Le salon géopolitique de Passion-Histoire

1 - constat :
a - le maire jouit en france d'une grande popularite : c'est l'elu le plus proche, celui auquel on fait le plus confiance.
b - elu au suffrage universel depuis le debut de la 3 republique, il est tres ancre dans la tradition nationale et locale -
c - depuis le decentralisation de 1982 il jouit d'une liberte d'action quasi-totale en raison de la faiblesse des tutelles etatiques sous la seule reserve de la fragilite financiere des communes et de l'influence politique que certains grands elus (parlementaires par ex) veulent exercer.

2 - j'ai l'impression que la belle epoque des maires ouvertes en 1982 s'acheve avec
a - le retour de l'etat (reforme des collectivites)
b - la baisse des ressources financieres
c - la judiciarisation de leurs actes avec des parquets de plus en plus mefiants et des associations qui judiciarisent tout debat local
d - la montee en force des intercommunalites
e - la montee des revendications des habitants et meme des conseillers municipaux quicontestent le ledership du maire.

Ma soeur habite une commune de vingt habitants. Il y a un maire et sept conseillers municipaux.

Comment peut on laisser subsister de pareilles aberrations ? 36.000 maires en France, accrochés à leur pouvoir comme une bernique à son rocher. Combien de commune effectivement viables ? 6000, peut être ?

La réaction féroce des élus criant comme des gorets qu'on égorge à la moindre réformette essayant de mettre de l'ordre dans cette pétaudière est symptomatique d'un profond dévoiement de la démocratie.

Evidemment Jean-Marc, vous êtes parti pris, c'est normal que vous ne voyez qu'un seul côté de la lorgnette. De l'autre on pourrait arguer que notre système communal est l'héritage de la Révolution et de la République (toute chose par ailleurs qu'il semble que vous ne portez dans votre coeur, ceci expliquant peut-être cela), et s'enorgueillir du fait que cela instaure une véritable démocratie à cette échelle, avec somme toute des conseils municipaux démocratiquement élus, et des syndicats intercommunaux librement constitués (cela devrait pourtant vous satisfaire... non ?).

Dans ces conditions on comprend tout à fait que les idéologues de la technostructure bruxelloise, et leurs affidés, veuillent marquer leur volonté d'éradiquer ce particularisme grossier. Processus qui s'intègre dans une stratégie criminelle, puisqu'insensée, d'uniformisation culturelle et d'atomisation au long cours de la vie publique et citoyenne (pensez donc: le pouvoir du peuple pour le peuple par le peuple, quelle extravagance !). Néanmoins, faut-il rappeler que les 36 000 communes françaises sont étroitement liées à l’unité et l’indivisibilité de la République laïque, reposant elle-même sur l’égalité des droits des citoyens dans l’ensemble du territoire ? Au lieu de nous flageller continûment, cela devrait plutôt nous emplir de fierté. Ne leur en déplaise.

Et vous, vous n'êtes jamais de parti-pris ? Là, c'est vraiment l'hôpital qui se moque de l'infirmerie.

Hô rassurez-vous Narduccio je le suis tout autant, surtout quand cela permet d'animer le débat démocratique. Et n'est-ce pas son objet ?

Mmoui, il faut plutôt remonter à la création des paroisses pour avoir le terroir des communes, qui ont été créées au début de la Révolution, donc techniquement sous la monarchie. Mais je ne fais pas de fixation ni sur la Révolution, ni sur la République. Je peux vivre sous une monarchie constitutionnelle sans que ça me donne de l'urticaire. Et puis je vous rappeler que la Révolution date de 220 ans, que le monde à changé, que les moyens de transports et de communication sont sans aucun rapport avec ceux de la fin du XIXème. Mais il semble que vous soyez bloqué à une certaine période.







Je ne vois pas en quoi 6000 ou 7000 communes, indépendantes financièrement changeraient quoi que ce soit à l'unité et à l'indivisibilité de votre jacobine République. Finalement, à vous lire, je vais finir par croire que je suis un progressiste
Et de plus, je ne vois pas ce que vient faire l'Europe dans tout ce fatras. L'Europe n'impose pas un regroupement des communes, c'est une simple mesure de bon sens dont les politiques sont conscients depuis fort longtemps, et qu'ils ont tourné par le biais de l'intercommunalité, rajoutant une strate administrative (non élue) dans un pays qui croule sous celles-ci.

Simplifier pour mieux administrer, est si compliqué à comprendre ?

Vos propos semblent suggérer que vous êtes contre la décentralisation cher à Raffarin, puisque vous voulez "regrouper". Il est vrai qu'elle fut un grand succès avec la création notamment d'un nombre invraisemblable de doublons de toute sorte, et l'explosion des dépenses tant locales que régionales sans que l'on constate dans le même temps (c'est le moins que l'on puisse dire) une franche réduction du train de vie de l'Etat ! Mais votre position me va tout à fait (position qui, soit dit en passant, n'est pas ce que l'on pourrait qualifier d'anti-jacobine primaire...)

Je n'ai rien contre la décentralisation, bien au contraire, mais il faut bien reconnaître que celle ci a été faite dépit du bon sens, avec une multiplication de machins obscurs, mais hautement budgétivores qui font qu'une chatte n'y retrouve pas ses petits.

Il conviendrait de se rappeler Boileau : ce qui se conçoit bien s'énonce clairement plutôt que pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.

je voudrais compléter les analyses qui précèdent sur quelques points.

En premier lieu, la mobilité géographique bouleverse la vie rurale partout en France : le village n'existe plus avec la même fixité que jadis - pas plus que le quartier d'une ville. On naît ici, on grandit là , on va en classe ou à la fac encore ailleurs et finalement on ne sait pas très bien où on habitera - mais un couple de 30 ans aujourd'hui travaille rarement dans une commune rurale même s'il peut y habiter !

Dès lors l'échelle intercommunale est relativement légitime même si on abandonne de vieux schémas confortables (les communes étant bien les héritières des paroisses d'ancien régime comme le dit M Labat). La commune (comme l'Etat !) sont donc antérieures à 1789 ...

En second lieu, la demande de services publics dans les villages ne cesse de croître avec les jeunes générations pour atteindre le niveau des villes : tout cela coûte cher et seule l'intercmmunalité réponde à ce besoin financier.

Conclusion : comme le dit Marc 30, les maires ont sans doute conu un âge d'or (un peu artificiel) entre 1982 et le début de ce siècle - des administrés peu exigeants, des conseils disciplinés, des ressources financières qui augmentaient chaque année, des préfets qui avaient renoncé à leurs fonctions ...Maintenant on revient à la réalité : transformation rurale (fin de l'agriculture par exemple) et modernisation des psychologies ...

La question d'avenir porte sur la répartition du pouvoir local entre les présidents d'intercommunalité, les futurs conseillers territoriaux et les députés (toujours élus par circonscrition et donc très ancrés dans la réalité locale !).

Le pouvoir sur-dimensionné des maires a été une catastrophe pour l'urbanisme en France, mais bon, c'est la démocratie, parait-il ...
Quant au nombre de communes en France, sans vouloir tomber dans le débat sur le jacobinisme, un MINIMUM de bon sens permet de comprendre qu'une commune de 15 habitants, c'est du grand n'importe quoi. Et comme dit précédemment, pour répondre EFFICACEMENT aux attentes des citoyens, l'intercommunalité (la VRAIE, pas la strate administrative assez floue qu'on a actuellement) est une excellente solution et est, dans le cadre rural, la seule viable économiquement.