éviter les posture "YAKA", la situation est plus complexe. Une partie du problème réside dans notre mélange de centralisation/décentralisation, avec des éléments décentralisés qui ont tendance à trop dépenser en demandant à ce que l'éléments central les finance. Il y a aussi notre niveau élevé de redistribution, il faudrait trouver un juste équilibre.
Voici un lien qui parle de l'éxemple Suisse, pays décentralisé, mais où la régulation du déficit se fait à tous les niveaux, fédéral/cantonal/local :
UNE SUISSE EXEMPLAIRE : FREINS à l’endettement et PERFORMANCE