Difficile de ne pas réécrire exactement ce que Jean-Marc a déjà écrit, tant c'est exact...
Juste une petite nuance là-dessus :
Jean-Marc Labat a écrit:
Maintenant, on peut dire que les EU ont joué comme si la Russie était toujours l'ennemie, ce qui n'était pas forcément le cas.
Effectivement, les EU ont joué cette partition tentant tout de même d'intégrer la Russie à un partenariat avec l'OTAN (Acte de 1997) afin d'illustrer à Moscou sa bonne volonté, la fin de relations conflictuelles. Les Russes de leur côté espéraient qu'en acceptant la main tendue des EU - qui n'était pas désintéressée - ils arriveraient à stopper l'expansion de l'OTAN en Europe centrale et orientale. Visiblement Eltsine avait demandé cette garantie à Clinton dès 1997. Ce à quoi ce dernier avait répondu qu'un simple membre de l'OTAN ne pouvait imposer cela à ses partenaires (

) : ou comment prendre son interlocuteur pour un imbécile...
Tout en proposant ces partenariats, les EU avançaient leurs pions dans les anciennes républiques socialistes soviétiques, sachant très bien que cela risquait d'entrainer une réaction hostile de Moscou.
Et puis, à Moscou, comme à Washington il y a avait des groupes de "faucons" et de "colombes", les premiers, de chaque côté, disposaient de réflexes hérités d'une longue période de relations conflictuelles - et pas seulement depuis la période révolutionnaire de 1917, mais déjà de la fin du XIXème siècle -, les seconds tentaient de créer des rapports nouveaux. Nous savons qui l'a emporté au final.
Cela dit, c'est bien Washington qui avait les cartes en main dans les années 1990, face à une Russie totalement exsangue, qui ne représentait plus aucune menace pour personne, si ce n'est pour elle-même. Les vieilles partitions ont continué à être jouées là-bas et les revanches que voulaient prendre certains ont été prises. Il était illusoire que les Russes acceptent d'avaler autant de couleuvres pendant plus de vingt ans, d'autant plus que les Américains sont venus les chercher à leurs frontières, ce qui ne pouvait être accepté du point de vue Russe.
De ce point de vue Poutine peut passer pour une "colombe", jusqu'à la fin des années 2000. En effet, il propose sans arrêt - Pierma a rappelé certains points suite aux attentats de 2001 - son aide et son soutien aux EU. Ces derniers lui répondent par le "printemps orange" et d'autres incursions et déstabilisations de pays alliés à la Russie, pour les détacher de cette alliance.
Ce que nous présentons faussement comme des "coups de force" de Poutine (Géorgie, Moldavie, Ukraine, entre autres) ne sont en réalité que des conséquences/réactions au travail de sape opéré par Washington auprès de l'"étranger proche".
Les Etats-Unis n'avaient pas accepté à l'époque que Cuba s'allie à l'URSS, considérant cet archipel comme son pré carré - pourtant situé à 2660 kilomètres de ses côtes les plus proches -, cela n'a choqué à l'époque aucun "occidental", mais que Moscou réagisse à la vassalisation de son voisin - à quelques centaines de kilomètres seulement -, là, étrangement, ce n'est pas compréhensible et c'est assimilé à de "l'impérialisme".
Un peu d'équilibre devrait être ajouté à des analyses, qui sont actuellement véhiculées dans les médias occidentaux, tellement partisanes qu'elles ne peuvent même plus être considérées comme telles.